Introduction - Une diminution des taux d'incidence des syndromes coronaires aigus (SCA) et de la mortalité associée a été observée dans le monde occidental au cours des trois dernières décennies, y compris en France. Nous avons cherché à déterminer s'il existait des disparités géographiques françaises dans ces diminutions entre 2006 et 2016. Méthodes - Nous avons exploité les trois registres en population surveillant la métropole européenne de Lille dans le nord de la France, le département du Bas-Rhin dans le nord-est de la France et le département de la Haute-Garonne dans le sud-ouest de la France. Tous les SCA (hospitalisés fatals ou non fatals et tous les décès extra-hospitaliers par SCA) chez les hommes et les femmes entre 35 et 74 ans résidant dans ces trois zones géographiques ont été enregistrés entre 2006 et 2016. Les taux ont été standardisés sur la population mondiale. Les taux bruts ont été calculés par classe d'âge de 10 ans. Résultats - Chaque région géographique a enregistré une baisse significative des taux d'attaque de SCA sur la période de 11 ans, tant chez les hommes que chez les femmes, la baisse la plus importante étant observée à Toulouse (-2,2% par an chez les hommes et -2,4% par an chez les femmes). Cependant, cette baisse n'est retrouvée qu'après 54 ans chez les hommes et 64 ans chez les femmes, ceci dans les trois régions. L'incidence (premiers événements) a également diminué sur la période, dans les deux sexes à Toulouse (-1,3% par an chez les hommes et -1,9% par an chez les femmes), mais uniquement chez les hommes à Lille (-1,4% par an) et à Strasbourg (-0,7% par an). Ces diminutions ne sont observées que chez les hommes et les femmes entre 65 et 74 ans. Quant à la mortalité coronaire, elle a significativement diminué dans les trois régions sur la période. La baisse la plus remarquable est observée à Toulouse (-5,6% par an chez les hommes et -8,3% par an chez les femmes) car la mortalité a baissé dans cette région dans toutes les tranches d'âge et les deux sexes, contrairement aux autres régions, qui présentent des baisses chez les sujets âgés uniquement. Quant à la létalité à 28 jours, elle est toujours inférieure à Toulouse (24%) par rapport à Lille (34%), Strasbourg étant intermédiaire (29%). Conclusion - Des tendances à la baisse des taux de SCA et de leur incidence ont été observées entre 2006 et 2016 chez les hommes et les femmes ayant entre 35 et 74 ans, de manière homogène dans trois régions françaises géographiques distinctes. Cet effet peut être principalement attribuable à la diminution du taux d'incidence des SCA chez les individus âgés entre 65 et 74 ans. En revanche, des disparités régionales ont été constatées en ce qui concerne la mortalité. En effet, celle-ci a baissé dans toutes les tranches d'âge et dans les deux sexes à Toulouse, alors qu'elle n'a baissé que chez les plus âgés à Lille et à Strasbourg. Malgré ces tendances favorables, le gradient nord-sud décroissant existe toujours. Les mesures de prévention primaire et secondaire doivent donc encore être renforcées - en particulier au nord et à l'est du pays, ainsi que chez les jeunes adultes, pour abaisser encore ces tendances dans ces régions.
Auteur : Meirhaeghe Aline, Blanc-Garin Carine, Biasch Katia, Huo Yung Kai Samantha, Moitry Marie, Amouyel Philippe, Ferrières Jean, Dallongeville Jean
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2023, n°. 5, p. 85-96