Dès 1983, dans de nombreux pays, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ont été exclus du don de sang de façon permanente car étant à haut risque d'infection par le VIH. Depuis la mise en place en 1985 du dépistage du VIH sur les dons de sang, des progrès considérables ont été réalisés en sécurité virale des produits sanguins grâce à l'amélioration de la sélection des donneurs et au développement d'outils de dépistage performant incluant le dépistage génomique viral. Malgré ces améliorations et la forte pression de certaines associations de la société civile, seuls quelques pays ont limité la durée d'exclusion des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Les études d'impact d'une modification de la mesure d'exclusion sur le risque VIH ont montré que la réduction de la durée d'exclusion engendre un risque supplémentaire. Certes, ce risque est très faible, mais est-il acceptable de faire courir un risque additionnel même infinité si mal aux receveurs de produits sanguins ? Ces études ne prennent, cependant, pas en compte un paramètre important qui est l'amélioration possible de la compliance des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avec une exclusion temporaire. Les études les plus récentes s'accordent pour conclure qu'une alternative à l'exclusion permanente pourrait consister à autoriser le don des hommes abstinents au cours des 12 derniers mois, comme l'ont déjà fait quelques pays. Cette mesure permettrait de couvrir largement la fenêtre silencieuse pour les hommes ayant récemment pris des risques ou pour ceux dont les partenaires auraient pris des risques, sous la condition essentielle d'une amélioration de la compliance des donneurs. (R.A.)
Auteur : Pillonel J, Semaille C
Transfusion clinique et biologique, 2011, vol. 18, n°. 2, p. 151-7