Points clés
- L’été 2020 a été marqué par 3 vagues de chaleur dont une particulièrement sévère dans le Nord de la France. Les départements impactés par au moins une vague de chaleur rassemblent plus de 50 millions de résidents, soit 77 % de la population métropolitaine.
- Ces 3 vagues de chaleur ont eu des impacts sanitaires notables sur l’ensemble de la population exposée, qu’il s’agisse des plus âgés comme des plus jeunes :
- 1 924 décès en excès (+ 18 %) ont été observés lors des périodes de dépassement des seuils d’alerte dans les départements concernés. Si la classe d’âge des plus de 75 ans est la plus touchée (1377 décès en excès), une augmentation de la mortalité relative a été observée dès 45 ans lors de la 2e vague (+ 18 % ; 202 décès en excès pour les 45-64 ans).
- 1 029 décès en excès ont été observés dans les 15 départements placés en vigilance rouge pendant 5 jours. La surmortalité relative observée dans ces départements est environ 5 fois plus élevée que la moyenne observée dans les autres départements touchés.
- Les recours aux soins ont été observés durant tout l’été pour l’indicateur sanitaire suivi dans le cadre du PNC (iCanicule, regroupant hyperthermies, déshydratations et hyponatrémies). Les trois vagues de chaleur concentrent 15 % des passages aux urgences pour un motif inclus l’indicateur iCanicule (> 2 000 passages) et 21 % des consultations SOS médecin (> 650 consultations) de l’été. Les hyperthermies ont particulièrement augmenté durant les vagues de chaleur, touchant l’ensemble des classes d’âge.
- 12 accidents du travail mortels en lien possible avec la chaleur ont été notifiés par l’Inspection Médicale du Travail, dont 5 survenus durant les vagues de chaleur.
- Ces résultats montrent l’importance d’anticiper l’impact de la chaleur en amont des périodes de canicule et confortent ainsi la nécessité d’une prévention adaptée à l’ensemble de la population, notamment lors de vigilances rouge canicule.
- Sur les mêmes périodes et zones que les 3 vagues de chaleur, une centaine de décès liés à l’épidémie de Covid-19 ont été enregistrés, très majoritairement pour des personnes âgées de 70 ans et plus. Ainsi, la mortalité liée à l’épidémie de Covid-19 ne peut expliquer à elle seule la surmortalité observée dans les zones impactées par les vagues de chaleur, même si l’épidémie de Covid-19 a pu accroître la vulnérabilité de certaines populations à la chaleur.
- L’été 2020 s’inscrit dans la continuité des 6 dernières années, au cours desquelles une intensification de l’exposition aux vagues de chaleur a été observée, se traduisant par une augmentation des impacts sanitaires associés. L’été 2020 est celui qui présente l’impact sanitaire le plus important depuis la mise en place du plan national canicule en 2004, juste devant les étés 2015, 2018 et 2019.
- Une évaluation de la mise en œuvre du plan national canicule et plus particulièrement des mesures de gestion mises en œuvre pendant l’été 2020 au cours des vigilances rouge et orange permettraient, en complément de l’analyse d’autres facteurs tels que la perception et la prévention du risque canicule dans un contexte épidémique lié à la Covid-19, les inégalités sociales de santé ou la période de survenue et les caractéristiques des vagues de chaleur, d’apporter les éléments de compréhension indispensables pour mieux interpréter les impacts sanitaires observés.