L'incidence des maladies infectieuses est en nette augmentation ces dernières décennies. Les facteurs évoqués sont généralement ceux associés aux changements globaux en cours dont le changement climatique, l'érosion de la biodiversité et l'augmentation des échanges internationaux. Dans cette étude, nous analysons les facteurs potentiellement explicatifs des épidémies (au sens de l'OMS) de maladies infectieuses humaines à l'échelle européenne. Pour cela, une base de données incluant des variables socioéconomiques, environnementales et de biodiversité pour chacun des pays, ainsi que les principales maladies infectieuses humaines qui y sont rapportées, est constituée. Sur la période 1950 à 2010, on compte 114 maladies infectieuses épidémiques réparties dans 36 pays. Ces données confirment l'augmentation quasi-exponentielle du nombre de maladies infectieuses épidémiques au cours des dernières décennies. Le nombre total de maladies répertoriées dans les pays européens apparait corrélé à la surface géographique du pays et à sa biodiversité (richesse en espèces d'oiseaux et mammifères). Cela reste vrai pour le nombre total de maladies épidémiques, qui se trouve en outre dépendre de la taille de la population, de la variabilité de la température et de la richesse économique (PIB) du pays considéré. L'effet de l'Oscillation Nord-Atlantique (NOA, North Atlantic Oscillation) comme indice de la variabilité climatique en Europe est testé pour 13 maladies infectieuses analysables sur les soixante dernières années. Onze maladies infectieuses présentent des occurrences associées aux variations mensuelles de l'indice NOA comme les fièvres hémorragiques à hantavirus, la tularémie, les fièvres Q, la trichinose ou les maladies infectieuses gastro-intestinales à bactéries ou à virus. Cette étude souligne l'intérêt potentiel du suivi des changements de biodiversité ou de la variabilité climatique pour les systèmes d'alerte précoce en épidémio-surveillance. (R.A.)
Auteur : Morand S, Waret Szkuta A
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2012, n°. 12-13, p. 156-159