L'îlot de chaleur urbain (ICU) conduit à une surexposition de la population à la chaleur en zone urbaine. Il résulte de la conjonction de situations météorologiques particulières et de certaines caractéristiques urbaines. Cette étude a exploré l'influence de certaines caractéristiques urbaines propice à la formation d'ICU sur la relation entre la température et la mortalité dans les communes d'Île-de-France. L'analyse a porté sur la mortalité totale, sur les étés (juin-septembre) 2000 à 2015. Les données journalières de décès dans chaque commune ont été modélisées par la température journalière moyenne en contrôlant sur l'indice de défaveur sociale, la part de personnes âgées, et quatre indicateurs urbains : la surface artificialisée non-végétalisée, le couvert non-arboré, le taux d'imperméabilisation et la part de la population vivant dans une zone avec un potentiel d'ICU nocturne moyen ou fort. À Paris et dans la petite couronne, seuls les indicateurs avec une notion explicite de végétalisation influencent le risque de décès associé à une température au percentile 95 de la distribution des températures. Au percentile 99, tous les indicateurs testés influencent le risque de décès, avec des risques relatifs (RR) de décès par rapport à une température médiane plus faibles dans les communes plus végétalisées, plus arborées, ou moins imperméabilisées. Par exemple, on retrouve un RR de 2,17 [1,98 ; 2,38] lorsque la commune présente 60% de couvert non-arboré, et de 2,53 [2,44 ; 2,62] lorsque la commune présente 93% de couvert non-arboré. Dans la grande couronne, l'indicateur de surface non-arborée n'influence pas le risque de décès liés aux fortes chaleurs. On observe par contre des RR plus faibles dans les communes plus végétalisées et moins artificialisées. Les résultats mettent en évidence que des caractéristiques urbaines contribuant à l'ICU urbain sont associées à un risque plus élevé de décès lié à la chaleur. Des interventions sur ces caractéristiques, en particulier sur la végétalisation et l'imperméabilisation des sols, pourraient donc permettre de réduire les impacts sanitaires des fortes chaleurs. Elles doivent être couplées à d'autres mesures de prévention des effets de la chaleur.
Auteur : Pascal Mathilde, Goria Sarah, Wagner Vérène, Guillet Agnès, Sabastia Marine, Cordeau Erwan, Mauclair Cécile, Host Sabine
Année de publication
: 2020
Pages : 62 p.
Collection : Études et enquêtes