De 1983 à 2016, les hommes qui avaient eu au moins un rapport sexuel avec un autre homme au cours de leur vie n’avaient pas le droit de donner leur sang, du fait d’un risque majoré de cette population d’acquérir le VIH. Grâce à l’amélioration de la sélection des donneurs de sang et de la performance des tests de dépistage, une première évolution des critères de sélection du don de sang a eu lieu en 2016, permettant aux hommes qui ont des rapports sexuels entre hommes (HSH) de donner leur sang à la condition de ne pas avoir eu de rapport entre hommes au cours des 12 mois précédant le don. L’évaluation de cette mesure, publiée en 2018, a montré que cette évolution n’avait pas eu d’impact négatif sur le risque résiduel de transmission du VIH par transfusion, c’est-à-dire n’avait pas augmenté la probabilité qu’un don infectieux ne soit pas détecté par les tests de dépistage utilisés pour qualifier les dons de sang.
C’est dans ce contexte qu’en avril 2020, le ministère chargé de la Santé a de nouveau élargi les conditions d’accès au don de sang des hommes ayant des rapports sexuels entre hommes en diminuant la durée d’ajournement de 12 à 4 mois sans rapport sexuel entre hommes. L’impact sur les indicateurs épidémiologiques de ce nouvel élargissement a été présenté lors du Congrès de la Société francophone de transfusion sanguine, le 1er décembre 2023.
Pas d’impact négatif constaté suite à l’évolution des critères de sélection des HSH en 2020, mais un suivi soutenu concernant les cas de syphilis
En comparant les deux périodes de 30 mois avant (P1 – 01/10/17-01/04/20) et après (P2 – 02/04/20-30/09/22) le 2 avril 2020, Santé publique France a montré que cette seconde évolution n’avait pas non plus eu d’impact négatif sur la sécurité transfusionnelle : les taux de dons positifs pour le VIH, le VHC ou le VHB ont diminué entre les deux périodes étudiées. Seul le taux de dons positifs pour la syphilis a augmenté, passant de 1,10/10 000 dons en P1 à 1,29 en P2.
Quels sont les facteurs pouvant expliquer cette augmentation du taux de syphilis ?
- épidémiologique : augmentation du nombre de cas de syphilis en population générale entre 2020 et 2022 ;
- technique : déploiement par l’EFS, à partir de fin 2021 de nouveaux tests, plus sensibles ;
- contextuel : ouverture du don de sang aux HSH, sachant que la majorité des cas de syphilis en population générale concerne des HSH et que les tests de dépistage utilisés par l’EFS ne permettent pas de distinguer les syphilis actives des syphilis cicatricielles (=syphilis anciennes).
Cette augmentation fait l’objet d’une surveillance soutenue afin de vérifier si cette hausse se poursuit. Néanmoins, elle n’a pas d’impact sur la qualité des produits sanguins labiles car le dépistage systématique sur chaque don de sang permet d’écarter du circuit transfusionnel toute poche de sang qui présenterait une anomalie.
Pas d’impact négatif sur les indicateurs VIH, VHB et VHC
Les résultats de l’évaluation montrent également que les risques résiduels de transmission du VIH, du VHC et du VHB sont restés à des niveaux très faibles. Ainsi, le risque résiduel de transmission du VIH était de 1 don potentiellement infecté tous les 7 800 000 dons en P1 et 1/10 500 000 dons en P2 ; pour le VHC, il était de 1/25 200 000 dons en P1 et 1/47 300 000 dons en P2 et pour le VHB il était de 1/6 400 000 en P1 et 1/6 000 000 en P2.
En mars 2022, les critères de sélection ont de nouveau été modifiés et l’ajournement des HSH est passé de 4 mois sans rapport sexuel entre hommes à 4 mois sans plus d’un partenaire sexuel quel que soit son genre, soit un critère identique pour tous les donneurs de sang. Cette dernière évolution est encore trop récente pour être évaluée, mais fait l’objet d’un suivi régulier.