Changement climatique : données
Santé publique France étudie l’impact du changement climatique sur les risques sanitaires.
Une augmentation des canicules les plus dangereuses pour la santé en France
L’étude « Évolutions de l’exposition aux canicules et de la mortalité associée en France métropolitaine entre 1970 et 2013 » a recensé l’ensemble des canicules survenues en métropole dans les 40 dernières années, en utilisant rétrospectivement l’approche du système d’alerte canicule et santé.
Les résultats soulignent une augmentation nette du nombre de canicules et de la population exposée au fil des décennies. Au niveau national, la taille de la population exposée à au moins une canicule par an a doublé entre la décennie 1974-1983 et la décennie 2004-2013. Avant la mise en œuvre du plan canicule en 2004, on observait en moyenne 18 canicules départementales par an. Depuis 2004, on en observe en moyenne 40 par an.
Près de 32 000 décès en excès sont observés sur l’ensemble des 921 canicules identifiées entre 1974 et 2013, dont la moitié en 2003 qui demeure sans aucun équivalent historique.
Les bilans annuels du système d’alerte canicule et santé permettent de compléter la série pour les années les plus récentes. Les années 2015, 2016, 2017 et 2018 ont été marquées par des canicules conséquentes totalisant près de 4 000 décès en excès.
Indicateurs en lien avec la chaleur depuis 1974 dans Géodes
Les indicateurs annuels en lien avec la chaleur sont consultables et exportables sur Géodes, l’observatoire cartographique de Santé publique France :
- degrés cumulés au-dessus des seuils pendant les périodes de canicule ;
- augmentation de la mortalité observée pendant les périodes de canicule : nombre, proportion et taux de décès en excès.
Tous ces indicateurs sont disponibles par département et par année de 1974 à 2018
Une augmentation attendue du nombre de décès attribuables à la température dans le monde
Le MCC a déjà permis de produire des résultats importants sur les associations entre des variables météorologiques, le climat et la santé. Il a notamment conclu à une augmentation nette du nombre de décès attribuables à la température sous les scénarios de réchauffement les plus forts, augmentation qui serait substantiellement réduite sous des scénarios de réchauffement impliquant des stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Pour la France, les résultats concluent qu’on observerait une augmentation de la mortalité liée à la température, qui pourrait représenter jusqu’à 4% de la mortalité totale à l’horizon 2090 sous le scénario le plus pessimistes (RCP8.5.)
A lire aussi
- Gasparrini A, Guo Y, Sera F, Vicedo-Cabrera AM, Huber V, Tong S, et al. Projections of temperature-related excess mortality under climate change scenarios. The Lancet Planetary Health. 2017;1(9):e360-e7.
Ces études s’appuient sur des modèles climatiques et épidémiologiques assorties de nombreuses hypothèses et incertitudes. Il faut considérer les résultats comme des ordres de grandeurs et des indications des évolutions attendues compte-tenu des connaissances actuelles. Les principaux enseignements sont qu’à l’horizon 2050 :
- Il faut se préparer un risque de mortalité plus important lié à la chaleur, et un risque presque identique à aujourd’hui concernant le froid
- On peut s’attendre à ce que les vagues de chaleur représente un poids de plus en plus important dans la mortalité totale attribuable à la chaleur, ce qui pose des enjeux spécifiques de gestion (pic de surmortalité possible sur une période très courte, comme en 2003).
- Il est possible que des vagues de froid moins fréquentes, et donc plus inhabituelles pour la population, aient un impact plus important qu’aujourd’hui.
- Les impacts attendus seront a priori bien plus faibles sous un réchauffement limité, la différence est déjà importante entre un réchauffement global de +1,5°C vs +2°C
Comment mieux appréhender les impacts sanitaires du changement climatique : l'intérêt des collaborations multicentriques internationale...
TéléchargerUn nombre de décès pour causes cardiovasculaires attribuables aux particules fines plus élevé attendu dans le monde
Le projet ACHIA s’est intéressé aux évolutions de PM2.5 et de l’ozone qui découleraient de l’application des scénarios de réduction des émissions de gaz à effet de serre utilisés par le Giec. Les effets de ces polluants sur la mortalité cardiovasculaire et respiratoire ont ensuite été estimés en 2030 et 2050 pour un scénario d’émissions croissantes (RCP8.5) et pour un scénario de réduction des émissions (RCP2.6).
Aujourd’hui, plus de 2,3 milliards de personnes dans le monde sont exposées à des niveaux de particules fines (PM2.5) supérieurs à ceux recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (10µg/m3). Dans le scénario où chaque pays appliquerait la réglementation actuelle sur les émissions, en 2030 plus de 2,8 milliards de personnes resteraient exposées à ces niveaux trop élevés. En Inde, par exemple, le nombre de personnes concernées passerait de plus de 640 millions en 2010 à plus de 1 milliard en 2030.
Dans ce scénario, en 2030, le nombre de décès pour causes cardiovasculaires attribuables aux particules fines serait plus élevé qu’aujourd’hui, avec 6 800 décès additionnels par an dans le monde. La majorité de ces décès se produiraient en Asie.
Le scénario traduisant l’implémentation de l’ensemble des technologies de dépollution disponibles conduirait à une baisse de la mortalité. L’Asie est la région qui en bénéficierait le plus ; les concentrations de PM2.5 pourraient y être divisées par 4. Ce scénario conduirait également à une amélioration de la qualité de l’air en Amérique du Sud et en Amérique du Nord. Par contre, il aurait très peu d’influence sur la qualité de l’air en Afrique.
En Europe, une amélioration de la qualité de l’air et de la santé est attendue pour les deux scénarios.
En 2010, plus de 250 millions d’européens étaient exposés à des niveaux de particules supérieurs à la valeur recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Ce nombre pourrait être diminué de moitié en 2030 si la réglementation actuelle est respectée. Ainsi, dès 2030, 109 000 décès pour causes cardiovasculaires pourraient être évités chaque année.
Si les pays mettaient en place toutes les mesures techniques disponibles pour améliorer la qualité de l’air, le bénéfice serait deux fois plus important.
Les bénéfices les plus élevés sont attendus en Europe de l’Est pour les PM2.5, et en Europe du Sud pour l’ozone.
Dans un contexte de changement climatique, il est donc crucial que les politiques de réductions des émissions de polluants de l’air et de gaz à effet de serre soient coordonnées. Ceci permettra d’être plus efficace dans l’amélioration de la qualité de l’air à court-terme tout en limitant les effets négatifs du changement climatique à plus long-terme.
Le projet AC-HIA rapporte que si tous les pays du monde mettaient en œuvre l’ensemble des technologies de réduction des émissions connues à ce jour par exemple dans le domaine des transports, du chauffage, de l’industrie, etc. 1,5 millions de décès prématurés pour causes cardiovasculaires pourraient être évités chaque année.
En 2010, plus de 250 millions d’européens étaient exposés à des niveaux de particules supérieures à la valeur recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé élevés. Ce nombre pourrait être diminué de moitié en 2030 si la réglementation actuelle est respectée. Ainsi, dès 2030, 109 000 décès pour causes cardiovasculaires pourraient être retardés chaque année.
En Ile-de-France, en 2050, le scénario le plus ambitieux pourrait « retarder » plus de 2 800 décès chaque année. Par rapport à 2010, cela représenterait une baisse de la mortalité cardiovasculaire de près de 20 %.
En savoir plus