Cette synthèse rapide des connaissances a été réalisée par Santé publique France pour aider à orienter les choix des décideurs et des autorités publiques et leurs modalités de mise en œuvre, conformément à nos missions.
Masques chirurgicaux ou alternatifs dans l’espace public : leur bonne utilisation sera un facteur déterminant pour être efficace en complément des gestes barrières
Dans le cadre de la lutte contre le COVID-19, la question de la généralisation de l’utilisation des masques en population générale dans l’espace public est régulièrement posée. Certains pays ou villes dans le monde, y compris dans des endroits où le port du masque n’était jusqu’à présent pas recommandé en population générale en l’absence de symptômes, ont pris des mesures dans ce sens, en préconisant l’utilisation de masques chirurgicaux ou de masques non chirurgicaux1 en tissu dits « alternatifs », « barrières » « ou grand public »2. En France, la fabrication de masques alternatifs se développe et fait l’objet d’un engouement croissant dans la population, et la proportion de personnes rapportant avoir utilisé un masque a augmenté depuis fin mars pour atteindre 59 % le 20-22 avril3.
Un avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) en date du 24 avril 2020 relatif à l’adaptation des mesures barrières et de distanciation sociale à mettre en oeuvre en population générale, hors champs sanitaire et médico-social, pour la maîtrise de la diffusion du SARS-CoV-2, « préconise de rendre obligatoire le port d’un masque grand public dans les établissements recevant du public, dès lors que la distance physique d’au moins 1 mètre ne peut être garantie ou s’il y a un doute sur la possibilité de l’organiser et la respecter ».
Dans la perspective du déconfinement annoncé le 11 mai 2020 par le gouvernement et d’une plus grande circulation de la population en France, il est nécessaire de pouvoir évaluer le bénéfice/risque d’une généralisation du port de masques chirurgicaux ou alternatifs dans l’espace public dont dépend un respect strict des recommandations d’utilisation pour en garantir l’efficacité.
Les questions abordées portent sur les points suivants :
- Quelle pourrait être la place du port de masque dans l’espace public pour limiter la transmission du virus SARS-CoV-2 ?
- Quelle est l’efficacité des masques pour limiter la transmission du virus SARS-CoV-2 en dehors du milieu de soins ?
- Quelle pourrait être la place des masques alternatifs dans un contexte de disponibilité limitée de masques chirurgicaux ?
- Quelles sont les conditions d’utilisation et d’entretien, les précautions nécessaires, en particulier pour les masques alternatifs ?
Messages à retenir
- Les données disponibles sont en faveur d’une transmission possible du virus SARS-CoV-2 par des personnes infectées avant l’apparition des symptômes ou avec des symptômes modérés ou ne présentant pas de symptômes.
- Le port systématique de masques dans l’espace public pour réduire la transmission du virus SARS-CoV-2 est discuté. Des études montrent une réduction modérée cependant non significative des infections respiratoires par le port de masque en communauté.
- Le port de masque doit être associé à l’application des mesures barrières.
- Dans un contexte où les ressources en masques chirurgicaux sont limitées, ces derniers devraient être réservés en priorité aux activités de soins.
- L’efficacité épidémiologique des masques alternatifs n’est pas acquise mais, sous réserve de remplir certaines conditions de fabrication et de matériel utilisé permettant de combiner capacité de filtration et respirabilité suffisante, leur utilisation pourrait aider à réduire la transmission dans la population.
- Si l’utilisation de masques alternatifs devait être encouragée, des consignes de fabrication, d’utilisation et d’entretien, ainsi que des informations sur les précautions à prendre (notamment limites d’utilisation des masques chez les enfants), devraient être élaborées et promues.
- L’utilisation de masques pourrait entraîner un sentiment de fausse sécurité et donc de relâchement des mesures barrières et de distanciation.
- Des messages simples et visuels sur leurs précautions d’utilisation, accompagnés d’un rappel sur l’importance du respect des mesures barrières, devraient être promus.
Utilisation des masques, en particulier non médicaux, dans l'espace public dans le cadre de la lutte contre le COVID-19. Synthèse rapid...
En savoir plusUtilisation et fabrication des masques : mode d'emploi
Pour savoir comment utiliser un masque :
- Site du gouvernement : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/masques-grand-public
Pour fabriquer un masque en tissu d’après le guide de l’AFNOR :
- Site du gouvernement : https://www.gouvernement.fr/fabriquer-un-masque-tutoriels-et-recommandations
- Site de l’AFNOR : https://masques-barrieres.afnor.org/home/faire-mon-masquebarriere
- Site Montissumasque, créé à l’initiative du Pr Bertrand Dautzenberg : https://montissumasque.com/fabriquer-son-masque/
1. Les masques chirurgicaux ou masques de soins sont à distinguer des appareils de protection respiratoire (APR), type masque FFP2. Les masques chirurgicaux et appareils de protection respiratoire ont vocation à être utilisés et réservés aux personnels de santé.
2. Dans la suite du texte, le terme masque alternatif sera utilisé pour désigner les masques non médicaux en tissu dit aussi masques « barrière » ou « masques grand public ».
3. Santé publique France, Enquête Santé publique France / Acces Panel BVA, auprès d’environ 2 000 panelistes de 18 ans et plus, données non publiées : « la proportion de personnes en France qui portent un masque dans l’espace public est passée de 25 % [23-26] à 58 % [56-60] entre le 23-25 mars et le 20-22 avril 2020. La proportion de Français qui en portent systématiquement est passée de 15 % [14-17] le 30 mars – 1er avril à 28 % [26-30] le 20-22 avril 2020. »