Santé publique France envisage d'élargir la surveillance menée sur les indicateurs sanitaires en lien avec les perturbateurs endocriniens (PE) au-delà de la surveillance déjà menée depuis 2015 sur la santé reproductive. Ces travaux s'inscrivent dorénavant dans le cadre de la Stratégie Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens n° 2, du Plan National Santé Environnement n° 4 et des recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé, ainsi que dans un contexte d'attentes de plus en plus importantes des pouvoirs publics et de la société civile vis-à-vis de l'agence sur le sujet des PE. C'est pourquoi Santé publique France a engagé un travail de priorisation des effets sanitaires liés aux PE afin d'identifier les évènements de santé à intégrer dans la stratégie de surveillance de l'agence. Les effets sanitaires ont été priorisés selon deux critères : (1) le poids des preuves et (2) l'intérêt épidémiologique et sociétal de mise en place d'une surveillance de l'effet sanitaire. En l'absence de méthode communément admise pour évaluer le poids des preuves concernant l'association entre l'exposition aux PE et la survenue d'un effet sanitaire, une méthode de priorisation a été mise au point, combinant les données de la littérature disponibles et les résultats d'une consultation d'un large panel d'experts internationaux et de parties prenantes françaises impliqués dans le champ des PE. Lors de cette consultation externe, le consensus a été recherché selon une méthode Delphi. Ce travail s'inscrit donc dans une approche épidémiologique et populationnelle. Il s'agit de suivre l'évolution d'un indicateur sanitaire en population générale pour son lien suspecté avec une exposition aux PE, mais pas de caractériser l'effet d'un produit (ou d'un groupe de produits) PE sur la santé. La méthodologie proposée visait à rechercher le meilleur compromis entre la robustesse scientifique, l'opérationnalité et la clarté pour tous. Ce rapport présente les résultats de la priorisation des indicateurs sanitaires dans le contexte d'une exposition aux PE. 59 pathologies ou effets sur la santé suspectés d'être en lien avec une exposition aux PE ont été soumis à cette priorisation. 21 d'entre eux ont été évalués comme prioritaires à surveiller pour leur lien avec les PE. Parmi eux, des troubles de la santé reproductive qui étaient déjà surveillés par l'agence (cryptorchidie, puberté précoce, cancer du testicule, altération de la qualité du sperme, endométriose, etc.), mais également des effets non encore surveillés pour leur lien avec les PE (infertilité, cancer des ovaires, cancer de l'endomètre…), des troubles métaboliques (surpoids et obésité, maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, syndrome métabolique) ou encore des troubles du neurodéveloppement de l'enfant (troubles du comportement, déficit intellectuel, troubles du déficit de l'attention). Santé publique France analysera pour un prochain rapport la faisabilité de mettre en place une surveillance des effets ressortis prioritaires. L'analyse consistera à déterminer si des indicateurs fiables et adaptés à la thématique des PE existent déjà ou peuvent être suivis dans le temps et dans l'espace selon une logique de surveillance intégrée.
Auteur : Peyronnet Alexia, Naud Jérôme, Caudeville Julien
Année de publication
: 2023
Pages : 74 p.
Collection : Études et enquêtes