Les eaux usées sont des eaux polluées par des usages domestiques et/ou industriels. Elles peuvent être regroupées sous deux types :
- les eaux usées domestiques comprenant :
- les eaux ménagères (résultant de leur utilisation pour des usages liés à l’hygiène corporelle, du lavage du linge, de la vaisselle, des sols),
- les eaux vannes (eaux alimentant les chasses d’eau et par suite contaminées par matières fécales et urines) ;
- les eaux usées non domestiques (eaux de ruissellement d’origine pluviale, industrielles…).
Les eaux usées intègrent un ensemble de contaminants physique, chimiques et biologiques, d’origine humaine, environnementale et/ou industrielle en lien avec les activités et les usages d’un ensemble de personnes et/ou d’établissements.
Dans le cas de l’assainissement collectif, elles sont acheminées via des égouts (unitaires ou séparatifs selon l’acheminement conjoint ou non des eaux pluviales) vers une station de traitement des eaux usées où elles sont traitées avant d’être rejetées dans l’environnement.
Comprendre la circulation de virus SARS-CoV-2 dans la population grâce à la surveillance des eaux usées
Dans le cadre de l’épidémie de Covid-19 , la surveillance du virus SARS-CoV-2 dans les eaux usées via la recherche de son ARN a démarré dès le début de la pandémie de façon exploratoire en France et dans de nombreux pays. En effet, plusieurs initiatives et projets de recherche ont vu le jour en France dès l’année 2020 dans les secteurs publics et privés. Ainsi, en avril 2020, l’Observatoire épidémiologique des eaux usées (OBEPINE), un regroupement d’équipes de recherche, a été créé. D’autres entités sont également très actives dans ce domaine, parmi le secteur public (équipes de recherche, Services départementaux d’incendie et de secours) et privé.
Cette surveillance complète les autres dispositifs de surveillance sanitaires déjà déployés. Elle permet de détecter et de suivre la diffusion d’une maladie au sein d’une population, et peut être réalisée indépendamment des stratégies de dépistage mises en œuvre. L’intérêt principal est de pouvoir détecter de façon précoce les possibles signaux qui pourraient apparaître tels que la présence du génome du SARS-CoV-2 et des variants émergents.
Dans cette perspective, la Commission européenne a émis le 17 mars 2021 une recommandation incitant les États Membres à adopter une approche commune pour la mise en place d’une surveillance de la présence du SARS-CoV-2 et de ses variants dans les eaux usées.
Une mobilisation forte des agences sanitaires et des partenaires
Dans ce cadre, un dispositif national de surveillance des eaux usées est mis en œuvre sous l’impulsion des ministères en charge de la santé et de l’écologie dans lequel les agences sanitaires sont mobilisées :
- Le laboratoire d’hydrologie de Nancy de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) est désigné comme laboratoire national de référence pour la surveillance du SARS-CoV-2 dans les eaux usées et les boues de stations d’épuration, afin notamment de garantir la qualité des analyses.
- Santé publique France, agence nationale de santé publique en charge de la surveillance du Covid-19, est plus particulièrement chargée de la production et l’interprétation des indicateurs en lien avec la détection du génome du SARS-CoV-2 dans les eaux usées à des fins de santé publique et d’aide à la gestion.
A cet effet, un protocole de surveillance a été élaboré en 2021 afin de :
- préciser les objectifs de la surveillance des eaux usées dans une perspective de santé publique,
- définir une stratégie d’échantillonnage selon les objectifs et les phases de l’épidémie,
- émettre des propositions sur l’interprétation des indicateurs de surveillance des eaux usées, combinée aux autres sources de données de santé disponibles.
Il repose sur les expérimentations réalisées en France, dans les pays étrangers ainsi que les recommandations de l’OMS, des CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) américains, des Pays-Bas et de la commission européenne (UE 2021/472 du 17 mars 2021).
De par sa contribution à la mise en place du dispositif national de surveillance virologique du Sars-Cov-2 dans les eaux usées, Santé publique France sera notamment impliquée dans le comité de pilotage national et dans les travaux de normalisation des méthodes d’analyses (processus Afnor).