Coqueluche : données
Le dispositif de surveillance de la coqueluche, Renacoq, réseau de surveillance des formes pédiatriques vues à l’hôpital mis en place par Santé publique France en 1996, permet d’étudier les tendances épidémiologiques de cette maladie à prévention vaccinale et les caractéristiques des cas. Dans chacun des 42 établissements hospitaliers participants, les services de bactériologie et de pédiatrie contribuent à cette surveillance.
En 1996, à la création de ce réseau étaient enregistrés les cas de coqueluche survenant chez les moins de 17 ans, après un diagnostic validé par les cliniciens et confirmé par un test de laboratoire positif. Depuis mars 2016, le réseau RENACOQ ne rapporte plus que les cas hospitalisés chez les nourrissons de moins de 12 mois. Une fiche clinique détaillée est remplie uniquement pour les nourrissons de moins de 6 mois.
Des très jeunes enfants toujours atteints par la coqueluche
D’après les données du réseau RENACOQ collectées de 1996 à 2023, six pics épidémiques sont survenus en France : en 1997, 2000, 2005, 2009, 2012-2013 et en 2017.
Les plus grands nombres de cas de coqueluche ont été rapportés en 2000 et 2012 avec respectivement 709 et 509 cas ; la tranche d’âge la plus touchée était les 0-3 mois. Les cycles de coqueluche les plus longs étaient ceux de 1999 à 2003 (5 ans) et de 2011 à 2015 (5 ans) ; les cycles les plus courts étaient ceux de 1996-1998 (3 ans) et de 2008-2010 (3 ans). Les années avec un nombre de cas rapportés les plus faibles étaient les années 2020 et 2021 avec 35 cas et 4 cas respectivement. Depuis le dernier cycle de coqueluche en 2017-2018, où 162 cas étaient rapportés, le nombre de cas n’a cessé de diminuer pour atteindre 34 cas en 2022 et 4 cas en 2021 chez les nourrissons de moins de 12 mois puis une légère hausse en 2022 avec 45 cas et 41 cas rapportés en 2023.
En France, chez les nourrissons hospitalisés de moins de 12 mois, les données RENACOQ analysées sur la période 2013-2023 montrent que, parmi les 1 082 nourrissons hospitalisés dans les hôpitaux du réseau, 85% avaient moins de 6 mois (n=924) et 59% avaient moins de 2 mois donc trop jeunes pour avoir bénéficié de la primo-vaccination complète (n=643).
Un taux d'incidence faible depuis 2020 en population générale et en ambulatoire
Entre 2017 et 2023, le réseau sentinelles* a rapporté un total de 140 cas de coqueluche signalés. Les taux d'incidence nationaux estimés pour 100 000 habitants étaient en 2017 de 17 (intervalle de confiance (IC) à 95 % : 12-22), de 10 (IC à 95 % : 6-14) en 2018, de 15 (IC à 95 % : 10-20) en 2019 et de 3 (IC à 95 % : 1-5) en 2020 de 3 (IC à 95 % : 1-5), en 2021 de 0 (IC à 95 % : 0-0), en 2022 de 0 (IC à 95% : 0-1) et en 2023 de 2 (IC à 95% : 0-4). Les taux d'incidence étaient significativement plus faibles en 2020, 2021 et 2022 qu'en 2017-2019.
*Le réseau Sentinelles -Réseau de recherche et de veille en soins de premier recours (médecine générale et pédiatrie)- en France métropolitaine [lien] surveille la coqueluche depuis 2017. La confirmation de cas vus en médecine ambulatoire est effectuée à travers les résultats positifs par PCR. Les données sont actualisées chaque année et publiées dans le rapport annuel du réseau Sentinelles, disponible ici.
Les décès sont rares mais peuvent survenir chez les très jeunes nourrissons non-vaccinés
Plus de 90 % des décès par coqueluche surviennent chez les enfants de moins de 6 mois. Entre 2013 et 2023, les centres hospitaliers du réseau RENACOQ ont rapporté au total 13 décès chez des nourrissons âgés de 0 à 2mois, non encore éligibles à la vaccination. Tous rapportaient une source probable d’infection chez les parents ou la fratrie, avec des parents non à jour de leur vaccination dans la majorité des cas.
Les nourrissons restent les plus à risque de contracter une coqueluche grave jusqu’à ce qu’ils soient protégés par la vaccination qui doit débuter dès l'âge de 2 mois. L’enjeu de santé publique principal est donc d’éviter la contamination de ces nourrissons par la vaccination de leur entourage proche et par la vaccination maternelle (pendant la grossesse).
Surveillance microbiologique de la coqueluche
Alors que la coqueluche reste un enjeu majeur de santé publique en France et dans le monde, le Centre national de référence pour la Coqueluche et autres bordetelloses (CNRCOQ) contribue au volet microbiologique de la surveillance de cette infection en France.
En 2022, le nombre d'échantillons reçus par le CNR était particulièrement faible en ce qui concerne l’espèce Bordetella pertussis (Bp).
En plus d’une fin de cycle épidémique, cette faible circulation du principal agent de la coqueluche était possiblement liée aux effets du contexte sanitaire exceptionnel provoqué par la pandémie de COVID-19. Les printemps et début d’été de 2022, ont été marqués par la réémergence de B. parapertussis (Bpp), le second agent de la coqueluche, généralement associé à des infections moins graves.
L'année 2023 marque le début du retour de Bordetella pertussis à partir avril et une accentuation à partir de l’été 2023. Le nombre d'échantillons reçus par le CNR en 2023 est de 123 contre 100 en 2022. En 2023, le CNR a reçu/isolé 12 isolats de Bordetella pertussis (Bp) contre deux isolats en 2022.
Concernant l’expression de la pertactine, Contrairement à ce qui était observé depuis 2007, où tous les Bpp n’exprimaient pas la pertactine (PRN-), 72% des isolats de 2022 se sont révélés PRN+. En 2023, tous les isolats se sont révélés produire la pertactine et 82% produisent FIM2.
Plus d’informations :