En France et dans le monde, les troubles musculo-squelettiques (TMS) constituent la première cause de morbidité liée au travail1 et la 1re cause de maladies professionnelles indemnisées avec 88 % des maladies professionnelles reconnues par le régime général : 44 492 cas en 20192.
Santé publique France publie aujourd’hui des données inédites sur les prévalences des TMS en population générale et par catégories socioprofessionnelles et secteurs d’activité issues du Baromètre Santé 2021 ainsi qu’une mise à jour des indicateurs annuels de surveillance du syndrome du canal carpien et de la hernie discale lombaire en population générale, également disponibles en open data sur l’observatoire cartographique de Santé publique France Géodes.
L’ensemble de ces données issues d’une surveillance épidémiologique multi-sources sont des connaissances indispensables pour les acteurs de la santé au travail que ce soit en prévention ou en recherche. Elles confirment le poids important que représentent les TMS en France, avec près de 60 % des femmes et plus de 50 % hommes déclarant des douleurs liées aux TMS du dos ou du membre supérieur.
Les troubles musculo-squelettiques touchent aussi bien les hommes que les femmes
L’étude montre que la prévalence de l’ensemble des TMS étudiés (dos et membre supérieur) dans la population générale de 18 à 64 ans s’établit à 58 % chez les femmes et 51 % chez les hommes. La prévalence des TMS du dos est de 47 % chez les femmes et de 40 % chez les hommes ; celle des TMS du membre supérieur est plus faible avec 30 % chez les femmes et 27 % chez les hommes. Pour les deux localisations, la prévalence augmente avec l’âge pour les deux sexes.
Chez les actifs occupés de 18 à 64 ans, les données sont comparables avec 60 % chez les femmes et 54 % chez les hommes déclarant des TMS du dos et du membre supérieur. La prévalence des TMS du dos est de 48 % chez les femmes et de 42 % chez les hommes ; celle des TMS du membre supérieur est plus faible : 31 % chez les femmes et 28 % chez les hommes.
Les TMS les plus souvent déclarés sont les lombalgies hors sciatiques au niveau du dos et les TMS de l’épaule au niveau du membre supérieur.
Prévalence de TMS en France, dans la population générale et dans la population des actifs occupés selon la catégorie socioprofessionnel...
En savoir plusUn nombre d’interventions du syndrome du canal carpien et pour hernie discale lombaire stables entre 2018 et 2022
En France, en 2022, l’intervention du syndrome du canal carpien (SCC) a concerné 124 011 personnes et celle pour hernie discale lombaire (HDL) 20 971 personnes. Des résultats relativement stables par rapport à 2018 (125 430 pour le SCC et 29 627 pour la HDL).
Les femmes étaient majoritaires parmi les patients se faisant opérer d’un SCC alors que les hommes étaient plus nombreux à avoir subi une intervention chirurgicale pour HDL. Par ailleurs, quelle que soit la pathologie considérée, les taux d’incidence étaient plus élevés dans la population en âge de travailler (20-64 ans) que dans la population générale.
Sur la période d’étude, les taux d’incidence étaient à la baisse pour la HDL (baisse annuelle moyenne de 3,3% chez les femmes et de 4,2 % chez les hommes) ainsi que pour le SCC chez les femmes (-2,1 % en moyenne). Seul le taux d’incidence de SCC chez les hommes montrait une augmentation annuelle moyenne positive (+0,6 %).
Certains secteurs d’activité plus à risque de troubles musculo-squelettiques
Ce travail a permis de détecter les secteurs d’activité à cibler prioritairement pour mener des campagnes de prévention : l’industrie manufacturière et la construction chez les hommes et le secteur de la santé humaine et action sociale chez les femmes. Des indicateurs complémentaires, en terme d’impact sur l’emploi ou la carrière professionnelle, pourraient compléter les indicateurs de morbidité étudiés et donner un autre regard sur cette problématique. En milieu professionnel, des interventions de prévention intégrant les facteurs de risque professionnels et personnels doivent être menées telles que l’adaptation des postes de travail, l’aménagement de l’organisation du travail ou bien encore par la limitation des risques psychosociaux.
Au quotidien, il est par ailleurs recommandé de limiter la sédentarité pour favoriser la bonne santé musculo-squelettique.
1 Brière J, Fouquet N, Ha C, Imbernon E, Plaine J, Rivière S, et al. Des indicateurs en santé travail. Les troubles musculo-squelettiques du membre supérieur en France. Saint-Maurice: Institut de veille sanitaire ; 2015. 51 p.
Ha C, Roquelaure Y. Troubles musculo-squelettiques d’origine professionnelle en France. Où en est-on aujourd’hui ?. Bull Epidémiol Hebd. 2010;n°5-6.35-37.
2 Cnam. Rapport annuel 2019 [Internet]. Paris: L’Assurance Maladie - Risques Professionnels; 2020 p. 168.