Malgré des avancées récentes dans la reconnaissance des droits des minorités sexuelles et de genre, les attitudes violentes et discriminatoires à leur encontre persistent. L'objectif de cet article est de mesurer la part des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) victimes d'actes homophobes au cours des 12 mois précédant l'enquête, qu'il s'agisse d'injures ou d'agressions physiques, et de décrire leurs caractéristiques ainsi que les facteurs associés au fait d'avoir vécu ces actes. Les données sont issues de l'enquête Rapport au sexe (ERAS), enquête transversale en ligne, anonyme et auto-administrée, basée sur le volontariat et réalisée auprès des HSH en 2019. Au total, 23 777 hommes ont été inclus dans l'analyse. Au début de l'année 2019, 28% des HSH interrogés déclaraient avoir été victimes d'injures à caractère homophobe et 5% avaient été agressés physiquement au cours des 12 mois précédant l'enquête. Ces actes s'étaient déroulés préférentiellement dans les lieux publics, suivis par les lieux de travail et d'études et au sein de la famille. Quel que soit le contexte, les facteurs associés au fait d'avoir subi des insultes ou des agressions homophobes étaient le fait d'être jeune, de ne pas avoir fait d'études supérieures et d'être étudiant ou sans emploi. Les résultats de cette étude mettent en avant le caractère pérenne des actes homophobes dans la société française. Les combattre passe par le renforcement des actions au niveau individuel, institutionnel et populationnel, afin non seulement de protéger les personnes LGBT, mais aussi de soutenir les personnes discriminées pour minimiser les effets de ces violences sur tous les aspects de leur vie.
Auteur : Duchesne Lucie, Lydié Nathalie, Velter Annie
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2021, n°. 6-7, p. 105-111