En dehors du stade de l’érythème migrant (signe pathognomonique de l’infection, suffisant pour poser le diagnostic et engager le traitement antibiotique adapté), la sérologie est un élément important du diagnostic de la borréliose de Lyme. Les résultats des tests sérologiques doivent toujours être interprétés en prenant en compte le type de test utilisé et ses performances intrinsèques (sensibilité, spécificité) et extrinsèques (valeur prédictive positive et valeur prédictive négative), le stade de la maladie et la probabilité que le patient ait bien cette maladie. Cette probabilité est à évaluer en fonction de la probabilité d’exposition du patient à des piqures de tiques, et de la nature de ses signes (sont-ils évocateurs d’une borréliose de Lyme ?).
Stades de la maladie
Comme tout test sérologique, le test sérologique de la borréliose de Lyme mesure les anticorps produits par les globules blancs en réponse à l’infection. De façon générale, pour les maladies infectieuses, un délai qui peut être de une à plusieurs semaines suivant la maladie est nécessaire pour que les anticorps soient détectables par les tests. Pour la borréliose de Lyme, les tests réalisés dans la phase précoce de la maladie au cours des premières semaines après la piqure infectante (érythème migrant), seront donc souvent négatifs. A l’inverse, les tests seront le plus souvent positifs chez les patients avec des formes disséminées de la borréliose de lyme (arthrite, manifestations neurologiques, etc.) survenant plus de 4 à 6 semaines après la piqure. Un patient présentant des symptômes évoluant depuis plusieurs mois ou années avec des tests sanguins négatifs n’a très probablement pas une borréliose de Lyme.
Performance des tests
Performance intrinsèque : sensibilité et spécificité
La sensibilité d’un test est la probabilité que le test soit positif si la personne est atteinte de la maladie testée. La spécificité d’un test est la probabilité que le test soit négatif si la personne est indemne de la maladie.
Ces valeurs dépendent des seuils de positivité (cut-off) choisis pour le test. Plus le seuil choisi est bas, plus le test est sensible mais plus la probabilité d’un résultat faussement positif est élevée. Inversement, un seuil élevé diminue la sensibilité, augmente la spécificité et diminue la probabilité de faux positifs, Pour la borréliose de Lyme, une spécificité d’au moins 90 % est recommandée pour le test sérologique de dépistage (Elisa, IFI).
Les tests peuvent être faussement positifs si le patient est infecté par un autre agent qui induit la production d’anticorps contre des antigènes proches de ceux produits lors d’une infection par Borrelia (réaction croisée, exemple avec la syphilis, autre spirochète) ou par un agent stimulant la production anticorps contre un grand nombre d’antigènes (stimulation oligoclonale, par exemple lors d’infection à Mycoplasma pneumoniae, Cytomegalovirus, virus Epstein-Barr) ou si le patient souffre d’une maladie auto-immune. On qualifie alors ce résultat de "réaction croisée".
Performance extrinsèque d’un test : valeur prédictive négative, valeur prédictive positive
La valeur prédictive négative (VPN) d’un test est la probabilité que la personne n’ait pas la maladie testée si son test est négatif. La valeur prédictive positive (VPP) d’un test est la probabilité que la personne soit réellement malade si son test est positif. La VVP d’un test et la prévalence de la maladie dans une population donnée varient dans le même sens, c'est-à-dire que plus la prévalence est élevée, plus la VPP du test est élevée.
Seuls les tests validés doivent être utilisés. Les performances des tests devraient être évaluées sur des échantillons de taille suffisamment importante de différentes populations (population de personnes non atteintes de borréliose de Lyme, personnes connues comme atteintes de borréliose de Lyme à différents stades, personnes atteintes de maladies connues pour être à l’origine de tests faussement positifs vis-à-vis de la borréliose de Lyme).