Alcool

L’alcool est ancré dans la culture française. Sa consommation reste une source importante de mortalité et de morbidité en France.  

Mis à jour le 7 février 2024

Alcool : données

Des chiffres préoccupants

La consommation d’alcool a beaucoup diminué en France puisqu’elle est passée de 26,0 litres d’alcool pur en moyenne annuelle par habitant âgé de 15 ans et plus en 1961 à 10,8 litres en 2022. Néanmoins, cette tendance à la baisse n’est plus observée ces dernières années et la consommation de boissons alcoolisées demeure profondément ancrée dans les pratiques culturelles françaises. Pourtant, l’alcool reste une source importante de mortalité et de morbidité en France.

L’alcool est une des 3 premières causes de mortalité évitable

En 2015, 41 000 décès sont estimés être attribuables à l’alcool dont : 

  • 30 000 décès chez les hommes,
  • 11 000 décès chez les femmes.  

Ceci inclut 16 000 décès par cancers, 9 900 décès par maladies cardiovasculaires, 6 800 par maladies digestives, 5 400 pour une cause externe (accident ou suicide) et plus de 3 000 pour une autre maladie (maladies mentales, troubles du comportement, etc.). 

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Entre 2006 et 2013, 3 207 nouveau-nés ont, lors de leur séjour hospitalier, eu un diagnostic pour troubles causés par l’alcoolisation fœtale (TCAF) durant la période néonatale, soit 0,48 cas pour 1 000 naissances, incluant 0,07 cas de syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) pour 1 000 naissances.

Au niveau régional, la proportion d’enfants diagnostiqués pour TCAF était plus importante à La Réunion (1,22‰), en Haute‑Normandie (1,02‰), en Champagne‑Ardenne (0,90‰), et dans le Nord‑Pas‑de‑Calais (0,90‰).

On observait, entre les périodes 2006‑2009 et 2010‑2013, une diminution significative du nombre d’enfants diagnostiqués pour un SAF mais une augmentation du nombre des autres troubles liés à une alcoolisation fœtale (aTCAF).

Ces résultats sous‑estiment probablement l’importance des TCAF, notamment du fait de la difficulté de repérer les enfants présentant de tels troubles. 

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Évolution de la consommation d’alcool des adultes

En France hexagonale en 2021, 94,9% des adultes déclarent avoir déjà consommé de l’alcool dans leur vie, proportion relativement stable au moins depuis le début des années 1990. Depuis plusieurs décennies, les consommations hebdomadaires et quotidiennes diminuent : 

  • la part de consommateurs hebdomadaires était de 62,6% en 2000 et atteint 39,0% en 2021 ; 
  • la proportion d’adultes consommant de l’alcool tous les jours était 23,9% en 1992 contre 8,0% en 2021.

sur la période récente, entre 2017 et 2021 :

  • la proportion d’adultes consommant chaque semaine (39,0% en 2021) est stable parmi l’ensemble des adultes mais en baisse parmi les hommes (de 52,7% en 2017 à 50,5% en 2021) et stable parmi les femmes (28,1% en 2021) ;
  • la proportion de buveurs quotidiens est en baisse significative entre 2017 (10,0%) et 2021 (8,0%). Cette baisse s’observe aussi bien parmi les hommes (15,2% en 2017 et 12,6% en 2021) que parmi les femmes (5,1% en 2017 et 3,8% en 2021). 

Les indicateurs de fréquence des alcoolisations ponctuelles importantes (API, soit 6 verres ou plus en une occasion) n’ont pas évolué significativement entre 2017 et 2021 parmi l’ensemble des adultes et parmi les hommes. En revanche, la part de femmes déclarant avoir eu une API au moins une fois dans l’année et la part de celle déclarant au moins une API par mois sont en hausse. A l’inverse, on observe une diminution de la fréquence des API parmi les jeunes hommes. Les API restent néanmoins nettement plus fréquentes parmi les hommes : en 2021, 24,9% des hommes déclarent avoir au moins une API par mois contre 8,6% des femmes.

Quel que soit le mode de consommation d'alcool, elle demeure globalement plus élevée chez les hommes que chez les femmes.

Evolution des indicateurs de consommation d'alcool entre 1992 et 2021 en France hexagonale parmi les 18-75 ans
Evolution des indicateurs de consommation d'alcool entre 1992 et 2021 en France hexagonale parmi les 18-75 ans
Source : Baromètre de Santé publique France 2021
Evolution des indicateurs de consommation d'alcool entre 1992 et 2021 en France hexagonale parmi les hommes de 18-75 ans
Evolution des indicateurs de consommation d'alcool entre 1992 et 2021 en France hexagonale parmi les hommes de 18-75 ans
Source : Baromètre de Santé publique France 2021
Evolution des indicateurs de consommation d'alcool entre 1992 et 2021 en France hexagonale parmi les femmes de 18-75 ans
Evolution des indicateurs de consommation d'alcool entre 1992 et 2021 en France hexagonale parmi les femmes de 18-75 ans
Source : Baromètre de Santé publique France 2021

Des comportements très différents selon l’âge 

Comme cela s’observait déjà en 2017, la consommation moyenne d’alcool (fréquence et quantité bue) diffère fortement selon l’âge.

Ainsi, les plus jeunes consomment moins souvent, mais ingèrent des volumes de boissons alcooliques plus importants que leurs aînés qui, pour leur part, consomment plus souvent : les 18-24 ans consomment ainsi en moyenne 3,2 verres par jour et ont 64,3 jours de consommation par an, tandis que les 65-75 ans consomment 1,6 verres, 123,7 jours par an. Rapporté à l’ensemble des 18-75 ans (en incluant ainsi les abstinents), en 2021, chaque adulte a consommé en moyenne 0,6 verres d’alcool par jour.

Parmi les 18-24, la part de personnes déclarant au moins une API par mois était de 33,1% parmi les hommes et 20,3% parmi les femmes. Parmi les 65-75 ans, ces proportions étaient respectivement de 14,7% et 3,9%. A l’inverse, 28,4% des hommes de 65-75 ans déclaraient boire tous les jours (9,1% des femmes) contre 3,3% des hommes de 18-24 ans (1,8% des femmes).

Distribution des moyennes du nombre de verres d’alcool consommés et du nombre de jours de consommation d’alcool selon l’âge, parmi les 18-75 ans ayant consommé de l’alcool au cours des 12 derniers mois en France hexagonale, 2021
Distribution des moyennes du nombre de verres d’alcool consommés et du nombre de jours de consommation d’alcool selon l’âge, parmi les 18-75 ans ayant consommé de l’alcool au cours des 12 derniers mois en France hexagonale, 2021
Source : Baromètre de Santé publique France 2021
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Consommation d’alcool parmi les adolescents

L’alcool est le produit psychoactif le plus expérimenté et consommé par les adolescents d’après les enquêtes Enclass et Escapad menées par l’Observatoire français des drogues et des conduites addictives (OFDT) parmi les adolescents. La consommation d’alcool est plus élevée chez les garçons que chez les filles. Depuis plusieurs années, on observe un recul de l’âge de l’expérimentation et une tendance à la baisse des différents usages d’alcool. 

Disparités régionales

En 2021, la consommation quotidienne d’alcool était plus fréquente en Nouvelle-Aquitaine (notamment parmi les femmes) et en Occitanie. À l’inverse, elle était plus rare en Île-de-France et dans les DROM. Déclarer au moins une API par mois était moins fréquent en Île-de-France, dans les Hauts-de-France et en Guadeloupe, et plus fréquent en Bretagne et en Pays de la Loire.

Dépassement des repères de consommation à moindre risque

En 2017, un groupe d’experts mandaté par Santé publique France et l’Institut national du cancer (INCa) a émis un avis présentant des repères de consommation d’alcool visant à en limiter les risques pour la santé. Ces repères ont été établis sur la base de l’analyse de la littérature scientifique, de modélisations du risque de mortalité vie-entière attribuable à l’alcool pour la population française, et d’une étude qualitative ad hoc. Ils sont énoncés de la façon suivante : « Si vous consommez de l’alcool, il est recommandé pour limiter les risques pour votre santé au cours de votre vie : de ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour ; d’avoir des jours dans la semaine sans consommation. » 

En 2021, la proportion d’adultes âgés de 18 à 75 ans déclarant avoir consommé de l’alcool au cours des sept derniers jours était de 54,1%, proportion stable par rapport à 2020. La proportion d’adultes déclarant une consommation au-delà des repères de consommation à moindre risque au cours de la dernière semaine était de 22,0% (30,6% parmi les hommes et 13,8% parmi les femmes).

Entre 2020 et 2021, en France hexagonale, la proportion d’adultes déclarant une consommation d’alcool se situant au-dessus des repères de consommation à moindre risque a significativement diminué (de 23,7% à 22,0%). Cette baisse s’observe principalement parmi les hommes, les plus jeunes, les plus âgés et les personnes aux revenus les plus élevés.

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La consommation d’alcool pendant la grossesse est minoritaire, mais n’est pas rare

Il est difficile de mesurer la consommation d’alcool parmi les femmes enceintes en raison d’une forte sous-déclaration liée au biais de désirabilité sociale. 

Les données du Baromètre de Santé publique France montrent qu’en 2017, parmi les mères d’enfants de cinq ans ou moins, 11,7 % (IC 9,9 % 13,8 %) déclaraient avoir consommé de l’alcool au cours de leur dernière grossesse :  

  • 10,7 % déclaraient l’avoir fait uniquement pour les grandes occasions ;
  • < 1% déclaraient avoir consommé plus d’une fois par mois mais moins d’une fois par semaine ;
  • < 1% déclaraient avoir consommé de l’alcool une fois par semaine ou plus.

Parmi les femmes ayant déclaré avoir consommé au moins lors des grandes occasions, 51,0 % déclaraient n’avoir consommé que quelques gorgées d’alcool les jours où elles en ont consommé. 

Les femmes les plus âgées (35 ans ou plus) et les plus diplômées (niveau de diplôme supérieur au bac) avaient une probabilité plus grande d’avoir déclaré une consommation d’alcool lors de leur dernière grossesse. 

Parmi les femmes enceintes lors de l’enquête Baromètre de Santé publique France 2017, 10,7 % (IC 6,9 % 16,3 %) déclaraient avoir consommé de l’alcool depuis qu’elles avaient eu connaissance de leur grossesse. 

Plus récemment en 2021, dans l’Enquête Nationale Périnatale (ENP), dédiée à la période de la grossesse et qui porte sur tous les enfants nés dans toutes les maternités françaises sur une période donnée, environ 3% des femmes déclaraient avoir consommé de l’alcool durant leur grossesse. 

A noter que les méthodes d’échantillonnage, les populations d’étude et les questionnaires sont sensiblement différents entre ces études et que cela peut expliquer ces écarts. En particulier, la passation du questionnaire dans l’enquête ENP est réalisée par une sage-femme majorant possiblement le biais de désirabilité sociale (en particulier pour l’alcool) comparativement au Baromètre de Santé publique France réalisé par téléphone par un enquêteur non professionnel de santé.

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Le repère zéro alcool pendant la grossesse de plus en plus connu, mais en partie en décalage avec les comportements

Selon une enquête téléphonique transversale répétée en France hexagonale en 2004, 2007, 2015, 2017 et 2020 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes par vague, âgées de 15 ans et plus, construit selon la méthode des quotas, la recommandation « zéro alcool pendant la grossesse » est de plus en plus connue et intégrée :

  • 91% des personnes interrogées la connaissent en 2020 (+10 points entre 2004 et 2020), sans différence selon le sexe ;
  • presque la moitié (46%) déclare qu’il existe un risque dès le premier verre (+22 points) ;
  • la proportion de ceux qui déclarent qu’un verre pour les grandes occasions ne comporte pas de risque a été divisée par deux entre 2004 et 2020 (48% vs 25%).

Malgré des améliorations importantes, il existe donc encore un écart entre la connaissance du « zéro alcool pendant la grossesse » et les perceptions des niveaux de consommation à risque pour des faibles quantités.

Par ailleurs, certaines (fausses) croyances demeurent en 2020 : 

  • 19% déclarent qu’il est conseillé de boire un petit verre de vin de temps en temps pendant la grossesse ;
  • 23% pensent qu’il est conseillé de boire un peu de bière pendant la période de l’allaitement.

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