Les preuves scientifiques des bénéfices de l’activité sportive et physique s’accumulent, tant sur la santé physique, mentale que sociale. Or, de nombreux facteurs font obstacles à la pratique. Une quinzaine d’experts du sujet ont contribué à ce numéro et expliquent comment différents professionnels impliqués (collectivités, clubs et fédérations sportives, associations de citoyens, etc.) peuvent favoriser la santé en incitant l’ensemble de la société à lutter contre la sédentarité et « bouger plus » grâce à un environnement et des conditions favorables.
Pratiquer une activité physique régulière dès le plus jeune âge pour construire son capital physique, physiologique et psychosocial
La crise sanitaire de la COVID‑19 le met en exergue : la pratique régulière d’activités physiques et sportives permet de construire le capital physique, physiologique et psychosocial de l’ensemble des individus ; c’est l’un des antidotes essentiels concourant à la prévention de ce type de pandémie, car elle réduit la sédentarité et la prévalence des maladies chroniques. Les maladies cardio‑vasculaires, les insuffisances respiratoires, le diabète associé au surpoids sont largement surreprésentés parmi les admissions en services d’urgences en 2020 et 2021 en pleine épidémie de COVID-19. Par ailleurs, la pratique régulière d’activités améliore la santé mentale.
Le risque (renforcé aussi par les effets de la COVID‑19), dans une société « des écrans », de plus en plus « tertiarisée », notamment avec le développement des services à distance, est de voir se creuser encore davantage les inégalités d’accès à des modes de vie sains et actifs. Développer l’activité physique dès le plus jeune âge apparaît dès lors comme un outil nécessaire et largement sous‑utilisé des politiques publiques, parmi les réponses les plus efficaces en termes de coûts‑bénéfices.
En individuel ou en collectif : le concept de l’activité physique et sportive dans toute sa variété
Déterminant de santé majeur, mesuré et comparé au niveau national et international, l’activité physique est définie comme « tout mouvement corporel produit par contraction des muscles squelettiques entraînant une augmentation de la dépense énergétique ». De ce fait, elle englobe donc une large variété de situations (se déplacer, faire le ménage, bricoler, jardiner, etc.) et se déroule dans de nombreux lieux, en dehors d’encadrement ou d’infrastructure. Sous une forme la plus structurée, elle devient activité physique de loisirs, qui regroupe toutes les pratiques sportives, compétitives, récréatives qui mettent le corps en mouvement. Ceci peut être encadré, spontané, en accès libre ou non, se faire seul ou en équipe. Les pratiques encadrées sont majoritairement regroupées sous le terme de « sport ».
Au sommaire de ce numéro, plusieurs articles illustrent l’intérêt sanitaire et économique de l’activité physique et sportive pour l’ensemble de la société :
- initiatives à Lille autour du vélo,
- club-école de foot féminin en Île-de-France comportant un volet alimentation,
- création de terrains de sport au pied des immeubles dans les quartiers prioritaires de 25 villes de France,
- promotion du cyclisme de compétition mais aussi de la pratique de loisir et de son usage comme mode de transport par l’Union cycliste internationale,
- promotion du sport-santé via des infrastructures adaptées pour les citoyens suisses (exemple d’Yverdon-les-Bains où tous les équipements publics ou collectifs – parcs, cours d’écoles, places de parking – sont destinés à être utilisés pour pratiquer l’activité physique à « moins de 5 min de chez soi »), etc.
Savoir-faire mobilisés, stratégies d’interventions à adopter par les clubs sportifs, espaces de vie et d’éducation informelle, pour devenir des lieux « promoteurs de santé » et recommandations à destination des professionnels sont décryptés et synthétisés. Plusieurs articles sont ainsi consacrés au football, lequel peut être un levier éducatif et un vecteur d’apprentissage de la citoyenneté. L’enjeu est bien de renforcer le rôle sociétal de l’ensemble du tissu sportif et de capitaliser sur ce puissant catalyseur qu’est le sport, sur sa force émotionnelle universelle.