Etude PrévIST 2022-2023

En 2022, Santé publique France et ses partenaires ont lancé l’étude PrévIST, une étude nationale en population générale afin d’estimer la proportion de personnes porteuses d’une infection sexuellement transmissible et d’étudier les facteurs de risque associés.

Mis à jour le 23 janvier 2025
Dans cet article

Les infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes sont en recrudescence depuis le début des années 2000, notamment les infections à Chlamydia trachomatis et à gonocoque. En 2016, 270 000 infections à Chlamydia trachomatis et 50 000 infections à gonocoque avaient été diagnostiquées en France, soit une augmentation d’un facteur 3 par rapport à 2012. Les infections virales à papillomavirus (HPV) font partie des IST les plus fréquentes et sont responsables, chaque année en France, de condylomes chez environ 100 000 hommes et femmes.

Les IST représentent un enjeu majeur de santé publique, du fait de leur fréquence, des risques de complications comme une infection génitale haute ou une grossesse extra-utérine, des séquelles comme l’infertilité, et d’un risque majoré de transmission du VIH.

Dans ce cadre, Santé publique France a lancé, en 2022, l’étude PrévIST, en collaboration avec l’Inserm, le Centre national de référence (CNR) des IST bactériennes et le CNR des papillomavirus. Pour cela, il a été proposé aux participant(e)s âgé(e)s de 18 à 59 ans ayant déjà eu un rapport sexuel de l’enquête « Contexte et sexualité », promue et financée par l’ANRS | MIE, de réaliser un dépistage par auto-prélèvement à domicile. Ce dépistage a concerné les infections à Chlamydia trachomatis, à Neisseria gonorrhoeae (gonocoque) et à Mycoplasma genitalium pour les personnes de 18 à 59 ans, auquel s’est ajouté un dépistage des papillomavirus (HPV) pour les 18-29 ans. L’objectif de ce volet était d’estimer la prévalence des IST les plus fréquentes, tout en évaluant la stratégie de vaccination HPV chez les plus jeunes. 

Quelles sont les infections recherchées ?

L’étude PrévIST concernait la recherche chez les 18-59 ans de plusieurs IST bactériennes : les infections à Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae(gonocoque) et Mycoplasma genitalium.

Ces infections sont transmises lors de rapports sexuels, sont souvent sans symptômes, mais peuvent avoir des conséquences sur la santé. Il est important de se faire dépister car des traitements généralement simples et efficaces sont disponibles.

Chez les moins de 30 ans, la présence des papillomavirus (HPV) a été recherché. Ce virus est fréquent et peut toucher à la fois les femmes et les hommes. L’infection génitale est le plus souvent bénigne et transitoire, car le virus est le plus souvent spontanément éliminé par l’organisme. Mais dans certains cas, le virus peut persister et entrainer l’apparition de condylomes (verrues génitales). De plus, certains papillomavirus peuvent être à l’origine de lésions précancéreuses pouvant évoluer après plusieurs années vers un cancer génital ou anal. En raison de la fréquence importante des infections transitoires à HPV avant 30 ans, le test HPV n’est pas recommandé pour dépister ces infections. 

Objectifs de l’étude

  • Estimer la proportion de personnes âgées de 18 à 59 ans porteuses d’une infection à Chlamydia trachomatis (Ct), Neisseria gonorrhoeae (Ng) ou Mycoplasma genitalium (Mg), et de personnes de 18 à 29 ans porteuses de papillomavirus humains (HPV).
  • Etudier les facteurs de risque associés à ces infections.
  • Mesurer l’efficacité de la vaccination contre les HPV chez les femmes (recommandée chez les adolescentes depuis 2007), et disposer de données de prévalence de référence juste après l’introduction de la vaccination des garçons (recommandée chez depuis 2021).

L’étude PrévIST a pour finalité de contribuer à la politique de lutte contre les IST.

Déroulement de l’étude

Toutes les personnes ayant répondu à l'intégralité de l’enquête « Contexte et sexualité » ont été invitées à participer à l’étude PrévIST si elle remplissait deux conditions :

  • Être âgé(e) de 18 à 59 ans
  • Avoir déjà eu un rapport sexuel au cours de sa vie

En pratique, comment s'est déroulée l’étude ?

La réception du kit d’auto-prélèvement

Toutes les personnes ayant accepté de participer à PrévIST et donné une adresse postale ont reçu un kit d’auto-prélèvement contenant tout le matériel nécessaire pour réaliser le(s) prélèvement(s), ainsi qu’une lettre d’information, un formulaire de consentement et un mode d’emploi.

La réalisation des auto-prélèvements

Pour les femmes, il s’agissait de réaliser un auto-prélèvement vaginal à l’aide d’un écouvillon (grand coton tige), permettant de rechercher les infections à Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae, Mycoplasma genitalium, et la présence de papillomavirus pour les femmes de 18 à 29 ans.

Pour les hommes, il s’agissait de prélever un échantillon des premières urines du matin pour la recherche des infections à Chlamydia trachomatis, Neisseria gonorrhoeae et Mycoplasma genitalium. Pour ceux âgés de 18 à 29 ans, un auto-prélèvement au niveau du pénis réalisé avec un écouvillon pour rechercher la présence de papillomavirus leur a également été demandé.

Le renvoi des auto-prélèvements

Une fois le(s) prélèvement(s) réalisé(s), le(la) participant(e) devait le(s) renvoyer au Centre national de référence (CNR) des IST bactériennes à Bordeaux, dans l’enveloppe pré-affranchie fournie dans le kit.

Le rendu des résultats

Les participant(e)s ont reçu par courrier leurs résultats pour les infections à Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae. En cas de résultats positifs, les participant(e)s ont été incité(e)s à consulter un médecin ou un Centre gratuit de dépistage et de diagnostic (CeGIDD).

Concernant l’infection à Mycoplasma genitalium, seuls les résultats positifs chez les personnes ayant déclaré des symptômes au moment de leur prélèvement ont été rendus par le CNR, dans la mesure où aucun traitement n’est recommandé en cas d’absence de symptôme.

Résultats de l'étude

La prévalence des infections à Chlamydia trachomatis a été estimée à 0,93 % et à 0,58 % chez les femmes et les hommes de 18-59 ans ayant déjà eu un rapport sexuel. Ces prévalences sont comparables aux estimations de 2006 pour les femmes, mais en légère diminution (non significative) pour les hommes. Au regard de la politique de dépistage systématique proposée aux moins de 26 ans, on note une prévalence faible chez les plus jeunes de 18-25 ans (1,5 % pour les femmes et 1,6 % pour les hommes), tandis que la prévalence augmente substantiellement dans la tranche d’âge de 26-29 ans qui échappe au dépistage (7,9 % pour les femmes et 4,4 % pour les hommes). Par ailleurs, les personnes ayant plus d’un(e) partenaire dans les 12 derniers mois ont un risque plus élevé que celles ne déclarant qu’un(e) seul(e) partenaire (1,5 % pour les femmes et 2,9 % pour les hommes de 18-59 ans).

Une seule infection à Neisseria gonorrhoeae a été détectée tandis que la prévalence des infections à Mycoplasma genitalium a été estimée à 3,1 % et 1,3 % respectivement chez les femmes et les hommes de 18-59 ans, soit des prévalences comparables à celles observées dans d’autres pays européens.

Ces résultats permettent pour la première fois de disposer de données de prévalence des infections à Mycoplasma genitalium en France. Dans un contexte actuel d’augmentation des infections à Chlamydia trachomatis et à Neisseria gonorrhoeae au niveau européen et en France, ils tendent à montrer que ces augmentations ne concernent que des populations très exposées et non l’ensemble de la population.

Il s’agit pour le moment de résultats préliminaires, qui ne concernent que la France hexagonale et les trois IST bactériennes. Ils seront complétés par une analyse plus détaillée des facteurs de risque et du recours au dépistage, ainsi que par les prévalences des HPV et dans les territoires ultramarins (Martinique, Guadeloupe, Guyane et La Réunion).

Confidentialité des données

Les coordonnées (nom, prénom et adresse postale) des participant(e)s ont été demandés pour permettre l’envoi des kits d’auto-prélèvements et le rendu des résultats. Ces données restent en possession du laboratoire conformément à ses obligations légales et ne peuvent être communiquées à personne d’autre.

Les résultats des dépistages ont fait l’objet d’un traitement informatisé de façon totalement anonyme par Santé publique France et l’Inserm, qui n’auront jamais accès aux données nominatives.

L’enquête « Contexte et sexualité » et l’étude PrévIST ont reçu un avis favorable de la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) le 23/09/2022.