Les vagues de chaleur sont l'exemple le plus emblématique des influences du changement climatique sur la santé. En France, le plan national canicule (PNC) cible particulièrement celles susceptibles de constituer un risque pour l'ensemble de la population exposée, dénommées canicules. Cette étude décrit les évolutions de l'exposition de la population aux canicules et de la surmortalité associée dans les départements métropolitains depuis 1970. Les périodes d'intérêts ont été identifiées en adaptant l'approche du système d'alerte canicule et santé. La surmortalité est estimée par comparaison aux années précédentes. Une régression de Poisson entre les taux de mortalité et l'intensité des canicules a recherché une éventuelle modification de la réponse avec la mise en place du PNC en 2004. 1 118 canicules sont identifiées entre 1970 et 2016. Les canicules les plus intenses et les plus longues sont concentrées en 1976, 1983, 2003 et 2015. La population exposée à au moins une canicule par an a doublé entre 1974-1983 et 2004-2013. Près de 32 000 décès en excès sont observés sur l'ensemble des 921 canicules identifiées entre 1974 et 2013. Pendant ces événements, une augmentation d'une unité de l'intensité est associé à un risque relatif (RR) de décès de 1,17 [1,16 ; 1,18] avant 2003 et un RR de 1,17 [1,10 ; 1,21] après 2003. Cette étude illustre que des modifications de la fréquence et de l'étendue géographique et calendaire des canicules sont déjà observées en France, se traduisant par une augmentation de l'exposition de la population. L'absence de modification de la relation entre intensité et mortalité après la mise en place du PNC souligne qu'un impact très important demeure possible en particulier si des intensités similaires ou supérieures à celle de 2003, qui demeure exceptionnelle à ce jour, devaient s'observer.
Auteur : Pascal Mathilde, Wagner Vérène, Corso Magali, Laaidi Karine, Le Tertre Alain
Année de publication
: 2019
Pages : 69 p.