BPCO et insuffisance respiratoire chronique : données
Une prévalence de la BPCO élevée
Les études portant sur la prévalence de la BPCO sont peu fréquentes. Du fait du sous-diagnostic important de cette maladie, elle ne peut être estimée par des enquêtes par questionnaires et les enquêtes comprenant une mesure de la fonction respiratoire peuvent être difficiles à réaliser au sein de la population générale. Dans les enquêtes par questionnaire, la BPCO est approchée par la bronchite chronique (définie par la présence d’une toux et d’une expectoration chroniques).
Les études portant sur la prévalence de la BPCO ou de la bronchite chronique sont brièvement rapportées ici 1,2.
Dans une étude française effectuée en population générale en 2000, la prévalence de la bronchite chronique estimée par autoquestionnaire était de 4,1 %, soit 1,7 million de personnes 3. Les données de l’enquête décennale santé de l’Insee 2003 ont permis d’estimer la prévalence de la bronchite chronique à 3,5 % 4.
Une enquête internationale en population générale (Confronting COPD Survey), conduite par téléphone en 2000 a estimé la prévalence de la BPCO (définie par un diagnostic connu de BPCO ou de bronchite chronique, ou par des symptômes de bronchite chronique) en France à 3,2 % des personnes de plus de 45 ans ayant fumé plus de 10 paquets-années5.
Dans une étude conduite dans les centres d’examen de santé (CES) en 2003 et comportant une mesure de la fonction respiratoire, la prévalence de la bronchite chronique était de 3,9 % et la prévalence de la BPCO était de 7,5 %6.
Dans l’étude européenne ECRHS, la prévalence de la BPCO et des symptômes respiratoires (toux ou expectoration chronique) en France était parmi les plus faibles d’Europe7. Dans cette étude portant sur des adultes jeunes (20-44 ans), la prévalence du stade 0 de la classification GOLD 2005 (toux ou expectoration chronique sans trouble ventilatoire obstructif) était de 9,2 % en France, et la prévalence de la BPCO (stade 1 ou plus de la classification GOLD) dans cette classe d’âge était de 1,5 %.
Plus récemment, une enquête réalisée dans les villes de Lille et de Dunkerque a mis en évidence une prévalence du trouble ventilatoire obstructif qui variait de 9,9 % à 16,0 % selon la ville et la définition du trouble ventilatoire obstructif utilisée8.
- Roche N, Zureik M, Vergnenègre A, Huchon G, Neukirch F. Données récentes sur la prévalence de la bonchopneumopathie chronique obstructive en France. Bull Epidemiol Hebd 2007;27-28:245-8.
- Fuhrman C, Delmas M-C, pour le groupe épidémiologie et recherche clinique de la SPLF. Epidémiologie descriptive de la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) en France. Rev Mal Respir 2010;27:160-8.
- Huchon GJ, Vergnenègre A, Neukirch F, Brami G, Roche N, Preux PM. Chronic bronchitis among French adults: high prevalence and underdiagnosis. Eur Respir J 2002;20:806-12.
- Fuhrman C, Roche N, Vergnenègre A, Chouaid C, Zureik M, Delmas C. Bronchite chronique : prévalence et impact sur la vie quotidienne. Analyse des données de l’enquête santé Insee 2002-2003. Saint-Maurice: Institut de veille sanitaire; 2008. 37 p.
- Rennard S, Decramer M, Calverley PM, Pride NB, Soriano JB, Vermeire PA et al. Impact of COPD in North America and Europe in 2000: subjects' perspective of Confronting COPD International Survey. Eur Respir J 2002;20:799-805.
- Roche N, Dalmay F, Perez T, Kuntz C, Vergnenègre A, Neukirch F, Giordanella JP, Huchon G. Impact of chronic airflow obstruction in a working population. Eur Respir J 2008:31:1227-33.
- De Marco R, Accordini S, Cerveri I, Corsico A, Sunyer J, Neukirch F et al. An international survey of chronic obstructive pulmonary disease in young adults according to GOLD stages. Thorax 2004;59:120-5.
- Quach A, Giovannelli J, Cherot-Kornobis N, Ciuchete A, Clement G, Matran R, et al. Prevalence and underdiagnosis of airway obstruction among middle-aged adults in northern France: The ELISABET study 2011-2013. Respir Med 2015;109:1553-61.
Une mortalité sous-évaluée
La broncho-pneumopathie chronique obstructive est globalement sous-déclarée sur les certificats de décès. En effet, il s’agit d’une maladie sous-diagnostiquée, y compris aux stades sévères, et quand elle est diagnostiquée, elle peut ne pas être rapportée sur le certificat de décès quand il existe d’autres causes concurrentes de décès.
En 2014, la BPCO était mentionnée comme cause de décès (cause initiale ou cause associé) pour plus de 18 000 décès survenus chez des résidents en France (hors Mayotte). Pour près de la moitié de ces décès, la BPCO était mentionnée comme cause initiale du décès.
Tous âges et sexes confondus, le taux brut de mortalité par BPCO (cause initiale) était de 13,0 pour 100 000 habitants et le taux but de mortalité liée à la BPCO (causes multiples) était de 27,7 pour 100 000.
Depuis 2000, les taux de mortalité par BPCO et de mortalité liée à la BPCO chez les adultes de 45 ans ou plus sont en diminution chez les hommes et sont stables chez les femmes.
Une variation régionale de la mortalité
En 2013-2014, les taux de mortalité par BPCO les plus élevés étaient observés dans les régions Hauts-de-France, Grand-Est et à la Réunion.
Un taux d’hospitalisation pour exacerbation de BPCO qui augmente avec l’âge
En 2015, le nombre de séjours pour exacerbation de BPCO chez des adultes âgés de 25 ans ou plus et résidant en France (hors Mayotte) se situait entre 100 000 et 150 000 selon l’indicateur utilisé, soit un taux brut d’hospitalisation pour exacerbation de BPCO, tous âges et sexes confondus, variant de 15,9 à 24,9 pour 100 000 habitants.
Une augmentation entre 2000 et 2015 du taux d’hospitalisation pour exacerbation de BPCO
Les taux annuels standardisés d’hospitalisation pour exacerbation de BPCO chez les adultes âgés de 25 ans ou plus ont augmenté entre 2000 et 2015, chez les hommes comme chez les femmes.
Une variation régionale du taux hospitalisation pour exacerbation de BPCO
En 2015, les Hauts-de-France, la région du Grand Est et la Réunion étaient les régions les plus touchées.