La mortalité liée à la pollution particulaire toujours aussi importanteSanté publique France a réalisé une évaluation quantitative de l'impact sanitaire (EQIS) de la pollution atmosphérique afin d'en estimer le poids sur la santé. L'étude de Santé publique France apporte une nouvelle estimation nationale du poids de la pollution par les particules fines PM2.52 en lien avec l'activité humaine3. Ces nouvelles données actualisent la dernière estimation publiée en 2000 dans l'étude européenne CAFE4 annonçant plus de 40 000 décès liés à la pollution en France. Estimé à 48 000 décès par an, confirmant le même ordre de grandeur que l'étude européenne.
La pollution de l'air n'affecte pas que les grandes villesSi les effets de cette pollution sont plus importants dans les grandes villes, les villes moyennes et petites ainsi que les milieux ruraux sont aussi concernées :
- dans les zones urbaines de plus de 100 000 habitants les résultats montrent, en moyenne, une perte de 15 mois d'espérance de vie à 30 ans du fait des PM2.5 ;
- dans les zones entre 2000 et 100 000 habitants, la perte d'espérance de vie est de 10 mois en moyenne ;
- dans les zones rurales, ce sont en moyenne 9 mois d'espérance vie qui sont estimés perdus.
Des gains en santé avérés si la qualité de l'air était amélioréeLes travaux de Santé publique France mettent en exergue des bénéfices sanitaires potentiels importants associés à une amélioration de la qualité de l'air. Les résultats montrent que les scénarios les plus ambitieux de baisse des niveaux de pollution conduisent à des bénéfices importants pour la santé. Par exemple, si l'ensemble des communes réussissait à atteindre les niveaux de PM2.5 observés dans les 5 % des communes les moins polluées de la même classe d'urbanisation, 34 000 décès pourraient être évités chaque année (gain moyen de 9 mois d'espérance de vie).
Pour réaliser une EQIS de la pollution atmosphérique, l'OMS recommande de s'appuyer sur un couple polluant-effet sanitaire pour lequel les connaissances scientifiques sont suffisantes non seulement pour permettre une quantification de l'impact sanitaire mais aussi pour en assoir la validité. Le couple " pollution aux particules fines PM2.5 – mortalité " répond à cette condition.Les résultats d'EQIS de la pollution atmosphérique se fondent en effet sur une relation PM2.5 – mortalité issue des études épidémiologiques françaises et européennes, jugée de nature causale par l'ensemble des épidémiologistes.De plus, les PM2.5 sont représentatives de la pollution dans sa globalité : prendre en compte des polluants supplémentaires comme l'ozone ne majorerait pas significativement l'impact estimé mais fragiliserait son estimation car la relation ozone-mortalité est moins solide que la relation PM2.5 – mortalité. Les niveaux de pollution (PM2.5) ont été estimés dans 36 219 communes en France pour les années 2007-20085Différents scénarios de réduction des niveaux de pollution ont finalement été testés et les impacts correspondant, exprimés en nombre de décès évitables et en gain moyen en espérance de vie pour une personne âgée de 30 ans6, ont été comparés.
Les pics de pollution pèsent beaucoup moins sur la santé que l'exposition chroniqueSanté publique France a par ailleurs mené une étude7 dans 17 villes en France, de 2007 à 2010, afin de calculer la part des pics de pollution dans les effets sur la santé. Les résultats confirment les travaux de surveillance menés jusqu'à présent : c'est l'exposition à la pollution, quotidienne et dans la durée qui a l'impact le plus important sur la santé, les pics de pollution ayant un effet marginal.
Des mesures possibles pour améliorer la santé et la qualité de vie de tousDe nombreuses études8 dans le monde ont quantifié les bénéfices sanitaires de diverses politiques d'interventions : modification de la composition des carburants, mise en place de péage urbain, pratique du vélo, réduction d'émissions industrielles, … La plupart de ces travaux concluent à des améliorations de l'état de santé en termes de mortalité, d'espérance de vie, d'hospitalisations pour asthme, de prévalence des maladies respiratoires et cardiovasculaires, de naissances prématurées…
Par ces travaux, Santé publique France confirme que la pollution atmosphérique a des conséquences importantes en termes de santé publique en France. Ils montrent que la mise en place d'actions visant à réduire durablement la pollution atmosphérique permettrait d'améliorer de façon considérable la santé et la qualité de vie de la population. Le programme de surveillance air et santé de Santé Publique France sera élargi à l'étude des maladies en lien avec la pollution, comme les pathologies cardio-vasculaires, le cancer et l'asthme.
1 Pour une personne âgée de 30 ans.
2 La plupart des sources de pollution atmosphériques émettent des particules fines de diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM2.5): transports, résidentiel/tertiaire, agriculture, industrie. Leur contribution relative à la pollution atmosphérique varie cependant selon le lieu.
3 Rapport et synthèse – Impacts de l'exposition chronique aux particules fines sur la mortalité en France continentale et analyse des gains en santé de plusieurs scénarios de réduction de la pollution atmosphérique.
4 Programme Clean Air for Europe de la Commission européenne : http://ec.europa.eu/environment/archives/cafe/general/keydocs.html
5 Dernières années disponibles du modèle Gazel-Air utilisé dans cette EQIS
6 La relation concentration-risque utilisée dans cette EQIS a été construite à partir d'études de cohortes d'adultes, l'âge moyen à l'inclusion dans la cohorte Gazel est de 30 ans.
7 Etude – Quelle est la part des pics de pollution dans les effets à court terme de la pollution de l'air sur la santé dans les villes de France ?
8 Revue de littérature – Études d'interventions sur la qualité de l'air : quels effets sur la santé ? Revue de la littérature (1987-2015)