Les perturbateurs endocriniens (PE) agissent en perturbant les fonctions hormonales de l’organisme. Ainsi, l’activité des glandes endocrines qui produisent les différentes hormones essentielles à notre santé, à notre équilibre et à notre développement peut être altérée.
Les PE peuvent perturber l’ensemble des fonctions endocrines :
- Fonctions reproductrices
- Fonctions thyroïdiennes
- Fonctions surrénaliennes
- Métabolisme
- Neuro-développement, etc.
Via ces effets, ils sont suspectés de contribuer à de nombreuses pathologies chroniques ou développementales : troubles hormonaux et leurs conséquences (infertilité, puberté précoce, obésité, maladie thyroïdienne...), mais aussi malformations congénitales, cancers hormono-dépendants, et même troubles de l’immunité.
Le poids des preuves évolue régulièrement en fonction des nouveaux résultats d’études publiées. Le deuxième rapport commun de l’OMS et du Programme des Nations Unies pour la Santé, publié fin 2012, a évalué le poids des preuves depuis 2002, date du précédent rapport, et fait un état scientifique des connaissances sur ce sujet.
De fortes préoccupations sont exprimées par la communauté scientifique ou civile sur l’impact sanitaire éventuel de ces substances, présentes dans l’environnement ou dans des produits de consommation.
De nombreux questionnements concernant les effets sur l’Homme
Certains effets des perturbateurs endocriniens ont été initialement observés sur la faune sauvage. Ils ont été ensuite largement observés dans des études expérimentales sur animaux. Mais l’extrapolation des résultats chez l’Homme ou la mise en évidence des effets chez l’Homme soulève de nombreux questionnements et difficultés liés aux particularités d’actions des perturbateurs endocriniens :
- De nombreux travaux montrent que la sensibilité aux perturbateurs endocriniens peut varier en fonction des périodes de la vie avec des sensibilités particulières durant les périodes de développement (période fœtale, petite enfance, puberté)
- Les mécanismes de toxicité non « classiques » des perturbateurs endocriniens sont également sujets à de nombreuses discussions. Certains effets des perturbateurs endocriniens peuvent apparaître à de très faibles doses ou encore les relations doses-effets peuvent être non monotones. On entend par relations doses-effets "non monotones", des effets sur la santé qui n’évoluent pas nécessairement de façon continue en fonction de la dose
- Certains travaux montrent que des effets peuvent se manifester sur plusieurs générations et pas seulement sur la génération exposée.
- De nombreux travaux montrent les effets « mélange » des PE : observation de l’effet d’un mélange de plusieurs substances, alors que chacune des substances prise individuellement n’a aucun effet détectable : « something out of nothing ».
Un suivi nécessaire sur le long terme
La mise en évidence épidémiologique des effets chez l’Homme se heurte à toutes ces particularités, et nécessite un suivi de populations suffisantes sur le long terme (cohortes), voire sur plusieurs générations, avec une bonne caractérisation des expositions, ce qui est long, difficile et coûteux à réaliser. C’est pourquoi il est nécessaire de prendre en compte tous les types d’études et de données (chez l’animal, dans la faune sauvage, les modélisations, les études de biosurveillance, et les différents types d’études épidémiologiques) et de les analyser pour faire évoluer le poids des preuves dans ce domaine. C’est ce que fait l’OMS notamment.
Les composés suspectés d’être des perturbateurs endocriniens sont nombreux et variés. Ces substances sont retrouvées dans tous les milieux (eau, sol, air, alimentation). Les voies d’exposition sont multiples et la quasi-totalité de la population est exposée, comme le montrent une récente étude de biosurveillance chez les femmes enceintes.
La connaissance de la part attribuable des perturbateurs endocriniens dans la survenue des pathologies, souvent multifactorielles, demande ainsi de développer des méthodologies permettant une vision intégrative de l’homme dans son environnement. Cela nécessite aussi une surveillance de certaines pathologies d’intérêt, afin de répondre aux controverses scientifiques et sociétales sur ce sujet et de quantifier l’importance du problème de santé (estimation de l’incidence).
Une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens
Depuis 2014, la France s’est dotée d’une Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE). Cette stratégie fixe comme premier objectif de réduire l’exposition de la population et de l’environnement aux perturbateurs endocriniens.
Elle s’articule autour de 4 axes :
- Recherche, valorisation, surveillance
- Expertise sur les substances
- Réglementation et substitution des PE
- Formation et information
Depuis son adoption, la SNPE a été déclinée dans différents plans et programmes.
L’élaboration de la deuxième Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE2) est actuellement en cours.
Pour sa part, Santé publique France met déjà en place au niveau français une surveillance épidémiologique des indicateurs sanitaires priorisés, à partir de bases de données existantes, si possible pérennes, couvrant l’ensemble du territoire et une surveillance de l’exposition biologique de la population à ces substances (biosurveillance). Cette démarche est inscrite dans la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens et le 3ème Plan national santé environnement.