La couverture vaccinale correspond à la proportion de personnes vaccinées dans une population à un moment donné.
Elle est le rapport entre le nombre de personnes correctement vaccinées, c'est-à-dire ayant reçu à un âge donné le nombre de doses requises, et le nombre total de personnes qui auraient dû l’être dans la même population. Pour un vaccin nécessitant plusieurs injections, on parle de couverture vaccinale « 1 dose », « 2 doses », « 3 doses », « rappel ». Ainsi, la couverture vaccinale pour une dose de vaccin rougeole-rubéole-oreillons (ROR-1) à 24 mois en France correspond à la proportion d’enfants de France âgés de 24 mois qui a reçu au moins une dose de vaccin ROR.
Pourquoi mesurer la couverture vaccinale ?
La couverture vaccinale est un des indicateurs permettant de suivre et d’évaluer, avec les données d’incidence et de mortalité et les données séro-épidémiologiques, l’impact d’un programme de vaccination.
Après l’introduction d’une recommandation dans le calendrier vaccinal (ou modification d’une recommandation déjà présente), les données de couverture vaccinale permettent d’affirmer si ces nouvelles recommandations ont été suivies d’effet dans la réalité, c'est-à-dire si elles ont été mises en pratique dans les catégories de la population auxquelles elles s’adressent. Ces données sont donc utiles pour savoir si un programme de vaccination est correctement appliqué. Elles sont essentielles car le maintien d’une couverture vaccinale élevée constitue un élément clé dans le contrôle des maladies infectieuses, permettant de protéger une population contre une maladie donnée. Un exemple est la poliomyélite, dont aucun cas autochtone n’a été rapporté depuis 1989 en France, et dont les niveaux de couverture vaccinale sont très élevés.
Couverture individuelle et couverture dans une population
En termes individuels, une personne correctement couverte par un vaccin (c'est-à-dire correctement vaccinée) est celle qui a reçu à un âge donné le nombre de doses recommandées à cet âge. Dans une population, la couverture vaccinale correspond à la proportion de cette population qui a été vaccinée. Pour qu’une maladie infectieuse à transmission strictement inter-humaine puisse être contrôlée voire éliminée par la vaccination, il est nécessaire d’obtenir un certain niveau de couverture vaccinale, qui dépend essentiellement de la transmissibilité de la maladie. Ainsi, par exemple, l’élimination de la rougeole nécessite un niveau de couverture vaccinale de 95 % chez le jeune enfant. En France, ce niveau n’a jamais été atteint depuis l’intégration de cette vaccination dans le calendrier vaccinal, ce qui explique l’épidémie qui a provoqué des milliers de cas entre 2008 et 2011 et la nouvelle épidémie qui a débuté fin 2017.
Couverture déclarative et couverture confirmée
Afin d’estimer la couverture vaccinale, le statut vaccinal d’une personne (vaccinée ou non vaccinée) est le plus souvent déterminé par les informations fournies par la personne elle-même, ou par ses parents pour les enfants. Ces informations sont fournies soit oralement (enquête téléphonique par exemple), soit par écrit (questionnaire envoyé par la poste et rempli à domicile par la personne elle-même). Ce sont des données déclaratives, recueillies dans de nombreuses enquêtes et notamment dans les grandes enquêtes en population réalisées en France. Leur fiabilité dépend de la capacité de la personne de se souvenir de son statut vaccinal et de répondre sincèrement. Pour cette raison, on préfère utiliser de données confirmées, c'est-à-dire des informations notées sur un document (carnet de vaccination, carnet de santé, etc.). C’est le moyen utilisé en France pour estimer la couverture vaccinale chez le nourrisson et chez l’enfant plus grand. Les données confirmées sont plus fiables que les données déclaratives mais ne sont pas toujours disponibles ou accessibles.
Dans quels groupes de la population mesurer la couverture vaccinale ?
La couverture vaccinale est rarement mesurée dans l’ensemble de la population, mais plutôt dans des groupes spécifiques dans lesquels une vaccination est recommandée. Ainsi, la couverture vaccinale pourra être mesurée :
- dans un groupe d’âge (grippe chez les personnes âgées de 65 ans ou plus) ;
- dans une catégorie professionnelle (hépatite B chez les professionnels de santé) ;
- dans une catégorie sociale (BCG chez les enfants présentant un risque élevé de tuberculose) ;
- dans une région géographique (fièvre jaune en Guyane, seule région de France où cette vaccination est obligatoire).
Quelles sont les principales sources de données de couverture vaccinale ?
La couverture vaccinale peut être estimée à partir de différentes sources de données.
- Les données administratives correspondent au nombre de personnes vaccinées que l’on rapporte à la population qui aurait dû recevoir cette vaccination. En France c’est le dispositif utilisé pour estimer chaque année la couverture vaccinale contre la grippe, en rapportant le nombre de bons de prise en charge gratuite du vaccin utilisés au nombre de bons envoyés à la population cible de cette vaccination par les différents régimes d’Assurance maladie.
- Dans les enquêtes par sondage, souvent mises en place pour répondre à un besoin ponctuel lorsqu’aucun autre dispositif ne permet d’obtenir les informations recherchées, les données sont recueillies sur un échantillon de la population. Les résultats pourront alors être extrapolés à l’ensemble de cette population lorsque l’échantillon a été sélectionné de façon aléatoire.
- Dans certains pays mais pas en France où cet outil n’existe pas, la couverture vaccinale peut être estimée à partir de registres informatisés permettant de recueillir systématiquement ou de façon exhaustive des données vaccinales fournies par le personnel vaccinateur.
- Une quatrième source de données est constituée par les ventes et les remboursements de vaccins. Les ventes de vaccins aux pharmacies constituent un indicateur de tendance car l’absence de dénominateur ne permet pas d’estimer la couverture vaccinale à partir de cette source. Au contraire, l’analyse des remboursements de vaccins présents dans les bases de données de l’Assurance maladie permet une estimation directe de la couverture vaccinale. Depuis 2013, Santé publique France a accès à la base quasi exhaustive des remboursements de soins par l’Assurance maladie, le datamart de consommation inter-régime, DCIR, dans le cadre du Système national des données de santé (SNDS) et utilise cette source de données en routine pour suivre la couverture vaccinale.
Quels sont les principaux dispositifs utilisés en France pour recueillir des données ?
En France, la couverture vaccinale est estimée à travers différents dispositifs qui varient selon l’âge.
- Chez le nourrisson, les certificats de santé de l’enfant établis aux âges de 9 et surtout de 24 mois par le médecin traitant sont les principales sources de données de couverture vaccinale. Il s’agit d’un dispositif de routine à travers lequel des données vaccinales remontent depuis les départements pour être ensuite agrégées et analysées au niveau national.
- Chez l’enfant entre 2 et 15 ans, la couverture vaccinale est estimée à travers un cycle d’enquêtes scolaires, réalisées alternativement auprès des enfants des classes de grande section de maternelle (6 ans), de cours moyen 2ème année (11 ans) et de classe de 3ème (15 ans).
- Chez l’adulte, il n’existe pas de dispositif de collecte de routine. Les données de couverture vaccinale proviennent des Baromètres Santé de Santé publique France et, dans le passé, provenaient également de deux grandes enquêtes en population réalisées par l’Institut de Recherche et de Documentation en Economie de la Santé (IRDES) et par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en étroite collaboration, pour le volet vaccinal, avec Santé publique France. A l’avenir, l’évaluation de la couverture vaccinale dans cette catégorie de la population reposera sur des outils nouveaux qui font actuellement l’objet d’évaluations.
Enfin, à tout âge, et en dehors des enquêtes par sondage, la couverture vaccinale est estimée à partir des données de remboursements de vaccins grâce à la mise à disposition de Santé publique France des bases de données informationnelles de l’Assurance Maladie. Ce dernier dispositif est particulièrement intéressant pour détecter rapidement des modifications de couverture vaccinale et chez l’enfant pour compléter les données disponibles à partir des certificats de santé et des enquêtes en milieu scolaire.