En dépit des actions mises en place, chaque canicule entraîne un excès de mortalité et de morbidité. Une étude quantitative en population générale, réalisée en 2015, avait mis en évidence un défaut de perception du risque pour soi, une connaissance parcellaire des gestes à adopter, des signes d'alerte et une méconnaissance des groupes à risque, malgré le sentiment d'un bon niveau d'information. Cette nouvelle étude vise à explorer les motivations à l'adoption ou non de comportements adaptés en période de canicule. Une étude qualitative a été mise en place auprès de 74 personnes âgées de 18 à 64 ans, résidant dans un département en vigilance canicule orange ou rouge en 2019. Les entretiens par focus group étaient destinés à appréhender les représentations collectives de la canicule ; les entretiens individuels ont abordé les dimensions personnelles (perceptions, difficultés) impactant le vécu de ces épisodes. Les participants ont déclaré bien connaître les gestes protecteurs, mais moins bien les signes d'alerte et les groupes à risque. L'observance des gestes protecteurs a été conditionnée par la perception du risque pour soi. Des obstacles objectifs comme les conditions de travail ou la méconnaissance de dispositifs existants (cartographie de lieux frais, des points d'eau potable...) ont été identifiés. L'absence de perception du risque pour soi est en partie associée à la croyance que le risque sanitaire lors d'une canicule est lié à un état (âge, pathologie), et non à une surexposition à la chaleur. Les obstacles à l'adoption de certains gestes protecteurs ont mis en exergue la nécessité de renforcer la communication sur les mesures déjà existantes et d'étudier la faisabilité d'adapter les conditions de travail par voie réglementaire.
Auteur : Verrier Agnès, Rey Joséphine, Salvaing Laure, Gorza Maud, Bonmarin Isabelle
Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2022, n°. 6, p. 116-121