Leptospirose

La leptospirose est une zoonose bactérienne de répartition mondiale. En France la leptospirose est un enjeu de santé publique notamment dans les outre-mer où l’incidence y est élevée.  

Mis à jour le 24 décembre 2024

Leptospirose : données

Le dispositif de surveillance de la leptospirose conduit par Santé publique France et le Centre national de référence de la leptospirose (CNR, Institut Pasteur) permet d’étudier les tendances et caractéristiques épidémiologiques de cette maladie. Jusqu’à fin 2023, ce dispositif reposait sur les données de diagnostic du CNR et de son réseau de laboratoires. Depuis août 2023, la leptospirose a été inscrite dans la liste des maladies à déclaration obligatoire, rendant obligatoire le signalement de tout cas de leptospirose diagnostiqué sur l’ensemble du territoire.

Les résultats de surveillance de 2023 proviennent encore des données du CNR de la leptospirose (Institut Pasteur) et de son réseau de laboratoire, car les données de la DO ne couvrent pas l’entièreté de l’année 2023.    

570

cas diagnostiqués en France hexagonale en 2023

En 2023, 570 cas ont été diagnostiqués en France hexagonale par le Centre National de Référence (CNR) de la leptospirose et son réseau de laboratoires et l’incidence estimée était de 0,9 cas pour 100 000 habitants.  

En France hexagonale, la majorité (72%) des cas étaient des hommes. L’âge moyen était de 45 ans. Parmi les cas documentés au niveau du CNR (environ 25 % des cas), la plupart (90%) n’avaient pas effectué de voyage le mois précédant l'apparition des symptômes. Pour 10% des cas, un voyage était rapporté en région à forte endémicité (Amérique Latine, Asie, Antilles ou Océan Indien).   

Les cas ont été diagnostiqués par PCR ou ELISA IgM. Pour ceux pour lesquels un test MAT (test de micro-agglutination), permettant la détermination du sérogroupe, a pu être effectué suite à une sérologie Elisa positive, le sérogroupe prédominant reste le sérogroupe Icterohaemorrhagiae (un tiers des cas). 

Le CNR a également développé une technique permettant le génotypage des souches à partir des produits de PCR. Pour les prélèvements ayant pu être séquencés, le génotype correspondant au sérogroupe Icterohaemorrhagiae est majoritairement retrouvé.

Nombre et incidence annuelle des cas de leptospirose identifiés par le CNR de 2006 à 2023 en France hexagonale, données CNR Leptospirose (Institut Pasteur)

AnnéeNombre de cas Incidence pour 100 000 habitants
20061860,30
20073270,52
20083410,55
20091970,32
20102810,45
20112300,37
20123470,56
20133850,60
20146280,98
20156310,99
20165920,93
20176020,95
20185970,92
20196761,05
20204500,71
20217081,10
2022596

0,91

20235700,87

Une incidence qui varie selon la saison

Habituellement un maximum de cas est identifié au cours de l’été et début automne. La répartition annuelle des cas en France hexagonale pour l’année 2023 confirme le caractère saisonnier de la leptospirose, avec un maximum de cas identifiés en août et septembre.  

Figure - Distribution mensuelle des cas de leptospirose identifiés par le CNR de 2011 à 2023 en France hexagonale, Données CNR Leptospirose (Institut Pasteur)
Figure - Distribution mensuelle des cas de leptospirose identifiés par le CNR de 2011 à 2023 en France hexagonale, Données CNR Leptospirose (Institut Pasteur)

Une incidence qui varie selon les régions en France hexagonale

L’incidence des cas de leptospirose présente de fortes disparités géographiques d’une année à l’autre. Ces différences sont liées à l’écosystème, au climat, à la diversité des espèces potentiellement réservoirs, et à aux activités et modes de vie de la population. Elles peuvent être également liées au niveau de sensibilisation des professionnels de santé au diagnostic de la leptospirose et à un défaut de couverture du réseau de laboratoires dans certaines régions, ainsi qu’à une surveillance accrue dans certaines régions notamment à la suite d’épisodes de cas groupés. 

Pour l’année 2023, les incidences les plus élevées (>0,9 cas/100 000 habitants) étaient observées en Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur. En revanche, les régions Corse et Centre-Val de Loire présentaient les incidences les moins élevées (<0,5 cas/100 000 habitants).  

Au cours de la période estivale, les épisodes de cas groupés sont investigués par Santé publique France, le CNR et les ARS concernées. Ces dernières années, il s’agissait majoritairement de cas groupés liés à des activités récréatives en eaux douces type canyoning, triathlon, kayaking ou activités de baignade. En 2023, un épisode de cas groupés (2 cas) a été investigué suite à la participation à un triathlon en Auvergne-Rhône-Alpes. L’ensemble des participants ont été informés afin de les sensibiliser à consulter en cas de survenue de symptômes.

Les mesures de prévention individuelle (port d’équipement de protection, protection des plaies…) restent essentielles pour limiter le risque de contamination et doivent être appliquées au cours des activités récréatives en eaux douces (canyonings, rafting, kayaking, baignade…).  

Carte - Incidences régionales des cas de leptospirose (nombre de cas/ 100 000 habitants) estimée par le CNR en France, 2023
Carte - Incidences régionales des cas de leptospirose (nombre de cas/ 100 000 habitants) estimée par le CNR en France, 2023

Une incidence plus élevée en Outre-mer

Dans les départements d’Outre-mer, la leptospirose, endémique sur l’ensemble des territoires, est un problème de santé publique important avec des taux d’incidence beaucoup plus élevés que dans l’hexagone et en Corse. On y retrouve un caractère saisonnier avec l’apparition de pics épidémiques lors de la saison des pluies ou de phénomènes météorologiques extrêmes tels que les ouragans. 

Océan Indien

La Réunion

A la Réunion, un système de surveillance régionale spécifique a été mis en place depuis 2004. Depuis 2016, une augmentation du nombre de signalements de cas est observée sur l’ensemble de l’île.

Au cours de l’année 2023, 171 cas de leptospirose (18 cas/100 000 habitants) ont été signalés à l’ARS de la Réunion avec une grande majorité des cas diagnostiqués par PCR. Les hommes étaient plus touchés que les femmes (plus de 9 cas sur 10). Les cas étaient âgés de 10 à 81 ans et la classe d’âge 50 à 69 ans représentait presque la moitié des cas et près de 7 cas sur 10 ont dû être hospitalisés. L’ensemble de l’île était concerné même si le secteur sud a été le plus touché en 2023 (avec plus de la moitié des cas déclarés). Plus de 80 % des cas sont survenus entre février et juin 2023 avec un pic en mai 2023. Une pluviométrie record peut en partie expliquer ce nombre élevé de cas. 

Mayotte

A Mayotte, en 2023, d’après le système de surveillance mis en place par la cellule régionale de Santé publique France en étroite collaboration avec le laboratoire du Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), 57 cas ont été répertoriés (19 cas/100 000 habitants).

En 2023, Mayotte a connu une sècheresse exceptionnelle avec le déficit de pluviométrie le plus important depuis 1997, pouvant expliquer cette forte baisse comparée à l’année précédente (-56%). Il s’agit du nombre de cas le plus faible jamais enregistré, après celui de 2008, année de mise en place de la surveillance spécifique à Mayotte. Les hommes étaient les plus touchés (69%), et l’âge médian était de 27 ans. Parmi les cas déclarés en 2023, 9 ont été hospitalisés, et aucun décès n’a été enregistré.

Antilles-Guyane

Guadeloupe et Martinique

En Guadeloupe et Martinique, selon les données du CNR, on observe une diminution du nombre de cas, notamment en Martinique (2023 : 113 cas, 2022 :141 cas). Le plus grand nombre de cas est retrouvé en fin de saison des pluies (décembre-janvier).  

Guyane

En Guyane, en 2023, selon les données du CNR, on recense deux fois moins de cas en 2023 (50) qu’en 2022 (99 cas). 

Grâce à la mise en place de la déclaration obligatoire de la leptospirose, les données permettront d’avoir plus d’information sur l’épidémiologie de la leptospirose dans ces territoires pour les prochaines années.