Des cas de variole du singe (Monkeypox en anglais) sans lien direct avec un voyage en Afrique du Centre ou de l’Ouest ou des personnes de retour de voyage ont été signalés en Europe et dans le monde depuis début mai 2022. Depuis cette date, l’épidémie concerne un nombre croissant de pays et la maladie fait l’objet, en France comme en Europe, d’une surveillance renforcée.
Le directeur général de l'OMS a annoncé, samedi 23 juillet, qu'il déclarait l'urgence de santé publique de portée internationale concernant cette épidémie. Il s'agit du plus haut niveau d'alerte de l'organisation pour déclencher une série d'actions des pays membres.
En France, les infections à orthopoxvirus font l’objet d’une surveillance pérenne par le dispositif de la déclaration obligatoire. Compte tenu de l’épidémie en cours, la surveillance de ces infections a été renforcée par Santé publique France et des messages d’information et d’alerte ont été adressés aux professionnels de santé et aux populations les plus à risque.
Point de situation en France
Au 4 août 2022 à 12h00, 2 423 cas confirmés ont été recensés en France. Les cas résidaient le plus fréquemment en Ile-de-France (862 cas soit 49 % des cas dont la région de résidence est connue), en Occitanie (210 cas, soit 12 %) et en Auvergne-Rhône-Alpes (181 cas, soit 10 %).
La distribution des cas par région de résidence (lorsqu’elle est connue) est présentée dans la figure 1 pour les cas résidant en France. Celle par région de signalement est présentée dans la figure 2.
La région de résidence n’est pas renseignée pour 653 cas et 8 cas résident à l’étranger.
Figure 1. Cas confirmés de variole du singe (n=1 762 cas) par région de résidence, France, mai-août 2022 (données au 04/08/2022 – 12h00)
Figure 2. Cas confirmés de variole du singe (n=2 420 cas) par région de signalement, France, mai-août 2022 (données au 04/08/2022 – 12h00)
La distribution des cas selon la date de début des symptômes (lorsque celle-ci est connue) est présentée en figure 3. La date de début des symptômes des cas s’étend entre le 7 mai 2022 et le 30 juillet 2022. Ils ont été diagnostiqués en médiane 6 jours (entre 0 à 36 jours) après le début des symptômes ; de ce fait et compte tenu des délais de déclaration, les données des dernières semaines ne sont pas consolidées.
Les déclarations reçues ne mentionnent pas toujours la date de début des symptômes ou la date de diagnostic du patient. En alternative de ces informations, la distribution des cas selon leur date de signalement est présentée en figure 4.
Figure 3. Cas confirmés de variole du singe (n=1 643 cas) par semaine de début des symptômes, France, mai-août 2022 (données au 04/08/2022 – 12h00). Les données des dernières semaines (en gris) ne sont pas totalement consolidées.
Figure 4. Cas confirmés de variole du singe (n= 2 422 cas) par semaine de signalement, France, mai-août 2022 (données au 04/08/2022 – 12h00). Les données de la dernière semaine (en gris) ne sont pas totalement consolidées.
Le creux de déclaration observé en semaine 28 (du 11 au 17 juillet) peut s’expliquer par le jour férié (le 14 juillet).
Tous les cas recensés à ce jour sont des adultes de sexe masculin, sauf 20 adultes de sexe féminin et 2 enfants (moins de 15 ans). Les cas adultes ont un âge médian de 36 ans ; 25% des cas adultes ont moins de 30 ans et 25% ont de 43 à 84 ans.
Parmi les cas investigués, 75 % ont présenté une éruption génito-anale, 70 % une éruption sur une autre partie du corps, 76 % une fièvre et 72 % des adénopathies.
Quarante-sept cas (2,9 %) ont été hospitalisés du fait de leur infection au virus Monkeypox, dont 39 (2,6 %) pour complications en lien avec ce diagnostic. En France, aucun décès n’a été signalé à ce jour.
Le délai médian de recours au test par date du début des symptômes est en diminution depuis le début de l’épidémie : il est passé de 13 jours en S18-2022 (2 au 8 mai) à 5 jours en S27-2022 (4 au 10 juillet).
Parmi les cas investigués, 69 sont immunodéprimés (5,0 % des cas ayant répondu) ; 369 sont séropositifs au VIH (soit 26 % des cas connaissant leur statut VIH). Chez les cas non porteurs du VIH, 677 sont sous prophylaxie pré-exposition ou « PrEP »* (soit 65 % des cas non porteurs du VIH ayant répondu à la question).
A ce jour, en France, 96 % des cas pour lesquels l'orientation sexuelle est renseignée sont survenus chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Parmi les cas pour lesquels l'information est disponible, 72 % déclarent avoir eu au moins 2 partenaires sexuels dans les 3 semaines avant l'apparition des symptômes.
La plupart des cas interrogés déclarent ne pas pouvoir identifier la personne qui les aurait contaminés ; 24 % sont des cas secondaires, c'est-à-dire qu’ils rapportent avoir été en contact avec un cas de variole du singe dans les trois semaines précédant la survenue des symptômes.
La prochaine actualisation de ce bilan aura lieu le mercredi 10 août.
*La PrEP est un traitement préventif du VIH destiné aux personnes non porteuses du VIH et y étant particulièrement exposées.
Les actions d’information et de prévention
Compte tenu de ce qui a été observé en Europe sur la maladie, une communication ciblée a été rapidement mise en œuvre en direction des personnes HSH. Le site sexosafe.fr, dédié à la sexualité des personnes HSH, est régulièrement mis à jour avec un résumé des connaissances sur le sujet et les mesures de prévention. Les messages rappelant les symptômes et la conduite à tenir en cas de symptômes ont été relayés via une campagne digitale. Depuis le 17 juin, la campagne digitale a généré près de 547 199 clics sur les bannières et plus de 454 226 visites du site Sexosafe.
Ce dispositif a été complété avec une campagne d’affichage dans les lieux de convivialité avec près de 1350 espaces d’affichage. Et depuis quelques semaines par une diffusion de spots sur des radios communautaires. En parallèle, des affiches, des flyers et des fiches-conseils ont été diffusés grâce aux acteurs associatifs, aux ARS et aux équipes de Sexosafe présentes sur le terrain, dans le cadre des marches des fiertés et dans les lieux de convivialité HSH. A ce jour, 2 842 affiches et 93 850 flyers ont été commandés.
Une campagne digitale sur la vaccination préventive a débuté le 25 juillet et des outils pour le terrain également seront mis à disposition dans les jours à venir, suite à la publication de l’avis de la Haute Autorité de Santé du 07 juillet.
Les actions de prévention s’adaptent en continu à l’évolution de la situation et l’état des connaissances.
- Accéder aux documents de prévention
- Info variole du singe | Affiche
- Info variole du singe - Monkeypox | Flyer
En France, la surveillance pérenne de la variole du singe par le dispositif de la déclaration obligatoire est renforcée et des messages d’informations et d’alerte sont adressés aux professionnels de santé. Les échanges se poursuivent par ailleurs avec les autres pays européens, l’OMS et l’ECDC.
Monkeypox info service : un dispositif d’écoute pour répondre aux questions sur la variole du singe
Depuis mercredi 13 juillet, un dispositif d’écoute est ouvert afin de répondre aux questions suscitées par la variole du singe. Subventionnée par Santé publique France et portée par SIS Association, la ligne téléphonique « Monkeypox info service » est accessible tous les jours de 8h à 23h, au numéro vert 0 801 90 80 69 (appel et services gratuits, anonyme et confidentiel). Ce dispositif a en charge d’accompagner les messages de prévention et les mesures de protection, d’informer sur les symptômes, les traitements et la vaccination, de conseiller et d’orienter vers les dispositifs de prise en charge.
Depuis l’ouverture de la ligne, 4 393 entretiens ont été réalisés sur Monkeypox info service.
La vaccination préventive contre la variole du singe
Face à la diffusion du virus Monkeypox (variole du singe), la Haute Autorité de santé, saisie par la Direction générale de la santé a recommandé dans son avis du 7 juillet 2022 qu’une vaccination préventive soit proposée aux groupes les plus exposés au virus.
Concernant le déploiement de la vaccination, 53 232 doses de vaccin de 3ème génération ont été livrées par l’Agence aux territoires au 04/08/2022.
Depuis le 11 juillet 2022, en plus des personnes qui ont eu un contact à risque avec une personne malade, les personnes entrant dans les indications retenues par la HAS peuvent prendre rendez-vous pour se faire vacciner sur l’ensemble du territoire :
- Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes rapportant des partenaires sexuels multiples.
- Les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples.
- Les travailleurs-ses du sexe.
- Les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle.
La vaccination peut aussi être envisagée au cas par cas pour les professionnels de santé amenés à prendre en charge les personnes malades.
Pour en savoir plus sur la vaccination et l’accès aux lieux de vaccination :
Qu’est-ce que la variole du singe (Monkeypox) ?
La variole du singe est une maladie infectieuse due à un Orthopoxvirus. Cette maladie zoonotique est habituellement transmise à l’Homme dans les zones forestières d’Afrique du Centre et de l’Ouest par des rongeurs sauvages ou des primates, mais une transmission inter-humaine est également possible, en particulier au sein du foyer familial ou en milieu de soins.
Comment se transmet-il ?
Le virus de la variole du singe peut être transmis par contact direct avec les lésions cutanées ou les muqueuses d’une personne malade, ainsi que par les gouttelettes (salive, éternuements, postillons…). Les rapports sexuels, avec ou sans pénétration, réunissent ces conditions pour une contamination, et avoir plusieurs partenaires augmente le risque d’être exposé au virus. En particulier, le contact direct avec une peau lésée durant un rapport sexuel facilite la transmission.
La contamination peut aussi avoir lieu au contact de l’environnement du malade (literie, vêtements, vaisselle, linge de bain…). Il est donc important que les malades respectent un isolement pendant toute la durée de la maladie (jusqu’à disparition des dernières croutes, le plus souvent 3 semaines).
En Afrique centrale ou de l’Ouest l’homme peut aussi s’infecter au contact d’animaux, sauvages ou en captivité, morts ou vivants, tels que les rongeurs ou les singes.
Quels sont les symptômes ?
L’infection par le virus de la variole du singe peut provoquer une éruption vésiculeuse, faite de vésicules remplies de liquide qui évoluent vers le dessèchement, la formation de croutes puis la cicatrisation. Des démangeaisons peuvent survenir. Les vésicules se concentrent plutôt sur le visage, dans la zone ano-génitale, les paumes des mains et plantes des pieds, peuvent être présentes mais également sur le tronc et les membres. Les muqueuses sont également concernées, dans la bouche et la région génitale. Cette éruption peut s’accompagner de fièvre, de maux de tête, des courbatures et d’asthénie. Les ganglions lymphatiques peuvent être enflés et douloureux, sous la mâchoire, au niveau du cou ou au pli de l’aine. Des maux de gorge sont également signalés.
L’incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours. La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines mais parfois 4 semaines.
La variole du singe est-elle grave ?
La maladie est plus grave chez les enfants et chez les personnes immunodéprimées. Elle peut se compliquer d’une surinfection des lésions cutanées ou d’atteintes respiratoires, digestives, ophtalmologiques ou neurologiques.
En Europe, 2 décès (Espagne) ont été rapportés à ce jour.
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