L'incendie survenu le 26 septembre 2019 sur les sites des entreprises Lubrizol et NL Logistique situées dans la zone portuaire de Rouen, a été à l'origine de nombreuses nuisances environnementales (panache de fumées noires, associé à des retombées de suie constatées au sol et des débris de toiture, émissions diffuses et odorantes de composés organiques volatils, flammes et explosions). Ces expositions, dont la nature et l'intensité ont varié selon la distance à l'incendie et au panache, en plus d'avoir pu générer un sentiment d'insécurité et un stress psychologique, peuvent avoir des conséquences sur la santé des différentes populations exposées. Dans le cadre du dispositif d'étude visant à évaluer l'impact sanitaire à court, moyen et long termes, une enquête de santé perçue a été mise en oeuvre afin d'estimer la nature et la fréquence de l'exposition de la population aux différentes nuisances consécutives à l'incendie, les symptômes et problèmes de santé ressentis pendant et après l'événement, et a également permis d'étudier l'état de santé physique et mentale et la qualité de vie plusieurs mois après l'événement. Au sein d'une zone exposée (Rouen et ses alentours) et d'une zone témoin (Le Havre et ses alentours), un échantillon de 10 777 personnes a été tiré au sort par la Division Sondages de l'Insee, dans le millésime 2019 du Fichier démographique d'origine fiscale sur les logements et les individus (Fidéli). La collecte du volet principal de l'enquête s'est déroulée du 4 septembre au 12 novembre 2020, selon un protocole de collecte multimode (Internet ou téléphone). Au final, 4 779 personnes ont répondu à ce volet, soit 95 % de l'objectif fixé de 5 000 répondants, correspondant à un taux de réponse de 47,6 %. Près des deux tiers des répondants ont répondu par Internet (64,3%). En outre, 1 306 questionnaires portant sur un enfant ont été recueillis sur les 1 400 souhaités. Ce volet principal a été complété par un volet spécifique visant à évaluer les conséquences sur différents troubles de la santé mentale. Il a été proposé dans un second temps aux personnes ayant accepté d'être recontactées à l'issue du volet principal. La collecte du volet santé mentale s'est déroulée du 12 novembre au 21 décembre 2020, et a été exclusivement réalisée par questionnaire auto-administré (Internet ou papier). Parmi les 4 779 répondants au volet principal, 2 885 (60,4%) ont consenti à être recontactés pour le volet santé mentale, parmi lesquels 1 968 (68,2%) ont répondu à l'enquête. Le recours à Fidéli s'est révélé d'une grande importance : disponibilité des coordonnées géographiques des logements qui a permis de sélectionner les personnes selon la proximité de leur lieu de résidence à l'incendie ; richesse des informations de contact disponibles ; disponibilité de données socio-économiques. La représentativité de l'échantillon des répondants à l'enquête, au regard des critères statistiques utilisés, était satisfaisante. Le protocole multimode retenu pour cette enquête a favorisé la participation en offrant aux personnes sélectionnées plusieurs opportunités de participer. Néanmoins, il est également associé à l'existence potentielle d'un effet mode. En effet, l'analyse spécifique menée dans cette étude suggère l'existence d'un effet mode associé à un biais de mesure (les répondants Internet diffèrent des répondants par téléphone car les réponses diffèrent selon le mode de recueil). Pour de futures enquêtes, l'identification et le traitement de ce biais nécessiteront un protocole adapté permettant de disposer d'une variable permettant d'expliquer la participation indépendamment de l'intérêt pour l'enquête.
Auteur : Richard Jean-Baptiste, Perrine Anne-Laure, Zeghnoun Abdelkrim, Saoudi Abdessatar, Pédrono Gaëlle
Année de publication
: 2022
Pages : 67 p.
Collection : Méthode