Santé publique France a été missionnée par la Direction générale de la santé pour évaluer l’impact sanitaire à court, moyen et long termes de l’accident survenu le 26 septembre 2019 sur les sites des entreprises Lubrizol et NL Logistique à Rouen. Afin de répondre à cet objectif, un ensemble d’études épidémiologiques a été mis en place : le dispositif Santé Post Incendie 76.
La première enquête du dispositif, intitulée "Une étude à l’écoute de votre santé", porte sur la perception des pollutions générées par l’incendie, les symptômes et les problèmes de santé ressentis pendant et après l'événement, ainsi que sur la santé et la qualité de vie un an après. Elle est menée sur un échantillon représentatif des habitants de 122 communes de Seine-Maritime (76) concernées par l’accident, et d’habitants du Havre et ses environs pris comme population témoin.
La collecte des données de l’enquête a été réalisée de septembre à décembre 2020. Ce point d’actualité présente des informations sur son déroulement et les premiers chiffres de participation.
Santé publique France remercie tous les habitants de Seine-Maritime qui ont participé à l’enquête et pris le temps de répondre au questionnaire.
Les 3 phases de la collecte de données
Phase 1 : le questionnaire principal
Les personnes tirées au sort qui ont accepté de participer à l’étude pouvaient remplir le questionnaire principal, selon leur convenance, sur internet ou par téléphone en répondant à un enquêteur. Cette étape de la collecte des données a été conduite au cours des mois de septembre et octobre 2020.
Phase 2 : le questionnaire complémentaire sur la santé mentale
Les accidents industriels ont des conséquences fréquentes sur la santé mentale. Ils peuvent provoquer ou aggraver l’anxiété, la dépression et ce que l’on appelle le stress post-traumatique. Pour évaluer les conséquences psychologiques que l’incendie a pu avoir sur la population exposée, un volet complémentaire a été ajouté au questionnaire principal de l’étude. Ce questionnaire sur la santé mentale a été proposé aux personnes qui, ayant répondu au premier questionnaire, ont donné leur accord pour participer à une deuxième phase de l’étude. Il était possible de remplir ce questionnaire en ligne sur internet ou sur papier, en novembre et décembre 2020.
Phase 3 : l’enquête auprès des personnes résidant sur l’aire d’accueil des Gens du voyage du Petit-Quevilly
Le protocole de l’enquête prévoyait d’inclure dans l’étude tous les ménages vivant à proximité immédiate de l’incendie, dont font partie les Gens du voyage qui résident sur l’aire d’accueil du Petit-Quevilly. Cependant, pour des raisons techniques, ces personnes ne pouvaient pas être tirées au sort dans la base de sondage utilisée pour constituer l’échantillon d’enquête. Grâce à la collaboration active de l’association Relais-Accueil des Gens du voyage, il a été possible de faire participer ce groupe de population à l’étude. Les réponses aux deux questionnaires (principal et santé mentale) ont été collectées dans le même temps, au mois de décembre 2020, lors d’entretiens en face-à-face.
Le protocole et les questionnaires sont disponibles au téléchargement.
Une forte participation à l’étude
Nombre de personnes ayant répondu aux questionnaires
Sur les 10 777 personnes qui ont été tirées au sort, 4 777 adultes ont répondu au questionnaire principal et 1 306 d’entre eux ont répondu aux questions sur la santé de l’un de leurs enfants, également choisi au hasard.
Les objectifs de l’étude, qui étaient de recueillir des informations sur 5 000 adultes et 1 400 enfants, ont donc été quasiment atteints.
Parmi les adultes ayant répondu au questionnaire principal, 2 894 personnes (61%) ont accepté de répondre au questionnaire complémentaire sur la santé mentale.
Les informations ci-après concernent uniquement le questionnaire principal. Les chiffres sur la collecte des données du questionnaire sur la santé mentale seront bientôt disponibles sur le site internet.
Taux de participation à l’étude
Dans la zone d’étude, représentée par Rouen et ses environs, le taux global de participation a atteint 50%. Il a été un peu plus faible dans les communes situées au sud-ouest de l’incendie (strate ‘odeurs’, en bleu foncé sur la carte). Légèrement inférieur à celui de la zone d’étude, le taux de participation dans la zone témoin (Le Havre et ses environs, en vert sur la carte), a été de 40%.
Modalités de réponse au questionnaire principal
Profil des répondants
- Les femmes (54,6 % des personnes adultes interrogées) ont été plus nombreuses à participer que les hommes.
- Les adultes âgés de 35 à 44 ans sont les plus représentés dans l’échantillon (19,6 %).
- Dans la plupart des cas (33,9 %), les foyers sont constitués de 2 personnes. Les ménages avec les niveaux de revenus les plus élevés ont été plus nombreux à participer à l’étude, proportionnellement, que les foyers moins favorisés.
La figure ci-dessous représente les différences observées entre la structure sociodémographique de l’échantillon ("répondants") et celle de la population d’étude telle qu’elle est représentée dans la base de sondage. Elle montre que les écarts entre les deux sont minimes, de l’ordre de quelques pourcents : par exemple, l’échantillon comporte environ 4 % en moins de personnes âgées de +75 ans que la base de sondage, et 2 % en plus de foyers de 4 personnes.
Suite des analyses
Les informations recueillies par les questionnaires vont être enregistrées et organisées dans une base de données afin de réaliser les analyses statistiques.
Les analyses consisteront à décrire les perceptions de l’exposition à l’incendie (panache de fumées noires, odeurs, dépôts de suie et débris de toit, etc.) et à compter le nombre de personnes ayant vécu ces nuisances. Les symptômes et problèmes de santé ayant été ressentis pendant l’accident et ses suites seront recensés à cette étape, avec les soins médicaux qu’ils ont motivés, ainsi que la proportion de la population qui a été concernée par ces troubles. Les résultats de ces analyses descriptives seront disponibles au milieu du premier semestre 2021.
Des analyses plus complexes seront ensuite réalisées pour quantifier l’impact éventuel de l’accident industriel sur la santé de la population : un lien statistique sera recherché, d’une part, entre les expositions à l’incendie et les symptômes ressentis pendant et après l’événement, d’autre part, entre les expositions à l’incendie et les indicateurs de santé mesurés un an après. Les résultats et interprétations de ces analyses, qui concluront l’étude, seront associés si nécessaire à des recommandations de santé publique et diffusés à la fin du premier semestre 2021.