L’épidémie de Covid-19 a eu des conséquences directes ou indirectes au sein des populations en situation de vulnérabilité. C’est pourquoi, compte tenu des difficultés de recours au dépistage et d’accès aux soins pour les Gens du voyage et des difficultés de réalisation du contact tracing à distance, l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine a élaboré, dès le 30 mars 2020, un plan de lutte contre la Covid-19 spécifique à cette population.
Pour cela, les acteurs locaux ont été interrogés sur :
- les actions d’accompagnement entreprises auprès des Gens du Voyage,
- l’implication des médiateurs en santé et des relais communautaires dans la sensibilisation de cette population,
- les adaptations du contact tracing et de dépistage suivant leurs conditions de vie spécifiques,
- les résultats sur sa santé, etc.
Une action forte menée au niveau local et des acteurs impliqués
Pour identifier les modalités d’actions perçues, par les acteurs locaux, comme facilitantes pour la réalisation du contact tracing, du dépistage et de la réalisation d’actions de prévention pour lutter contre la Covid-19 auprès des Gens du voyage, Santé publique France, en collaboration avec la Fnasat (Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les Gens du voyage), a mené une étude qualitative de juin à septembre 2020 auprès des acteurs locaux de six départements de Nouvelle-Aquitaine : Gironde, Charente, Dordogne, Pyrénées-Atlantiques, Vienne et Lot-et-Garonne.
D’après les résultats de l’étude, ce plan de lutte s’est déployé grâce à un engagement fort de l’ARS permettant une coordination et une coopération de l’action publique au niveau local. Cela aurait favorisé l’établissement d’un parcours de soins Covid-19 adapté aux conditions de vie des Gens du Voyage. Des actions d’information, d’éducation et de communication soutenues par l’engagement et la mobilisation communautaire ont également favorisé les actions de lutte contre la Covid-19. Cette analyse a mis en évidence l’apport de la médiation en santé dans la recherche de cas groupés complexes de Covid-19, prenant en compte une démarche globale de la santé.
Quels sont les enseignements à tirer ?
Selon les acteurs, le plan a mobilisé les cinq axes interventionnels bénéfiques pour promouvoir la santé des populations tout en renforçant l’équité en santé grâce à l’intégration des bonnes pratiques et par les démarches éthiques de la médiation en santé pour agir auprès d’une population éloignée du système de soins.
L’étude met en lumière que la médiation en santé est une intervention prometteuse afin de prendre en compte les difficultés rencontrées par les personnes éloignées du système de soins. L’évaluation de son efficacité est actuellement en cours par un travail de recherche mobilisant Santé publique France, la Fnasat et l’Université de Bordeaux.
Pour favoriser l’implantation de la médiation en santé dans les interventions, une fiche théorique et une fiche technique « investigation écosystémique de cas groupés de Covid-19 au sein d’une population vulnérable » accompagnent le rapport. Elles indiquent les acteurs mobilisables, les conditions de succès de la démarche, contiennent un logigramme d’aide à la mise en place de la recherche de cas groupés.