Introduction : l'usage de la cigarette électronique (E-cig) s'est très rapidement répandu. Cependant, on dispose de peu de données concernant son innocuité, son efficacité pour l'arrêt du tabagisme ou sa facilitation vers le passage au tabac. Les données préliminaires issues de la cohorte Constances décrivent la prévalence de l'usage du tabac et de la E-cig et les trajectoires sur un an. Matériel-méthodes : une analyse transversale (n=24 157) décrit l'usage de la E-cig et du tabac selon des caractéristiques sociodémographiques, l'état de santé perçu et la dépressivité. Sont également présentées les trajectoires de consommation sur un an (n=8 042). Résultats : l'usage de la E-cig chez les non-fumeurs est très rare (11 sujets), un peu plus fréquent chez les ex-fumeurs (1%) ; l'usage mixte de la cigarette avec la E-cig est deux fois plus fréquent. Les prévalences sont voisines dans les deux genres et diminuent avec l'âge pour les consommateurs mixtes et ex-fumeurs. La fréquence de l'usage mixte semble plus importante parmi les employés et ouvriers. Les consommateurs mixtes présentent la plus faible proportion de personnes se jugeant en Très bon / Bon état de santé et la fréquence de dépressivité la plus élevée. Il existe un gradient de la fréquence de E-cig en fonction des paquets-années de tabac. L'évolution sur un an montre qu'aucun usager exclusif de E-cig n'est devenu fumeur un an après. Discussion : ces résultats préliminaires ne suggèrent pas que la E-cig puisse faciliter le passage au tabac et suggèrent qu'elle est plutôt largement utilisée pour arrêter de fumer ; un suivi de longue durée dans Constances est prévu.
Auteur : Goldberg M, Hourani I, Cyr D, Gueguen A, Zins M
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2016, n°. 15, p. 264-71