En France, les mélanomes cutanés sont parmi les cancers les plus fréquents chez les adultes jeunes. Ils représentent l'une des premières causes de mortalité pour les moins de 35 ans. L'augmentation du rayonnement ultraviolet observée en Europe ne semble pas expliquer l'augmentation de ces mélanomes. Le rôle des changements comportementaux récents liés à la recherche d'exposition aux UV plus précoce et plus intense pourrait constituer une des explications à ces évolutions. Or, le bronzage, avec ou sans coup de soleil, atteste d'une exposition excessive aux UV et d'une réaction de l'organisme pour se protéger des lésions qui sont survenues notamment au niveau de l'ADN. Ces messages ne semblent pas encore être suffisamment assimilés par la population.
Les ultraviolets sont notamment à l'origine de cancers cutanés, coups de soleil, inflammations oculaires, cataractes. La connaissance des heures dangereuses d'exposition au soleil, le recours aux cabines UV ou lampes de bronzage, les attitudes de prévention des adultes mais aussi des parents vis-à-vis de l'exposition au soleil de leurs enfants, celles des travailleurs exposés au soleil… ont été questionnés.
" Les cancers cutanés, des cancers mal connus mais une population relativement vigilante "
Pour la première fois, le Baromètre cancer comporte des questions sur les anomalies de la peau (par exemple un grain de beauté nouveau ou changeant) et les inquiétudes par rapport à la surveillance des mélanomes, notamment les critères dits " ABCDE " (asymétrie, bordure, couleur, diamètre et évolution dans le temps). D'autres questions (couleur des yeux, de la peau, des cheveux, photosensibilité lors d'une première exposition au soleil, capacité à brûler, avoir des coups de soleil ou bronzer) avaient pour finalité de déterminer a posteriori le phototype des personnes interrogées (type de peau caractérisé par sa couleur et sa sensibilité au soleil et classé de I à VI).
Ce qu'il faut retenir :
- Plus de 9 personnes sur 10 sont convaincues que les expositions au soleil sont une cause probable des cancers de la peau et partagent l'idée que le soleil fait vieillir prématurément la peau ; le sentiment d'être bien informé sur les risques de cancer liés à une exposition au soleil est plus important chez les cadres et chez les habitants des régions littorales.
- Les fausses croyances sont toujours persistantes notamment l'absence de conséquences des coups de soleil lors de l'enfance à l'âge adulte ou encore celle que " faire des UV avant les vacances permet de préparer la peau pour se protéger des coups de soleil ". Les usagers des UV artificiels affirment aussi à tort que les UV en cabine de bronzage sont moins nocifs que le soleil et appliquent moins les méthodes de prévention préconisées.
- Chez les jeunes et les adultes, la protection n'est pas systématique : seuls 27,0 % évitent les heures les plus ensoleillées, 22,1 % restent à l'ombre, 14,4 % mettent de la crème toutes les deux heures, 24,4 % portent un T‑shirt ou un short long, 41,2 % des lunettes de soleil et 18,3 % un chapeau ou une casquette.
- En revanche, les parents sont plutôt attentifs à la protection de leurs enfants : plus de la moitié des parents d'enfants de moins de 15 ans et 70 % des parents d'enfants de moins de 4 ans déclarent éviter de les exposer ou les protéger par de la crème solaire, un t‑shirt et un chapeau.
- Parmi les actifs occupés, 21,9 % déclarent devoir travailler souvent ou systématiquement au soleil (essentiellement des hommes, des personnes de niveau bac ou inférieur, des agriculteurs ou autres professions indépendantes) et ont davantage de difficulté à utiliser les moyens de protections collectifs ou individuels.
- La pratique des ultraviolets artificiels concerne aussi des usagers de moins de 18 ans, malgré l'interdiction de cette pratique aux mineurs.
Opinions sur le soleil selon le phototype, parmi les 15-75 ans n'ayant jamais eu de cancer (en %)
Méthodes utilisées pour se protéger lors d'une journée ensoleillée d'été parmi l'ensemble des 15-75 ans (N=3931)
Quelles préconisations pour la prévention ?
Dans un contexte de réchauffement climatique, les cancers cutanés et les autres pathologies induites par les UV vont continuer à progresser. Leur prévention se doit donc d'être globale et pensée à long terme. Afin de diminuer les expositions excessives aux UV dès le plus jeune âge, il convient de réitérer les messages de prévention via des campagnes nationales d'information en envisageant un élargissement de ces messages (diffusion large de l'indice UV, du non bénéfice pour la santé à bronzer ou à faire des UV artificiels). Ces messages sont à relayer au plus près des populations cibles en prenant en compte les inégalités sociales et individuelles. Il convient de favoriser des actions de terrain adaptées aux contextes d'exposition, en n'oubliant pas d'aménager des environnements favorables (zones ombragées au sein des villes, écoles, vitrage avec filtre UV…) et d'impliquer les professionnels relais (professionnels de santé, milieux scolaire ou périscolaire, associations, responsables et personnels des centres de bronzage). La question de la prévention des expositions en milieu professionnel mérite d'être revisitée en fonction des branches professionnelles exposées dans une perspective globale intégrant aux côtés des méthodes de protection collectives et individuelles, des aménagements organisationnels en plus des actions de sensibilisation et d'information tant des employeurs que des salariés.
Pour en savoir plus
Ménard C, Thuret A. Baromètre cancer 2015. Ultraviolets, naturels ou artificiels. Connaissances, croyances et pratiques de la population en 2015. Saint‑Maurice : Santé publique France, 2018. 46 p.