L'alcool est la substance psychoactive la plus consommée en France, même si sa consommation diminue depuis 40 ans. Avec 13 millions de consommateurs réguliers, la France est en 2003 le sixième pays le plus consommateur d'alcool selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), majoritairement sous forme de vin (60 %). En plus de la dépendance qu'il peut engendrer, l'alcool peut être responsable de manifestations morbides aigues (troubles du comportement à l'origine de prise de risques et d'accidents) ou chroniques (cirrhose, atteintes neurologiques, cancers des voies aérodigestives supérieures). L'impact d'une consommation d'alcool sur la mortalité est difficile à mesurer car il peut intervenir directement sur la mortalité ou indirectement en tant que facteur aggravant de nombreuses pathologies. Ainsi l'Inserm, en se fondant sur trois catégories de décès directement imputables à l'alcool (cirrhose, cancers des voies aéro digestives supérieures et psychose alcoolique) a recensé 22 200 décès en 2002 alors qu'en considérant l'ensemble des décès où l'alcool pourrait intervenir comme " cause associée ", 45 000 décès avaient été comptabilisés en 1995. La réactualisation de ces données de mortalité semble nécessaire, dans un contexte où la lutte contre une consommation excessive d'alcool est un objectif des politiques de santé publique actuelles. Les mesures qui seront envisagées devront aussi prendre en compte les représentations positives liées à l'alcool en France, encore souvent considéré davantage comme un produit de consommation que comme un psychotrope. (R.A.)
Auteur : Canarelli T, Cadet Tairou A, Palle C
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2006, n°. 34-35, p. 252-5