Introduction : L'exposition au soleil a des effets néfastes à court et long terme en particulier sur les yeux et la peau. L'effet le plus grave, le mélanome, est un cancer cutané en augmentation dans la plupart des pays européens. Malgré des campagnes de prévention, la population française continue de se surexposer au soleil et de se protéger insuffisamment. En été, les touristes du littoral méditerranéen sont une population particulièrement à risque en raison du fort rayonnement ultraviolet (UV) et des comportements de surexposition motivés par le désir de bronzer. D'après la littérature, les interventions basées sur l'apparence (AB) mettant en évidence le photovieillissement cutané sont prometteuses pour améliorer les comportements mais des limites méthodologiques sont évoquées. Les objectifs de cette thèse étaient 1) d'identifier les déterminants, notamment sociaux et psychosociaux, de la protection et de l'exposition aux UV naturels des touristes français estivaux sur le littoral méditerranéen d'Occitanie ; 2) d'évaluer et comparer l'efficacité d'une intervention AB et d'une intervention basée sur les risques sanitaires (HB) sur leurs comportements de prévention solaire. Méthodes : Au cours de l'été 2019, un essai croisé randomisé en clusters a été mis en place auprès des touristes français âgés de 12 à 55 ans et séjournant dans huit campings du littoral d'Occitanie. Les participants étaient répartis en trois groupes : contrôle, intervention HB (information sur les effets sanitaires, calcul du phototype), ou intervention AB (information sur le photovieillissement, photographie UV). Ces interventions faisaient appel à des mécanismes de la théorie du comportement planifié et du modèle transthéorique. L'allocation de l'intervention était différente chaque semaine dans chaque camping. Les données recueillies en face à face par questionnaires et les mesures de la couleur de la peau étaient collectées immédiatement avant (T0) et 4 jours après les interventions (T1). Un suivi à long terme était réalisé en octobre 2020 (T2) à l'aide d'un questionnaire en ligne. Résultats : À T0, 1 355 campeurs ont été inclus dont 95% ont participé au suivi à T1 et 44% à T2. Les touristes qui s'exposaient intentionnellement à des fins de bronzage étaient plus souvent les 15-24 ans, les femmes, de phototype peu sensible et ayant une attitude positive envers le bronzage et l'exposition. Les touristes qui se protégeaient le moins étaient les plus jeunes, de phototype peu sensible, de niveau d'études inférieur, avec un niveau inférieur de connaissance théorique sur la protection solaire, une attitude favorable au bronzage, un entourage les incitant moins à se protéger (norme sociale), et qui trouvaient difficile de se protéger durant leur séjour (contrôle perçu). L'association entre la protection solaire et le niveau d'études était partiellement médiée par le niveau de connaissances théoriques, et dans une moindre mesure, les fausses croyances et l'attitude envers le bronzage. Concernant l'efficacité des interventions, les deux interventions amélioraient les comportements de protection à court terme mais seule l'intervention basée sur l'apparence permettait de les améliorer à long terme ainsi que de réduire l'exposition intentionnelle à court et à long termes. Les personnes plus éduquées semblaient plus sensibles à l'intervention HB, tandis que les personnes ayant un diplôme de niveau bac étaient plus sensibles à l'intervention AB. Conclusion : Nos résultats mettent en évidence les sous-populations à risque parmi les touristes du littoral et apportent des preuves originales de l'effet d'interventions individuelles visant à modifier les comportements de protection solaire dans cette population. Ils soulignent la pertinence des messages basés sur l'apparence pour compléter les messages sanitaires dans ce contexte, en particulier dans certaines sous-populations ayant un niveau d'éducation faible à intermédiaire, et la nécessité d'améliorer les connaissances pour réduire les inégalités sociales de protection.
Toulouse, 2022/12/02
Auteur : Durand Cécile
Année de publication
: 2022
Pages : 350 p.