Évolution des impacts de la pollution atmosphérique sur la mortalité entre 2009 et 2019 dans le territoire du plan de protection de l’atmosphère de Toulouse

Publié le 30 juillet 2024
Mis à jour le 9 septembre 2024

La pollution atmosphérique (PA) est encore aujourd'hui responsable de 40 000 décès annuels en France. L'objectif principal de ce travail était de caractériser les évolutions de la PA urbaine et son impact sur la mortalité, en comparant les périodes 2008-2010 et 2017-2019 sur la zone de Toulouse. Il s'agissait aussi d'évaluer les gains sanitaires potentiels si les concentrations des polluants considérés comme traceurs respectaient les nouvelles valeurs guides de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) 2021 sur la période 2017-2019. La répartition de cet impact sur la santé selon la défavorisation sociale et une exploration des impacts économiques associés ont aussi été estimées. Plusieurs études quantitatives d'impact sur la santé (EQIS) ont ainsi été réalisées grâce à la modélisation de l'exposition des populations aux PM2,5 et au NO2 sur le territoire du deuxième plan de protection de l'atmosphère de Toulouse (PPA). Le French European Deprivation Index (French EDI) a été utilisé comme indicateur de défavorisation sociale à fine échelle et les impacts économiques ont été estimés par l'attribution d'une valeur monétaire à l'évitement d'un décès. Sur l'ensemble de la zone du PPA, les moyennes de concentration annuelles passent de 17,2 μg/m3 à 10,3 μg/m3 pour les PM2,5 et de 21,7 μg/m3 à 18,1 μg/m3 pour le NO2, entre 2009 et 2019. La proportion de mortalité, toutes causes confondues, attribuable à la PA (intervalle de confiance de 95 % [IC 95 %]), passe de ce fait de 15,7 % [5,8 ; 23,8] à 7,2 % [2,6 ; 11,2] pour les PM2,5 entre 2009 et 2019 ; elle diminue de 2,7 % [0,9 ; 4,2] à 1,9 % [0,7 ; 2,9] pour le NO2 sur la même période. Malgré cette amélioration, les concentrations en polluants traceurs restent au-dessus des valeurs guides de l'OMS 2021 et 440 décès attribuables à la surexposition aux PM2,5 auraient encore pu être évités chaque année si ces valeurs avaient déjà été atteintes en 2019. Un gradient d'exposition à la PA faible mais croissant est par ailleurs observé du quintile de population le moins défavorisé au quintile le plus défavorisé. Il conduit à un gradient croissant de mortalité attribuable à la PA encore plus marqué entre ces quintiles, et celui-ci s'amplifie entre 2009 et 2019. Les gains économiques annuels qui auraient potentiellement pu être observés si les valeurs guides OMS 2021 avaient déjà été respectées ont été estimés à 2 772 millions d'euros2018 en 2009 et à 1 423 millions d'euros2018 en 2019.

Auteur : Poinat Patrice, Cheniki Sandrine, Delpierre Cyrille, Ruiz Inca, Corso Magali, Chanel Olivier, Cassadou Sylvie
Environnement Risques & Santé, 2024, vol. 23, n°. 4, p. 190 - 198