Les couvertures vaccinales du rappel décennal diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP) de l'adulte et de la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) de la jeune fille sont insuffisantes en France. L'institut de veille sanitaire (InVS) a analysé les données de l'Enquête santé et protection sociale (ESPS) conduite en 2012 par l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), afin d'explorer les déterminants socio-économiques de ces vaccinations, ainsi que ceux du dépistage du cancer du col utérin par le frottis cervico-utérin (FCU). L'enquête a porté sur un échantillon aléatoire représentatif des bénéficiaires de l'assurance maladie. Les informations ont été recueillies par interview et auto-questionnaire et les données ont été redressées. Les questions relatives au dépistage (sur 3 et 5 ans) et aux vaccinations n'ont été posées qu'aux personnes âgées de 15 ans ou plus. Les données ont été analysées sur Stata 12® selon un plan de sondage incluant la pondération et l'unité primaire d'échantillonnage. Des régressions de Poisson avec variance robuste ont permis d'analyser l'association entre variables explicatives et vaccination/dépistage, et les résultats ont été exprimés par des rapports de prévalence (RP). La couverture vaccinale (CV) du rappel DTP était insuffisante (50 %) et hétérogène, diminuant notamment avec l'âge, le niveau socio-économique et dans certaines régions comme le Nord et la Méditerranée, des résultats comparables à ceux obtenus par l'enquête ESPS de 2002. La couverture du dépistage par FCU était de 72 % sur 3 ans et de 81 % sur 5 ans, confirmant les données disponibles. Les faibles revenus du ménage, l'absence de disponibilité d'une couverture complémentaire maladie privée, le faible niveau des diplômes et une obésité sévère étaient tous associés à un dépistage plus faible. La CV HPV était globalement très insuffisante (31% pour 3 doses). Les facteurs associés à une moindre vaccination étaient le fait de ne pas disposer d'une couverture complémentaire maladie privée (RP proche de 0,5), de vivre dans une famille à revenus faibles (RP proche de 0,3) et l'absence de dépistage par FCU chez la femme de référence du ménage (la mère dans 88% des cas) dans les 3 (RP proche de 0,6) ou 5 (RP proche de 0,5) dernières années. Cette enquête a montré que les jeunes filles non vaccinées contre le HPV appartiennent plutôt aux catégories sociales les plus modestes et ont plus souvent des mères non dépistées. Ces jeunes filles risquent de ne bénéficier d'aucune des 2 mesures de prévention du cancer du col, laissant présager un impact limité du programme de prévention. Les modalités actuelles de mise en œuvre de la vaccination HPV risquent ainsi de creuser les inégalités sociales de santé vis-à-vis du cancer du col utérin.
- Guthmann JP, Pelat C, Célant N, Parent du Chatelet I, Duport N, Rochereau T, Lévy-Bruhl D. Déterminants socio-économiques de vaccination et de dépistage du cancer du col par frottis cervico-utérin (FCU). Facteurs associés au rappel décennal diphtérie-tétanos-poliomyélite (DTP) de l'adulte et à la vaccination HPV de la jeune fille - Enquête santé et protection sociale (ESPS), 2012.