Sous l'égide du Réseau d'alerte, d'investigation et de surveillance des infections nosocomiales (Raisin) et avec le Groupe d'étude sur le risque d'exposition des soignants aux agents infectieux (Geres), les méthodes de surveillance des accidents exposant au sang (AES) font l'objet d'un consensus et d'un réseau national depuis 2002. Chaque établissement documentait de manière volontaire, anonyme et standardisée tout AES chez un membre du personnel (étudiant ou stagiaire inclus) déclaré au médecin du travail du 1er janvier au 31 décembre 2006. Les données étaient recueillies sur une fiche adaptée du Geres documentant les circonstances de l'AES (nature, mécanisme, matériel en cause), son suivi (soins immédiats, suivi et prophylaxie éventuelle) et le statut infectieux du patient source. L'incidence des AES était rapportée au nombre de lits d'hospitalisation, aux nombres d'équivalents temps plein (ETP) de professionnels et à la consommation de certains dispositifs médicaux. En 2006, 14 876 accidents d'exposition au sang étaient recensés dans 518 établissements. La couverture nationale du réseau peut être estimée à 18 % des établissements de santé et 42 % des lits, soit une forte progression par rapport à 2005 (respectivement 13 % et 34,3 %). L'incidence des AES trouvée pour 100 lits d'hospitalisation est de 8,0. Sur la base des 444 000 lits d'hospitalisation recensés en France (données SAE 2005), cela permet d'estimer à 35 418 (IC à 95 % : 35 064 - 35 771) le nombre d'AES qui auraient été déclarés en 2006 aux médecins du travail des établissements de santé français. La connaissance du statut du patient source vis-à-vis du VHC et du VIH, qui conditionne la prise en charge ultérieure du soignant, demeure encore inconnue dans plus de 20 % des cas. Le taux de prescription de la chimioprophylaxie antirétrovirale reste stable à 4,4 % en 2006 et interrompue dans 32,1 % des cas, le plus souvent en raison de la connaissance a posteriori du statut négatif du patient source pour le VIH. Le délai médian de prise en charge d'un soignant après son AES était d'une heure, démontrant le caractère très opérationnel de cette organisation en France. Depuis 2004, les aiguilles à suture arrivent en première position des AES liés à des aiguilles, avant les sous-cutanés. Ces AES représentent 10 % de l'ensemble des accidents survenant dans les secteurs de chirurgie, d'obstétrique, mais aussi de réanimation et d'urgence. Il paraît donc toujours nécessaire de favoriser la sécurisation de ce geste et de promouvoir l'usage d'aiguilles à bout mousse. Une comparaison portant sur les 173 établissements ayant participé à la surveillance en 2004, 2005 et 2006 permet déjà de visualiser certains progrès significatifs. L'observance du port du gant chez les victimes et la proximité du collecteur sont passées respectivement de 60,6 à 66,1 % et de 65,2 à 68,6 % entre 2004 et 2006. L'incidence des AES pour 100 lits dans ces établissements a légèrement diminué, à savoir 7,2 en 2006 contre 7,9 en 2004. Une baisse significative de l'incidence des AES pour 100 ETP d'aides soignant(e)s a aussi été enregistrée (1,8 en 2006 contre 2,1 en 2004). Même s'il progresse un peu, le taux de sécurisation du matériel demeure encore faible dans notre cohorte avec 35,7 % pour les cathéters courts et 25,6 % pour les aiguilles des chambres implantables. La mise en commun des données 2006 de surveillance des AES confirme la forte implantation de ce réseau en France et témoigne de l'implication des médecins du travail dans la prévention de ce risque. Les données Raisin permettent d'objectiver la poursuite de l'amélioration de l'observance des précautions standard avec pour la première fois une baisse significative des AES cette année. La poursuite de l'implantation des dispositifs de sécurité doit permettre une baisse du risque dans les années à venir et le dispositif national de surveillance est à même de pouvoir l'objectiver. (R.A.)
Auteur : Reyreaud E, Venier AG, Parneix P
Année de publication
: 2008
Pages : 67 p.