Les retardateurs de flamme bromés (RFB) sont utilisés dans de nombreux objets de la vie courante même s'ils ont été largement réglementés depuis le début des années 2000. Leur caractère semi-volatil favorise leur émission dans l'air et leur transport sur de grandes distances. Ces polluants organiques persistants ont ainsi progressivement contaminé l'environnement et se retrouvent dans la chaîne alimentaire. Peu d'études épidémiologiques ayant permis d'estimer l'impact sanitaire d'une exposition aux RFB ont été menées. Quelques-unes existent toutefois, sur le diabète, le développement neuro-comportemental, la reproduction, l'altération de la fonction thyroïdienne et le cancer. En France, les données concernant les RFB en population générale, font défaut. En 2011, au sein de la cohorte Elfe (Etude Longitudinale Française depuis l'Enfance), le volet périnatal du programme national de biosurveillance a permis de fournir des premiers indicateurs de l'imprégnation des femmes enceintes par les RFB. Depuis, l'étude transversale Esteban (Etude de Santé sur l'Environnement, la Biosurveillance, l'Activité physique et la Nutrition) a permis de mesurer pour la première fois les niveaux d'imprégnation par les RFB de la population française continentale à partir d'un sous-échantillon de 742 adultes de 18 à 74 ans et 243 enfants de 6 à 17 ans, inclus dans l'étude entre avril 2014 et mars 2016. Les taux de quantification des RFB mesurés étaient variables selon les congénères. La majorité était peu ou pas quantifiée. Concernant les congénères des PBDE les plus quantifiés : en France comme en Europe, ce sont par ordre d'importance : le BDE 153 en raison de sa demi-vie longue puis le BDE 47, le BDE 100 ou le BDE 99. Concernant la recherche de déterminants, celle-ci n'a pu être effectuée que chez les adultes en raison du faible effectif de l'échantillon des enfants. Le choix a été fait de construire un modèle pour les PBDE à partir des 4 congénères les plus quantifiés. Finalement, comme retrouvé dans la littérature, le temps passé en voiture a été retrouvé comme un déterminant des niveaux d'imprégnation en PBDE. L'aération a également été retrouvé comme un déterminant influençant les concentrations en RFB que ce soit la fréquence d'aération ou la présence d'une VMC. Enfin, peu de déterminants alimentaires semblent avoir une influence sur les concentrations en RFB dans l'étude Esteban : seule la consommation de fromages a été retrouvée comme influençant les niveaux de deca-BDE 209. Il semblerait que les concentrations en RFB dans la population française soient similaires à celles retrouvées dans les autres pays européens mais soient moins élevées que celles mesurées dans les pays nord-américains sauf pour le BDE 209.
Auteur : Fillol Clémence, Balicco Alexis, Bidondo Marie-Laure, Daoudi Jamel, Gane Jessica, Oleko Amivi, Saoudi Abdessattar, Zeghnoun Abdelkrim
Année de publication
: 2019
Pages : 62 p.
Collection : Santé environnement