L’utilisation des dispositifs invasifs lors de la prise en charge des patients peut être associée à des infections graves, en particulier des bactériémies et des pneumopathies. Ces infections sont une cause importante de mortalité et de morbidité. L’objectif de cette surveillance, associée à des actions d’évaluation et de formation est de réduire ces infections.
En effet, sous le pilotage de Santé publique France, la mission nationale de surveillance et de prévention des infections associées aux dispositifs invasifs (SPIADI) a élaboré un programme visant à diminuer l’incidence des infections associées aux dispositifs invasifs. Ce programme comporte trois volets en synergie : la surveillance des infections 3 mois chaque année pour l’ensemble des secteurs de soins, une campagne annuelle d’observation des pratiques, et la formation des professionnels de santé en charge de la pose et de l’utilisation des dispositifs invasifs. La combinaison de ces éléments permet de réduire jusqu’à 50% les infections liées à ces dispositifs.
Menée pendant 3 mois entre le 1er janvier et le 15 juillet 2020, cette surveillance est la seconde édition de la surveillance des infections associées aux dispositifs invasifs menée dans le cadre du réseau national SPIADI, après celle menée en 2019 par le Centre de prévention des infections associées aux soins (CPias) Centre Val-de-Loire.
Les chiffres de la participation en 2020
En dépit de la pandémie COVID-19, le programme national de surveillance des infections associées aux dispositifs invasifs a mobilisé un établissement sur quatre.
La surveillance des infections associées aux dispositifs invasifs a ainsi concerné :
- 878 établissements de santé
- 255 services de réanimation adulte ou pédiatrique (+4 % par rapport à 2019)
- 34 services de réanimation néonatale (+21 % par rapport à 2019)
- 140 services spécialisés en hémodialyse
- 163 454 lits surveillés
- 10 002 213 journées d’hospitalisation
Les nombres importants de participants, de lits, de journées d’hospitalisation surveillés, ainsi que le suivi pendant 3 mois du nombre d’infections permettent de produire des taux d’incidence des infections pour chaque type d’établissement et chaque secteur.
Principaux résultats de la 2e enquête de surveillance nationale des infections associées aux dispositifs invasifs (SPIADI)
Surveillance des bactériémies liées à un cathéter : vigilance sur l’incidence en réanimation
- En 2020, l’incidence des bactériémies sur cathéter veineux central (CVC) en réanimation était de 1.67/1000 journées de cathétérisme alors que la cible du Propias pour cet indicateur est inférieure à 1/1000 journées de cathétérisme
- Les principaux micro-organismes en cause dans les bactériémies liées à un cathéter sont les staphylocoques à coagulase négative (38%), S. aureus (20%) et les entérobactéries (22,4%)
Surveillance des pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (PAVM) : pas de diminution d’incidence en 2020
- 896 pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (PAVM) ont été recensées
- L’incidence des pneumopathies acquises sous ventilation mécanique (PAVM) a été estimée à 22,67 pour 1 000 journées de ventilation
- Les principaux microorganismes associés aux PAVM, sont les entérobactéries (42,8 %), P. aeruginosa (20,6 %), S. aureus (14,4 %) et Candida (3,4 %)
L’impact de la pandémie de COVID-19
La pandémie de COVID-19 a modifié les activités des services, en réanimation et en dehors.
La comparaison des taux d’incidence observés en 2019 et en 2020 pour une cohorte de 65 services de réanimation montre une élévation de la densité d’incidence des bactériémies liées à un cathéter central en 2020 dans les CHU/CHR/HA, sans augmentation de l’incidence des PAVM.
Quels enseignements peut-on en tirer ?
Les résultats présentés dans le rapport confirment les choix stratégiques décidés au niveau national, et en particulier celui d’étendre la surveillance en dehors des services de réanimation.
En dépit du contexte difficile lié à la crise sanitaire, la forte mobilisation (près de 900 ES participants) et la diversité des établissements ayant participé à la campagne est une donnée très encourageante. Néanmoins, pendant la période de pandémie Covid-19, la baisse des taux attendus n’a pas été observée et la cible du Programme national Propias n’a pas été atteinte. Cette période d’intense activité dans les établissements de santé, la gravité des patients pris en charge (Covid-19 et non-covid-19) ainsi que les déficits en personnels soignants peuvent apporter des éléments d’explication à ces résultats.
Les responsables locaux sont encouragés à poursuivre leur participation ou à rejoindre le réseau afin de connaître leur situation et déterminer leurs priorités d’action. Leur participation à chaque campagne annuelle permet de suivre l’impact des actions de prévention mises en œuvre sur le terrain.