Les pesticides sériques analysés dans ce rapport sont issus de la priorisation débutée pour l'élaboration du programme national de biosurveillance. Le laboratoire d'étude et de recherche en environnement et santé (Leres) et Santé publique France ont signé un contrat de recherche et développement pour le développement analytique et le dosage de ces substances. Peu de données d'exposition sont disponibles dans la littérature scientifique sur les pesticides que l'on souhaitait mesurer : amitraze, fipronil, méthomyl, bromoxynil et carbendazime. Une fois les développements analytiques réalisés par le Leres, une première série d'analyses a permis de consolider la liste des métabolites et substances dont les résultats pourraient être interprétés : il s'agissait du 5 HBC (métabolite du carbendazime et du bénomyl), du méthomyl, du bromoxynil, du fipronil et de ses deux métabolites : fipronil-désulfinyl et fipronil-sulfone. En France, il n'existe pas de données portant sur les niveaux d'imprégnation en population générale par ces pesticides. L'étude Esteban a permis pour la première fois de décrire la distribution des niveaux de ces pesticides sériques ou de leurs métabolites chez les adultes âgés de 18 à 74 ans vivant en France métropolitaine, à partir d'un échantillon de 1 000 adultes. L'échantillon d'enfants de l'étude Esteban n'a pas pu bénéficier de ce dosage en raison d'une insuffisance de matrice sérique nécessaire dans cet échantillon. Parmi les pesticides ou leurs métabolites sériques analysés dans ce rapport, seul le bromoxynil était quantifié chez tous les adultes qui disposaient d'un volume de sérum suffisant pour ce dosage. L'un des deux métabolites du fipronil, le fipronil-sulfone, était également quantifié dans plus de la moitié de la population. Les autres pesticides ou métabolites étaient peu ou pas quantifiés mais n'étaient plus autorisés (pour un usage phytopharmaceutique) en France entre 2014 et 2016, période d'enquête Esteban. À cette date, par rapport à la réglementation, seuls le bromoxynil et le fipronil étaient encore autorisés pour cet usage. Les déterminants de l'exposition n'ont pu être recherchés que pour le bromoxynil, seule substance quantifiée à plus de 60% dans l'échantillon. Cette recherche a permis de mettre en évidence des associations entre l'imprégnation et l'environnement résidentiel, la saison de prélèvement sanguin et la consommation des légumes de son potager (appelée par la suite autoconsommation de légumes). La répétition du dosage du fipronil et de ses métabolites ainsi que du bromoxynil dans de prochaines études de biosurveillance pourrait permettre d'observer si l'interdiction de ces substances en usage phytopharmaceutique a eu une incidence sur l'évolution des niveaux mesurés dans la population des adultes âgés de 18 à 74 ans et vivant en France métropolitaine.
Auteur : Chaperon Laura, Fillol Clémence, Oleko Amivi, Pécheux Marie, Saoudi Abdessattar, Zeghnoun Abdelkrim
Année de publication
: 2022
Pages : 26 p.
Collection : Études et enquêtes