Cette étude estime le lien entre les passages aux urgences pour troubles de la santé mentale (TSM) et le contexte sanitaire associé à la pandémie de COVID-19 dans la région française de Nouvelle-Aquitaine. Cette étude rétrospective a été réalisée à partir des données des services d'urgences disponibles entre 2018 et 2021. Nous avons défini l'exposition principale selon cinq périodes : "Pré-pandémie (période de référence)", "Premier confinement", "Deuxième confinement", "Troisième confinement" et "Pandémie hors confinement". Nous avons établi les indicateurs quotidiens de passages aux urgences pour chaque TSM en fonction des diagnostics médicaux. Nous avons décrit et modélisé les séries chronologiques quotidiennes à l'aide de modèles additifs généralisés avec une régression de quasi-Poisson. L'analyse a porté sur 5 693 341 résumés de passages aux urgences, dont 4 % pour des TSM. Nous avons observé une baisse des passages aux urgences pour la plupart des indicateurs, en particulier durant le premier confinement. Les modèles ont révélé une augmentation relative statistiquement significative des passages aux urgences pour la quasi-totalité des TSM pendant le premier confinement, pour l'anxiété et les troubles psychiques de l'enfant pendant le deuxième confinement et uniquement pour les troubles psychiques de l'enfant pendant la période pandémique hors confinement. La crise sanitaire et les confinements associés à la pandémie de COVID-19 ont été d'importantes sources de stress qui pourraient expliquer en partie la détérioration des indicateurs de TSM, ce qui entraîne de nouvelles préoccupations en matière de santé publique (notamment chez les plus jeunes). La santé mentale est un déterminant majeur de la santé globale et devrait donc être prise en compte dans la gestion des crises qui pourraient nécessiter des réponses similaires à l'avenir.
Auteur : Rosely Maëva, Meurice Laure, Larrieu Sophie, Vilain Pascal, Chatignoux Edouard, Forgeot Cécile, Filleul Laurent
L'Encephale, 2024, p. Online ahead of print