Rappel : le test au gaïac (Hémoccult® II) a été remplacé par le test immunologique (OC Sensor®) en avril 2015. Sont présentées dans ce sous-chapitre les données de suivi des personnes ayant participé au programme entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2017.
Le descriptif des indicateurs est disponible dans le Guide du format des données et définitions des indicateurs de l’évaluation du programme national.
Indicateurs de la qualité du test de dépistage et des examens diagnostiques
Les indicateurs nationaux de qualité du test de dépistage et des examens diagnostiques figurent dans le tableau (format xlsx et format pdf).
Qualité de réalisation des tests
Au total, 5,6 millions de personnes ont réalisé un test de dépistage entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2017. Parmi elles, 406 000 (7,2 %) avaient un test qui s’est avéré non analysable. La proportion de personnes ayant un test non analysable était similaire chez les hommes et chez les femmes. Elle était plus élevée pour un premier dépistage (8,7 %) que pour un dépistage subséquent (6,6 %).
Les raisons principales de test non analysables étaient : tube périmé (42,4 %), absence de date de prélèvement (35,7 %) et prélèvement datant de plus de 6 jours (10,4 %).
Pourcentage de personnes ayant réalisé une coloscopie suite à un test positif
Parmi les 247 989 personnes éligibles à la coloscopie après un test positif, 217 795 personnes ont réalisé une coloscopie (88,9 %). Ce chiffre est proche du repère européen souhaitable (90 %). Ce pourcentage de réalisation de la coloscopie, qui est resté stable par rapport à la période 2013-2014 (88,6 %), variait selon les départements. Dix-neuf départements présentaient des taux inférieurs au repère européen acceptable (85 %).
Qualité de la préparation de la coloscopie
La qualité de la préparation des coloscopies réalisées a été jugée bonne pour 80,9 %, moyenne pour 7,0 % et insuffisante pour 2,2 % des examens. L’information sur la qualité de la coloscopie était manquante pour 9,9 % des examens.
La coloscopie est incomplète lorsque la totalité du côlon et du rectum n’est pas explorée durant l’examen. Le pourcentage de personnes ayant eu une coloscopie complète était de 92,7 % (hommes 92,9 % ; femmes : 92,5 %). Ce chiffre est légèrement supérieur au repère acceptable recommandé au niveau européen (90 %) et inférieur au repère souhaitable (95 %). Ce chiffre est resté stable par rapport à la période 2013-2014 (93,4 %). Les raisons pour lesquelles les coloscopies étaient incomplètes variaient selon le sexe : 32,0 % des cas pour des raisons anatomiques chez les hommes contre 39,9 % chez les femmes, 26,5 % chez les hommes pour des lésions obstructives contre 24,4 % chez les femmes, 22,4 % pour une préparation insuffisante chez les hommes contre 18,3 % chez les femmes.
Suivi des examens
Morbidité de la coloscopie
L’exhaustivité du recueil d’information sur les complications de coloscopie et notamment des décès dans les jours suivant la coloscopie ne peut être garantie au niveau national. En effet pour 49,6 % des coloscopies, la variable recensant les incidents et les accidents de la coloscopie n’était pas renseignée, ce qui fait qu’on ne peut savoir si l’information est manquante ou si la coloscopie s’est déroulée sans complication. Néanmoins, à l’échelle nationale, on recense 807 incidents et accidents de coloscopie dont 118 perforations. Compte tenu du manque d’exhaustivité de ces données, les statistiques sur la morbidité de la coloscopie ne peuvent être exploitées telles quelles.
Délais de réalisations des coloscopies effectuées
La distribution des délais de réalisation des coloscopies suite à un test positif montre que seulement 6,2 % des coloscopies sont réalisées dans un délai d’un mois, conformément aux repères européens. Le délai médian de réalisation est de 76 jours (vs 62 jours en 2013-2014). Il varie selon les départements : les délais médians les moins longs (moins de 2 mois) sont observés dans les départements des Alpes-Maritimes, de la Lozère et du Morbihan et les plus longs (au-delà de 3,5 mois) dans les départements de Haute-Saône et Territoire-de-Belfort.
Perdus de vue
Une personne est considérée comme perdue de vue lorsque le CRCDC n’arrive à obtenir aucune information sur cette personne 24 mois après la réalisation du test positif. Le pourcentage de personnes perdues de vue est de 7,3 % (7,6 % chez les hommes et 7,0 % chez les femmes) pour l’ensemble des départements contribuant au programme. Ce pourcentage varie selon les départements : de moins de 2 % pour les départements de l’Allier, de l’Isère, de la Loire, du Rhône, de l’Yonne, des Vosges, de la Gironde et du Gers à plus de 20 % pour les départements du Jura, de la Guyane et des Hautes-Pyrénées. Ces disparités départementales reflètent l’hétérogénéité de la qualité du recueil des informations sur le suivi des personnes dépistées positives (par exemple la transmission des informations sur les examens pratiqués et leurs résultats par les professionnels de santé au CRCDC est plus ou moins systématique). Les personnes dépistées avec lesquelles un contact direct ou indirect a été possible et qui ont été informées du résultat positif mais qui n’ont pas réalisé de coloscopie seront considérées comme non éligibles au dépistage, au bout de deux ans et après un courrier ultime de rappel.
Lésions détectées
Il s’agit des indicateurs relatifs à la nature et aux taux des lésions détectées (adénomes, adénomes avancés et cancers) par les examens diagnostiques (coloscopie ou autre). Ces indicateurs figurent dans le tableau (format xlsx et format pdf).
Sur la période 2016-2017, le programme a permis de dépister 67 899 adénomes avancés et 17 061 cancers colorectaux).
Le taux de détection des adénomes avancés (respectivement cancers colorectaux) est défini comme la proportion de patients chez qui un adénome avancé (respectivement un cancer) est la lésion détectée la plus péjorative, parmi les personnes ayant réalisé un test de dépistage analysable. Il est exprimé pour 1 000 (‰) personnes dépistées.
Le taux de détection des adénomes avancés (adénome de taille supérieure ou égale à 10 mm, ou présentant une dysplasie de haut grade, ou un contingent villeux) était de 12,3 pour 1 000 personnes dépistées.
Le taux de détection des adénomes avancés était plus élevé chez les hommes (17,7 ‰) que chez les femmes (7,8 ‰) ; il augmentait avec l’âge, passant, chez les hommes de 11,6 ‰ pour les 50-54 ans à 23,1 ‰ pour les 70-74 ans et chez les femmes de 5,4 ‰ pour les plus jeunes à 11,2 ‰ pour les plus âgées. Il était également, pour les hommes comme pour les femmes, plus élevé lors d’un premier dépistage que lors d’un dépistage subséquent, quelle que soit la tranche d’âge (voir figures ci-dessous).
Le taux de détection des cancers était de 3,0 pour 1 000 personnes dépistées.
Le taux de détection des cancers était plus élevé chez les hommes (4,1 ‰) que chez les femmes (2,1 ‰) ; il augmentait avec l’âge, passant, chez les hommes de 1,9 ‰ pour les 50-54 ans à 7,2 ‰ pour les 70-74 ans et chez les femmes de 1,2 ‰ pour les plus jeunes à 7,6 ‰ pour les plus âgées. Il était également, pour les hommes comme pour les femmes, plus élevé lors d’un premier dépistage que lors d’un dépistage subséquent, quelle que soit la tranche d’âge (voir figures ci-dessous).
Les taux de détection des adénomes avancés et des cancers colorectaux varient également selon les départements ; ils dépendent en effet fortement de l’incidence et de la prévalence départementale des cancers et de la performance des programmes départementaux à détecter ces lésions. Les pourcentages départementaux de réalisation de coloscopies parmi les personnes éligibles après un test positif et les pourcentages de personnes pour lesquelles le CRCDC a été en mesure de récupérer un diagnostic final sont des facteurs influençant l’enregistrement de ces lésions et peuvent contribuer à expliquer les disparités départementales. La définition des adénomes avancés tels que définis dans le « guide du format de données et de définitions des indicateurs de l’évaluation du programme national » et comme recommandé au niveau européen, vise à évaluer la proportion de lésions à risque élevé de transformation maligne. Il s’agit d’adénomes de taille supérieure ou égale à 10 mm et/ou présentant une composante villeuse ou tubulo-villeuse et/ou ayant une dysplasie de haut grade. Cette définition diffère de la définition utilisée pour le suivi clinique après polypectomie, qui vise à guider les modalités de surveillance coloscopique notamment en termes de délai de reconvocation. Le manque de reproductibilité intra- et inter-examinateurs des diagnostics des adénomes avancés peut également contribuer à expliquer les différences départementales des taux d’adénomes avancés observés1.
Performance du test de dépistage
La valeur prédictive positive (VPP) d’un test est la probabilité que la personne soit réellement malade si son test est positif. Elle est calculée en rapportant le nombre de lésions détectées (adénomes avancés ou cancers) au nombre de personnes ayant eu un test positif et ayant réalisé une coloscopie.
La VPP du test de dépistage pour les adénomes avancés est de 31,0 % et de 7,8 % pour les cancers. Ces VPP sont plus élevées chez les hommes que chez les femmes (respectivement 35,5 % et 24,9 % pour les adénomes avancés et 8,5 % et 6,8 % pour les cancers). Elles varient par département. Pour les adénomes avancés, les VPP les plus faibles sont observées dans les départements de la Saône-et-Loire (18,1 %), de la Haute-Garonne (19,2 %) et de l’Aisne (20,8 %), les VPP les plus élevées étant observées en Mayenne (40,3 %), en Gironde (37,4 %) et en Meuse (36,9 %). Pour les cancers, les VPP les plus faibles sont observées en Guyane (2,4 %), en Corse (4,6 %) et dans l’Eure-et-Loir (4,8 %) et les plus élevées en Haute-Loire (11,5 %), dans l’Aveyron (10,9 %) et dans le Lot (10,6 %).
Stades des cancers dépistés
Le stade des cancers dépistés par le programme de dépistage organisé a été établi selon la classification internationale TNM de classification des tumeurs malignes2. Cette dernière permet le classement des cancers selon leur degré d’extension anatomique : atteinte locale (ou T), ganglionnaire (ou N) et métastatique (ou M). Elle ne s’applique, pour le côlon et le rectum, qu’aux adénocarcinomes. Pour les cancers du côlon, la classification histo-pathologique pTNM a été retenue. Pour les cancers du rectum, susceptibles d’avoir des traitements néo-adjuvants avant la chirurgie avec pour conséquence une modification du T, du N ou du M de la tumeur dépistée, la qualité des données disponibles et l’hétérogénéité des modalités de documentation de l’information sur le stade ne permet pas d’établir le stade TNM avant traitement. Par conséquent, seuls les cancers du côlon (jonction recto-sigmoïdienne comprise) et les cancers du rectum n’ayant pas bénéficié de traitements néo-adjuvants ont été retenus.
Le stade du cancer est considéré comme inconnu lorsqu’au moins une des informations sur le T, le N ou le M est inconnue (sauf si pT=Tis, dans ce cas le stade TNM est in situ, ou si M=M1, dans ce cas le stade TNM est IV). Parmi les adénocarcinomes du rectum (sans traitement néo-adjuvant) et du côlon dépistés, cette information est manquante chez 35,8 % des personnes. Lorsque le stade ne peut pas être établi, le T est manquant dans 18,5 % des cas, le N est manquant dans 21,6 % des cas et le M est manquant dans 34,1 % des cas. Ce pourcentage d’adénocarcinomes de stade inconnu révèle une grande disparité départementale : il varie de 0,4 % à 100 % (tableau format xlsx et format pdf), l’information sur le statut métastatique des cancers détectés étant difficile d’accès.
La description ne porte que sur les 44 départements ayant moins de 30 % de données manquantes dans les stades des cancers, ce qui correspond à 7 980 adénocarcinomes du côlon et du rectum (sans traitement néo-adjuvant) dépistés. Parmi ces adénocarcinomes, 10,3 % sont de stade pTNM inconnu.
Parmi les adénocarcinomes de stade connu, 32,3 % sont des carcinomes in situ et 67,7 % sont des cancers invasifs (stade I à IV), dont 45,7 % sont de stade I, 22,8 % de stade II, 23,0 % de stade III et 8,5 % de stade IV (tableau format xlsx et format pdf).
1 Denis, B., Bottlaender, J., Breysacher, G., Chiappa, P., Peter, A., Weiss, A.-M. The advanced adenoma: A topical concept but an out-of-date definition? (2011) Hepato-Gastro, 18 (3), pp. 269-276.
2 Sobin M, Gospodarowicz L, Wittekind C. (dir). International Union Against Cancer. TNM Classification of Malignant Tumours, 7th Edition. Chichester : Wiley-Blackwell ; 2009. 310 pages.