En 2018, 1525 cas d’hépatite aiguë A ont été déclarés dont 1442 en métropole. Le taux annuel de déclaration des cas d’hépatite aiguë A pour la France entière était de 2,3 pour 100 000 habitants (Figure 1). Cette diminution par rapport à l’année 2017 (5,1/100 000 habitants) est liée à la fin de l’épidémie ayant sévi à partir de la fin de l’année 2016 touchant particulièrement les hommes ayant des rapports sexuels avec un (des) autre(s) homme(s) (HSH).
Du fait de la fin de l’épidémie, les disparités des taux de déclaration entre les hommes (2,8/100 000) et les femmes (1,8/100 000) se sont atténuées en 2018. Le sexe ratio était de 1,4 (moyenne de 1,3 entre 2006 et 2016) avec une décroissance progressive durant l’année, redevenant inférieur à 1,5 à partir de mai 2018. Au total, 42% des cas en 2018 étaient des femmes (Figure 2). La moyenne d’âge des cas rapportés était de 28 ans (de 1 an à 97 ans). L’incidence la plus élevée cette année était à nouveau retrouvée chez les 6 à 15 ans, comme les années précédant 2017. La proportion de cas âgés de 26 à 45 ans, la plus importante en 2017 (46 %), a diminué en 2018 pour atteindre 29 % de l’ensemble des cas d’hépatite aiguë A déclarés (Figure 3).
Pour plus de ¾ des cas déclarés en 2018 un ictère était rapporté et 50 % ont été hospitalisés.
Sur le plan géographique, le plus fort taux de déclaration était de 19,2/100 000 dans le département ultra-marin de Mayotte, puis les taux de déclarations étaient compris entre 5,5/100 000 habitants (Indre) et 0 dans les départements des Ardennes et de Haute-Loire où aucun cas n’a été déclaré en 2018. Seuls 2 départements présentaient en 2018 un taux de déclaration supérieur ou égal à 5/100 000 (contre 27 départements en 2017) (Carte).
Les principales expositions à risque dans les 2 à 6 semaines avant le début des signes étaient la notion de séjour hors métropole (43 % des cas) puis la présence de cas d’hépatite A dans l’entourage (31 % des cas) dont 73 % de cas dans l’entourage familial, et la consommation de fruits de mer (26 % des cas) (Figures 4 et 5). Parmi les cas ayant séjourné hors France métropolitaine, la distribution des pays de séjour était également différente de celle des années précédentes avec 56 % des cas ayant séjourné dans un pays du Maghreb (29 % en 2017) et 12 % ayant séjourné dans un pays européen (41 % en 2017). En 2018, une augmentation du nombre de cas au retour du Maroc a été notée dès le mois d’avril avec circulation d’une souche de VHA retrouvée également chez des voyageurs au Maroc originaires d’autres pays européens. Ces événements étaient probablement liés à une épidémie en cours au Maroc.
Le recueil des pratiques sexuelles n’est pas réalisé dans le cadre de la déclaration obligatoire des cas d’hépatite aiguë A. Lors de l’épidémie de 2017, un faisceau d’arguments a permis de déterminer que les personnes touchées étaient majoritairement des HSH : la modification importante du sex-ratio (Figure 2), des investigations de cas groupés affectant des HSH, le séquençage des souches et l’observation de phénomènes similaires dans différents pays européens. Au cours de l’année 2018, la diminution progressive du sex-ratio a permis de déclarer l’épidémie éteinte à partir du mois de mai 2018. Le séquençage des souches par le CNR (laboratoire de virologie du CHU Paul Brousse) a retrouvé la diminution de fréquence de circulation des souches épidémiques de 2017.
L’épidémiologie de l’hépatite aiguë A en 2018 en France justifie toujours l’application des recommandations vaccinales préconisant la vaccination des HSH, mais également dans l’entourage familial d’un cas confirmé et lors d’un séjour dans une zone d’endémie (Calendrier vaccinal 2019 et Recommandations sanitaires pour les voyageurs, 2019).
Caractéristiques et expositions à risque des cas notifiés d’hépatite aiguë A par classe d’âge, France entière, 2018
1 Pourcentages calculés pour les cas renseignés , 2 asthénie, anorexie, fièvre, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée