Chaque année, 1 000 notifications concernant des ménages accidentellement intoxiqués par le monoxyde de carbone (CO) sont recueillies dans le cadre du système de surveillance épidémiologique dédié. La moitié de ces ménages est propriétaire de son logement. Si la principale source d'intoxication est la chaudière, d'autres sources sont en constante augmentation depuis quelques années, comme les braseros/barbecues ou les groupes électrogènes. Ces constats ont amené à s'interroger sur la situation financière des ménages intoxiqués. L'Institut de veille sanitaire (InVS) et l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) ont mis en place une étude afin de décrire les caractéristiques socioéconomiques des ménages intoxiqués. Les questionnaires ont été administrés par téléphone auprès des ménages intoxiqués entre le 1er septembre 2013 et le 31 mars 2014. Parmi les 886 ménages notifiés au système de surveillance, 507 ont participé à l'étude. Des caractéristiques socioéconomiques spécifiques ont été associées à certaines sources d'intoxication. Les intoxications par brasero/barbecue ont principalement concerné des locataires (50%) occupant un habitat dégradé (63%), dans une situation financière qualifiée de juste ou difficile (51%) et parlant une langue africaine à la maison (69%) ; 33% étaient au chômage. Les ménages intoxiqués par groupe électrogène étaient accédants à la propriété (53%), avec une situation financière satisfaisante (69%), parlant rarement une langue africaine (6%) ; 9% étaient au chômage. Ces résultats confirment l'intérêt de rechercher des déterminants de l'intoxication oxycarbonée, absents du système de surveillance, par la mise en place d'études ad hoc. La spécificité des caractéristiques socioéconomiques en fonction de la source d'intoxication a permis la mise en place d'outils de prévention ciblés.
Auteur : Verrier A, Menard C, Arwidson P, Perrey C, Thiolet JM
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2016, n°. 2-3, p. 20-7