Principalement de formes pseudo-grippales, la leptospirose est aussi à l'origine de formes graves pouvant causer le décès. La maladie se transmet à l’Homme par contact de la peau lésée ou d'une muqueuse avec de l'urine d'animaux porteurs de l'infection ou d’un environnement (eau douce, terre humide) contaminé par cette urine.
Afin d’agir et prévenir les risques d'épidémie, mais aussi pour analyser l'évolution dans le temps de ces maladies, améliorer les connaissances et adapter les politiques de santé publique aux besoins de la population, certaines maladies doivent être déclarées par les professionnels de santé, ce sont les maladies à déclaration obligatoire (MDO). Ce dispositif compte désormais 38 maladies à DO, avec l’ajout de la leptospirose depuis le 24 août 2023.
Pourquoi la leptospirose rejoint les MDO ?
En France hexagonale, incluant la Corse, l'incidence annuelle est estimée à environ 1 cas pour 100 000 habitants depuis 2014, correspondant à environ 600 à 700 cas répertoriés annuellement par le Centre national de référence et ses laboratoires partenaires sur l'ensemble du territoire. Ce système de surveillance n’a jamais été évalué et l’exhaustivité de ce réseau n’est pas connue, avec une probable sous-estimation du nombre de cas.
Dans les Départements ou régions d'Outre-Mer et les collectivités d’Outre-Mer, la leptospirose y est endémique et l’incidence est, selon les territoires, de 10 à 70 fois plus élevée qu’en France hexagonale. Des pics épidémiques apparaissent lors de la saison des pluies ou de phénomènes climatiques inhabituels tels que les cyclones.
Actuellement, beaucoup d'informations et de connaissances manquent sur la leptospirose notamment au sujet de l’incidence réelle de la maladie, de l’émergence de souches nouvelles, du risque de transmission à l’être humain à partir de réservoirs animaux émergents etc.
L’ajout de la leptospirose à la liste des MDO permettra :
- une meilleure connaissance de l’épidémiologie de la leptospirose et un meilleur suivi de la morbidité et de la mortalité ;
- d’évaluer le poids de la maladie ;
- de mieux caractériser les populations à risque afin de cibler les interventions de santé publique en les adaptant à l’épidémiologie locale.
L’inscription de la leptospirose en tant que MDO permettra également l’identification de cas groupés aux fins de mettre en œuvre les mesures de gestion adaptées :
- alerte aux voyageurs et résidents de zone en hyper-endémie à la suite d’évènements climatiques inhabituels (ex : cyclone, tempête, mousson, crue) ;
- fermeture de l’accès à des cours d’eau ;
- application de moyens de lutte contre les réservoirs (ex : dératisation, contrôle des populations animales, contrôle des effluents des élevages industriels, drainage des zones inondées).
L’action de Santé publique France dans la surveillance des MDO
Dans le cadre de la surveillance régionale et nationale, les épidémiologistes de Santé publique France centralisent l'ensemble des données, les analysent et les transmettent aux pouvoirs publics avec des recommandations sur les mesures ou actions à mettre en place.
Ils apportent une expertise scientifique aux Agences régionales de santé (ARS) pour les investigations épidémiologiques, notamment lors de la survenue d'épidémies. Enfin, ils assurent la communication de ces informations aux acteurs du dispositif, à la communauté médicale et scientifique, et à la population.
Par ailleurs, le ministère chargé de la Santé et plus particulièrement la Direction générale de la santé sont destinataires des alertes sanitaires et interviennent, en tant que de besoin, dans les décisions en matière de gestion des risques en lien avec les ARS. Les données de surveillance sont transmises par Santé publique France au ministère chargé de la Santé qui les utilise pour définir et adapter les politiques de santé publique.
Quels sont les gestes à adopter pour se protéger de la leptospirose ?
Les mesures de prévention reposent sur des actions de contrôle collectives, telles que la dératisation, la maîtrise des populations animales en milieu rural, la gestion des effluents des élevages industriels, le drainage des zones inondées et la gestion globale des déchets.
La prévention de la leptospirose repose également sur des mesures individuelles de protection contre la contamination par les urines d’animaux.
- Porter des équipements de protection adaptés lors :
- des activités professionnelles à risque (élevage, égoutiers, éboueurs, agriculteur, travail de la terre etc.) incluant bottes, gants, cuissardes, vêtements de protection, voire lunettes anti- projections en cas de risque de projection ;
- de la pratique de sports en eau vive tels que le canyoning, le kayak, incluant une combinaison protectrice, des bottillons et des gants.
- Éviter de se baigner dans l’eau trouble ou boueuse.
- Éviter de marcher pieds-nus ou en sandales ouvertes sur un sol boueux, dans les flaques, eaux stagnantes, ravines (en particulier dans les départements ultra-marins).
- Protéger les plaies du contact de l’eau par des pansements étanches.
Après une exposition à risque il faut :
- Laver à l’eau potable et désinfecter les plaies.
- En cas de fièvre, consulter un médecin en mentionnant l’activité à risque pratiquée.
Un vaccin contre la leptospirose existe pour les personnes les plus exposées aux risques d’infection
En France, il existe un vaccin efficace contre L. Icterohaemorrhagiae (responsable de 30% des cas de leptospirose signalés). Ce vaccin nécessite trois injections initiales, suivies d'un rappel tous les deux ans. Il est réservé aux catégories professionnelles exposées à des risques élevés, comme les égoutiers ou les éboueurs, ainsi qu'aux personnes pratiquant régulièrement des activités récréatives à risque, après une évaluation individuelle effectuée par un médecin. Cependant, la vaccination des groupes à risque ne remplace en aucun cas la mise en œuvre systématique de mesures de prévention.