La grippe porcine : la maladie
Une zoonose virale
Des cas sporadiques de transmission à l’Homme de virus influenza d’origine porcine se produisent régulièrement dans le monde. Depuis janvier 2021, plus d’une trentaine de cas d’infection humaine par des virus A(H1N1)v, A(H1N2)v et A(H3N2)v d’origine porcine ont été détectés en Amérique, en Asie et en Europe.
Les cas humains d’infection par des virus influenza porcins sont généralement bénins, mais des formes sévères ont été décrites, y compris chez des personnes sans facteurs de risque. Les cas humains sont principalement des cas primaires, survenant suite à une exposition à des porcs vivants ou à un environnement contaminé, notamment dans le cadre d’élevage de porcs, de soins vétérinaires ou de foires aux animaux vivants.
Plusieurs évènements de transmission interhumaine de virus influenza porcins ont été décrits ou suspectés, généralement entre un cas primaire et un membre de son entourage proche, mais il n’a plus été rapporté de chaînes de transmission soutenues (c’est-à-dire impliquant plusieurs générations d’infections successives chez l’Homme) depuis la pandémie de 2009. Néanmoins, les capacités élevées de mutation et de réassortiment des virus influenza n’excluent pas l’émergence d’un virus capable d’être transmis efficacement d’Homme à Homme, ce qui pourrait le cas échéant être à l’origine d’une épidémie voire d’une pandémie.
Santé publique France est en charge de la surveillance épidémiologique et de la validation du classement des cas possibles d’une infection humaine par un virus influenza d’origine animale en France.
Une maladie des porcs transmissible à l’Homme, et vice versa
Chez le porc
Les virus influenza porcins circulent naturellement chez les porcs domestiques ou d’élevage. Les sangliers sont également susceptibles à l’infection, sans jouer pour autant le rôle de réservoir naturel pour ces virus.
L’infection chez le porc est généralement symptomatique, avec des symptômes comparables à ceux de la grippe humaine, mais des formes pauci-symptomatiques et asymptomatiques peuvent se produire, ce qui rend les épisodes de grippe plus difficiles à détecter.
Trois sous-types de virus influenza de type A existent actuellement chez le porc au niveau international, y compris en France :
- les sous-types H1N1 et H3N2, qui diffèrent de ceux circulant chez l’Homme,
- le sous-type H1N2.
Des cas humains dus à ces trois sous-types sont sporadiquement détectés dans le monde. Les porcs sont également susceptibles aux virus grippaux humains de type A, notamment le virus A(H1N1)pdm09, qui est régulièrement détecté dans le cheptel porcin français, témoignant d’un passage de virus humains au porc.
Les virus influenza porcins sont excrétés en grande quantité dans les sécrétions respiratoires des porcs. On les retrouve ainsi dans l’environnement, sous forme d’aérosols ou de poussières contaminées.
Chez l’Homme
La transmission à l’Homme se fait vraisemblablement par contact lors de la manipulation d’animaux infectés (marquage, soins vétérinaires, etc.) ou par inhalation d’aérosols ou de poussières contaminés. L’exposition dans les élevages, en abattoir ou encore dans les foires d’exposition d’animaux vivants constitue le principal risque d’infection. Le risque de contamination de l’Homme par la consommation de tout produit alimentaire provenant de porcs est considéré comme nul ou négligeable.
L’exposition à un virus influenza zoonotique est définie comme tout contact sans mesures de protection (absence de port de protection respiratoire et port de tenue spécifique) avec :
- des oiseaux domestiques (dans un élevage ou une basse-cour, sur un marché où des volailles vivantes sont vendues, en expérimentation en laboratoire), vivants ou morts ;
- des oiseaux sauvages isolés, malades ou morts, dans une zone à risque particulier (ZRP) ou toute zone géographique où un virus IA a été identifié (cf. liste des zones à risque en annexe III de l’Arrêté du 16 mars 2016 relatif aux niveaux du risque épizootique en raison de l'infection de l'avifaune par un virus de l'influenza aviaire hautement pathogène et aux dispositifs associés de surveillance et de prévention chez les volailles et autres oiseaux captifs et plateforme ESA) ;
- des porcs ou sangliers (en élevage confiné ou non, ou domestiques, en abattoir, en foires ou salons d’exposition, en expérimentation), vivants ou morts ;
- des mammifères sauvages (terrestres ou marins) malades ou morts ;
- un environnement contaminé (air, litière, déjections...) ;
- un cas humain d’infection à virus influenza aviaire/porcin confirmé biologiquement (cf. définition d’une personne contact) ;
- des prélèvements ou des matériels biologiques contaminés par un virus influenza aviaire/porcin, en laboratoire de recherche ou de diagnostic par exemple.
Cas particulier : lors de situations d’aérosolisation importante (nettoyage sous pression, etc.), un risque résiduel ne peut être exclu chez les personnels malgré l’application des mesures de précaution.
Une prise en charge qui repose essentiellement sur la prévention
À ce jour, il n’y a pas de vaccin dirigé spécifiquement contre les virus influenza porcins disponible pour l’Homme.
Depuis le printemps 2022, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande la vaccination contre la grippe saisonnière des professionnels exposés aux virus influenza aviaires et porcins. Une telle vaccination ne permet pas de réduire l’infection par un virus influenza d’origine animale, car le vaccin contre la grippe saisonnière ne contient pas de souche virale aviaire ou porcine, mais vise à réduire le risque d’émergence d’un nouveau virus mieux adapté à l’Homme en cas de co-infection d’une personne par un virus aviaire et un virus humain (phénomène dit de « réassortiment »).
Des antiviraux tels que les inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir) sont prescrits en cas de forme grave nécessitant une hospitalisation, ou chez des personnes présentant des facteurs de risque de complications liées à la grippe. Le traitement par l’oseltamivir permet surtout de réduire la durée des symptômes et la charge virale du patient. Il est complété par un traitement symptomatique adapté à l’état clinique du patient.
Des mesures individuelles de protection sont recommandées pour les personnes exposées à des porcs, telles que les mesures d’hygiène habituelles (lavage régulier des mains, ne pas boire ou manger dans la zone d’élevage), ainsi que le port de vêtements de protection à usage unique, d’un masque de protection respiratoire (de niveau FFP2), de lunettes ou d’une visière de protection et de gants de protection étanche. Ces mesures sont détaillées en annexe 3 de l’avis du Haut Conseil de la Santé publique relatif à la prévention de la transmission à l’Homme des virus influenza porcins et aviaires du 10 décembre 2021.
En savoir plus :
- Site du ministère chargé de la Santé
- Site du ministère de l’Agriculture et de l'alimentation
- Dossier consacré à l'influenza porcin (Anses)
- Page dédiée à Résavip (plateforme d'épidémio-surveillance en santé animale (Anses)
- Site du Centre national de référence Virus des infections respiratoires (dont la grippe)