Introduction : le Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (Fiva) a été mis en place en 2002 pour compléter le système des maladies professionnelles et permettre à l'ensemble des victimes de l'amiante, y compris les artisans ne bénéficiant pas de reconnaissance en maladie professionnelle, de pouvoir obtenir une indemnisation. Objectifs : l'objectif de l'étude était, à partir de la cohorte ESPrI (Épidémiologie et surveillance des professions indépendantes), de décrire le nombre et le profil des artisans retraités ayant déposé un dossier au Fiva et d'analyser les facteurs associés à ce recours. Méthode : les données issues des bases du Fiva relatives aux 7 521 artisans retraités de la cohorte ESPrI ont été extraites par appariement individuel. Les facteurs sociodémographiques, de carrière et d'exposition à l'amiante ont été étudiés. L'analyse de la relation entre ces facteurs et le recours au Fiva a été réalisée par régression logistique chez les retraités atteints d'une pathologie en lien possible avec l'amiante. Résultats : seuls 12% des artisans retraités atteints d'une pathologie en lien possible avec l'amiante ont eu recours au Fiva entre 2002 et 2016. L'âge du retraité, la profession, le secteur d'activité occupé le plus longtemps et la région n'étaient pas liés au recours. En revanche, après ajustement sur l'âge, le sexe, le secteur et la profession, avoir le sentiment d'avoir été régulièrement exposé à l'amiante augmentait la probabilité de recours, et le fait d'avoir vu un spécialiste lors de la première consultation (versus un généraliste) favorisait le recours au Fiva. Conclusion : ces résultats soulignent un recours insuffisant à une demande d'indemnisation de la part des artisans retraités atteints de pathologie en lien possible avec l'amiante. Ils confirment la nécessité d'en connaître les raisons (méconnaissance ou choix délibéré) et d'identifier les leviers potentiels pour y remédier.
Auteur : Goulard Hélène, Homère Julie, Vidou Fabienne, Bonmarin Isabelle
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 2018, n°. 28, p. 575-580