Lancement d’un nouveau réseau de surveillance hospitalière : le projet Orchidée

En octobre, le nouveau réseau de surveillance hospitalière « Orchidée » a été lancé en France. Maillon complémentaire au dispositif de surveillance actuel, il permettra d’avoir une vision exhaustive et en temps proche du réel de la situation sanitaire à hôpital.

Publié le 11 octobre 2024

Le projet Orchidée (Organisation d’un Réseau de Centres Hospitaliers Impliqués Dans la surveillance Epidémiologique et la réponse aux Emergences), coordonné par Santé publique France, a pour objectif de mettre en place une surveillance épidémiologique multi-thématiques, à partir de données provenant de l’ensemble des services des hôpitaux participant au réseau. Le réseau couvre l’ensemble des régions en hexagone ainsi que les Antilles françaises. Le 9 octobre 2024, s’est tenue la réunion de lancement du projet Orchidée dans les locaux de l’Agence, avec une centaine de participants représentant les membres du Consortium. 

La surveillance en temps réel, un enjeu primordial confirmé par l’épidémie du COVID-19    

La prise en charge de l’épidémie du COVID-19 par les autorités sanitaires françaises a montré l’importance de suivre quotidiennement la dynamique d’un phénomène émergent pour mieux contrôler sa diffusion dans la population. La mise à disposition en open data de ces indicateurs, à des niveaux géographiques infra-communaux, permet également de mieux appréhender la dynamique des épidémies. Aujourd’hui, si la surveillance épidémiologique menée par Santé publique France repose sur un système multi-sources qui intègre les données provenant des services d’urgence, il est important, pour disposer d’une vision exhaustive, de compléter cette surveillance hospitalière avec des hospitalisations conventionnelles ou d’autres services (notamment en réanimation).

Orchidée va combler un élément manquant dans le dispositif actuel de surveillance en France, en permettant de connaître de manière réactive la situation sanitaire dans les grands hôpitaux français en termes de morbidité et/ou mortalité pour un ensemble de pathologies. Il va également permettre de se préparer aux futures situations sanitaires exceptionnelles et notamment à l’émergence de nouveaux virus pouvant entraîner un fardeau important en termes de morbidité et/ou mortalité dans les hôpitaux. 

Un projet innovant s’appuyant sur des entrepôts de données des hôpitaux 

Les données saisies dans le cadre du soin au sein des établissements et autres structures de santé sont nombreuses et présentent un important potentiel pour la recherche, l’innovation et l’amélioration des systèmes de soin et l’épidémiologie. Le développement des entrepôts de données de santé hospitaliers permet de concentrer et d’organiser ces données en facilitant ainsi leurs utilisations. 

Jusqu’à présent, les stratégies de développement de surveillance s’appuyaient soit sur l’adaptation des logiciels existants soit sur la construction d’un nouveau système d’information. Aujourd’hui, le projet Orchidée s’appuie sur le concept de l’utilisation secondaire des données de santé via les entrepôts de données de santé hospitaliers (EDSH) pour améliorer la surveillance épidémiologique à l’hôpital. Un EDSH collecte et structure les informations médicales des patients fréquentant un établissement de santé au sein d’une base de données unique. 

Pour la première fois en France, la surveillance hospitalière reposera sur des données existantes, stockées dans des entrepôts de données hospitaliers, à l’échelle nationale, pour un ensemble de pathologies. Orchidée permettra d’avoir une vision fine de la dynamique des épidémies et une réponse à des situations sanitaires exceptionnelles. D’autre part, le modèle fédéré d’Orchidée est innovant au sens où il repose sur un réseau d’hôpitaux qui vont produire chacun des indicateurs épidémiologiques.

Les avantages de se baser sur le principe d’utilisation secondaire des données en se greffant aux entrepôts des hôpitaux sont nombreux. Tout d’abord, une valorisation des données existantes et riche d’enseignement, une moindre sollicitation du système de soins en évitant des nouvelles saisies et une garantie d’une qualité des indicateurs.

Ce modèle doit se généraliser pour renforcer les capacités nationales, régionales et européennes à surveiller les maladies et à valoriser les données de santé renseignées quotidiennement par les hôpitaux.

Un projet répondant aux enjeux sanitaires nationaux mais également européens

Avoir une vision de l’évolution de phénomènes de santé en temps réel à l’échelle européenne est l’un des enjeux du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) qui coordonne depuis plus de 15 ans un réseau de surveillance épidémiologique. Sans une amélioration significative des infrastructures de surveillance existantes, les États membres de l’Union européenne risquent d'être confrontés à des défis similaires à ceux observés au début de la pandémie du COVID-19. Ainsi, l’ECDC et le Bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé s’accordent sur l’urgence de mettre au point et de maintenir des systèmes de surveillance intégrée du COVID-19, de la grippe et éventuellement, d'autres infections virales respiratoires (telles que le VRS ou de nouvelles maladies virales préoccupantes pour la santé publique) au sein de l’Union européenne. Cela justifie un certain nombre d'actions concertées de la Commission européenne pour aider les états membres à renforcer leurs systèmes de surveillance.

Les acteurs impliqués dans le projet Orchidée 

Le projet Orchidée repose sur un consortium coordonné par Santé publique France auquel participent 25 centres hospitaliers universitaires (Amiens, Angers, Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, Besançon, Bordeaux, Brest, Caen Normandie, Dijon, Grenoble, Guadeloupe, Lille, Limoges, Lyon, Martinique, Metz-Thionville, Montpellier, Nantes, Nancy, Nice, Poitiers, Reims, Rennes, Rouen, Strasbourg, Tours), le Health Data Hub, la Plateforme des Données de Santé, l’Université de Bordeaux, et l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique.