Les populations en situation de précarité par l’exclusion du logement, qu’elles soient sans-abris ou hébergées ont été surexposées à l’épidémie de COVID-19 avec une morbi-mortalité plus importante, du fait de facteurs liés à leurs conditions de vie principalement (manque d’accès aux soins, promiscuité). La vaccination de ces personnes contre la COVID-19, reste un enjeu important malgré l’effort de nombreuses associations sur le terrain et l’introduction du pass sanitaire en juillet 2021. Dans ce contexte, a été lancée l'étude PREVAC auprès de populations précaires, pilotée par Epicentre, à laquelle Santé publique France a contribué.
Vaccination contre la COVID-19 : les démarches mises en place pour agir
Afin de mieux agir contre les obstacles à la vaccination contre la COVID-19, Santé publique France a mis en place une démarche de mobilisation et de partage des connaissances impliquant chercheurs, acteurs de terrain et décideurs : le programme mobilisation des connaissances (MobCo).
Cette démarche a permis un cadre structurant et mobilisateur auprès des partenaires, et un partenariat avec Epicentre/MSF pour la conception de l’étude PréVac. Cette étude a permis d’estimer l’accès de ces populations à la primo-vaccination et d’identifier les facteurs associés à cette primo-vaccination.
Réalisée auprès de 3800 personnes vivant dans la rue, des squats ou des bidonvilles, en centres d’hébergement ou en foyers de travailleurs, cette étude est la première réalisée en Europe. Elle fournit des données en population réelle, et souligne le besoin d’une stratégie vaccinale ciblée sur ces populations.
Etude Prévac : quels sont les résultats et les enseignements à tirer ?
Un accès à la vaccination très différencié selon le type de logement
L’étude a été menée en Ile-de-France et à Marseille sur 227 sites. Les personnes participantes ont été interrogées en face-à-face sur leur lieu de vie (rue, métro, campement, squat ou bidonville, centre d’hébergements, dispositif national d’Accueil et dispositif d’Hébergement d’Urgence, hôtel dit du 115 géré par le Samu Social, foyer de travailleurs ou encore en aire d’accueil de gens du voyage).
Les résultats montrent que les personnes sont moins vaccinées que la population générale et avec un décalage de 2 mois pour cette primovaccination. Ce taux de vaccination est fortement gradué selon le type de logement : en Ile-de-France, la primo-vaccination était proche de 80% dans les foyers de travailleurs, les centres d’hébergements, et les hôtels sociaux. Elle était de deux fois moindre - autour de 40% - chez les personnes vivant dans les aires permanentes d’accueil de gens du voyage, les bidonvilles, les squats informels et les personnes vivant dans la rue, que ce soit en Ile-de-France ou à Marseille.
Ces résultats soulignent le rôle crucial du logement, comme déterminant structurel de santé et montrent que le gradient d’intégration sociale et de précarité va de pair avec celui de la vaccination : plus la personne est exclue et marginalisée, moins elle est vaccinée.
Deux stratégies de vaccination complémentaires : « ramener vers » et « aller vers »
L’autre enseignement porte sur la nécessité des deux stratégies de vaccination du « Ramener vers » et « Aller vers » mobilisés pour ces populations. Si la vaccination a été principalement (54,9%) effectuée dans les centres de vaccination ouverts à tous, montrant l’importance des dispositifs de droit commun, le recours aux dispositifs plus spécifiques « d’aller-vers » ont concerné près de 20% des personnes et ont permis de multiplier par trois la probabilité de recevoir le vaccin pour les publics à la rue, les personnes récemment arrivées en France ou les gens du voyage. Des résultats qui soulignent la complémentarité de ces approches. Globalement, les tiers de confiance – travailleurs sociaux et hébergeurs - ont joué un rôle majeur dans la diffusion des informations sur la vaccination.
Les facteurs associés à l’accès à la primo-vaccination
Ces facteurs étaient : être âgés de plus de 65 ans, être francophone, posséder ou d’être en attente d’un titre de séjour valide, avoir une couverture maladie, être suivi par un médecin traitant, avoir une opinion personnelle positive sur la vaccination ou avoir un entourage favorable au vaccin, avoir des sources d’information via l’hébergeur, éviter internet et la presse.
Par ailleurs, avoir besoin du pass sanitaire, prendre des repas fournis par son hébergeur, avoir été hospitalisé pour COVID-19 et faire confiance aux autorités pour la gestion de la crise étaient également des facteurs positivement associés à la primovaccination.
Concernant les raisons de l’adhésion ou du refus, près d’un quart des participants déclaraient le pass sanitaire comme la raison déterminante de leur vaccination, les raisons de non-vaccination étant principalement liées à des refus de vaccination, alimentés par la crainte des effets secondaires et le sentiment d’inefficacité du vaccin.
Pour en savoir plus
- PREVAC : estimation de la couverture vaccinale et des facteurs associés à la vaccination contre la COVID-19 auprès des populations en situation de précarité
- MobCo : COVID-19 et vaccination des populations précaires
- Le logement, déterminant majeur de la santé des populations. Le dossier de La Santé en action, n° 457, septembre 2021