3 questions à Sylvie Quelet, Directrice de la prévention et de la promotion de la santé à Santé publique France
Les messages de prévention à adopter pour se protéger du coronavirus, sont élaborés en lien avec le ministère des Solidarités et de la Santé et le service d’information du gouvernement. Ce travail conjoint permet d’avoir des messages cohérents, facilement compréhensibles par tous. Les premiers ont été élaborés dès la fin du mois de février. L’ensemble des messages étant validés par le ministère. Il est important de noter que les connaissances scientifiques sur le coronavirus évoluant vite, tout l’enjeu est d’affiner ces messages, de les adapter et de les produire rapidement. C’est un véritable travail de course contre la montre qui est mené.
Nous nous appuyons sur une veille scientifique, autrement dit, sur les mesures de prévention qui ont fait la preuve de leur efficacité. Le coronavirus est un virus respiratoire, et nous appuyons sur ce que nous connaissons des modes de transmission de ces virus dont celui de la grippe pour proposer des méthodes de protection et de prévention.
Nous nous appuyons également sur toutes les mesures prises dans les pays étrangers et les recommandations de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Nous pensons qu’il est important d’avoir des messages cohérents d’un pays à l’autre.
Santé publique France participe à des études de perception au sein de la population mais aussi auprès des professionnels de santé. Ces études sont importantes pour suivre l’état de l’opinion et en comprendre les besoins mais aussi pour évaluer le niveau de stress de la population et des professionnels de santé
Par ailleurs, les messages de prévention ont été testés avant production auprès d’un panel composé d’agents de l’agence, ne travaillant pas sur les problématiques liées au coronavirus, afin d’avoir des retours neutres. Ce panel est un outil précieux afin de mesurer la compréhension et l’acceptation des mesures proposées.
Nous sommes actuellement en train de travailler sur d’autres messages concernant « la distance sociale » qui apparaitront sur de nouvelles affiches et spots audiovisuels, afin d’introduire les nouvelles notions, à savoir : ne pas s’embrasser, ne pas se serrer la main, et éviter les autres contacts corporels susceptibles de diffuser le virus.
L’une des difficultés à laquelle nous sommes confrontées, c’est de s’adapter et produire de manière très réactive, puisque les connaissances sur ce virus évoluent très rapidement, ainsi que la doctrine.
La dimension étant internationale, nous sommes vigilants aux messages communiqués par les autres pays. Par exemple, dans les pays anglo-saxons, il est recommandé de tousser/éternuer dans son coude, ou dans un mouchoir. Nous allons donc ajouter cette notion dans nos prochaines communications.
Nous sommes également en train de travailler sur des messages concernant « les conduites à tenir » à destination des professionnels de santé, pour répondre à leurs questions : comment je me protège, comment je protège mes patients, comment orienter mes patients malades, etc… mais aussi à destination des patients, qui s’interrogent sur leurs symptômes : dois-je rester chez moi et prendre contact avec mon médecin, si mon état s’aggrave, qui dois-je appeler, etc… Ces messages viendront compléter les diffusions en affichages et audiovisuelles.
Un travail est aussi mené à destination des publics spécifiques, comme des publics non francophones qui ne comprendraient pas nos visuels ou simplement notre langue, mais aussi des publics atteints de handicap sensoriel ou autre. Les messages télévisuels sont accompagnés d’une traduction en langue des signes, mais nous souhaitons également décliner ces messages sur des téléphones spéciaux pour les déficients visuels. Une attention particulière est portée sur les publics les plus vulnérables (personnes dans la rue) en lien avec les associations qui en ont la charge.
Enfin, les équipes travaillent sur l’élaboration de conduite à tenir en fonction de différentes situations de vie, comme par exemple, les déplacements, le travail, les enfants, etc… avec plusieurs propositions, afin que chacun puisse s’adapter en fonction de sa propose situation et, que cela soit acceptable dans la durée. L’approche populationnelle est également très importante.
Chacun étant impacté dans sa vie quotidienne, tous les messages de prévention sont voués à s’adapter à l’évolution de l’épidémie.
Santé publique France a communiqué dès la fin février auprès de tous les professionnels de santé sur des supports digitaux : bannières sur les sites professionnels, newsletters des sociétés savantes et conseils de l’Ordre, etc... L’objectif était de renvoyer les professionnels vers le site du ministère des Solidarités et de la Santé qui centralise les informations à la fois sur le virus et sur les conduites à tenir.
En phase deux, quand le virus a commencé à se diffuser, il était nécessaire de promouvoir les mesures de prévention et répondre aux besoins d’information et de protection du grand public. C’est pourquoi nous avons élaboré un ensemble de supports d’information : affiches et vidéos et messages radios sur « les mesures barrières » : tousser et éternuer dans son coude, utiliser des mouchoirs à usage unique, porter un masque si l’on est malade, etc… Les espaces de diffusion audiovisuel ont été réquisitionnés auprès du CSA par le ministère. Spontanément, de nombreuses chaines audiovisuelles et opérateurs privées (RATP, SNCF, …) sont venus vers nous pour diffuser gratuitement ces messages.
Encore une fois, Santé publique France, le ministère ainsi que la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance Maladie), se sont coordonnés afin de diffuser tous ces documents à chacun de leur propre partenaire, dans le but de les relayer le plus largement possible.
En plus d’adapter les messages en fonction de l’évolution de l’épidémie, nous travaillons à ce que chacun des publics soit totalement informé.