Les herbicides sont des substances phytopharmaceutiques utilisées pour lutter contre les adventices (mauvaises herbes). Ils sont utilisés en agriculture et étaient utilisables par les particuliers jusqu'au 1er janvier 2019. Ils sont largement présents dans notre environnement quotidien. En France, après la cohorte mère-enfants Pélagie qui avait fourni les premières valeurs d'exposition en Bretagne et le volet périnatal du programme national de biosurveillance, l'étude transversale Esteban (Étude de santé sur l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition) a permis de mesurer pour la première fois les niveaux d'imprégnation par les herbicides de la population française continentale (adultes et enfants). Ces analyses ont été réalisées à partir d'un sous-échantillon de 891 adultes et 498 enfants, inclus dans l'étude entre avril 2014 et mars 2016. Seuls deux herbicides étaient véritablement quantifiés chez les participants d'Esteban à savoir le 2,4-D et la glyphosate. L'AMPA était le seul métabolite d'herbicides quantifié et ce chez plus de 70 % des adultes et des enfants. Les niveaux retrouvés en AMPA chez les enfants âgés de 6 à 17 ans sont légèrement plus élevés que ceux mesurés chez les adultes. Les niveaux d'imprégnation retrouvés dans Esteban étaient plus faibles que ceux retrouvés dans les études nord-américaines en ce qui concerne l'exposition au 2,4-D. Une explication à ce constat pourrait être une plus forte utilisation aux États-Unis et au Canada des herbicides. Ces deux pays étant respectivement le deuxième et le cinquième pays utilisateurs d'herbicides dans le monde alors que la France se place à la neuvième position mondiale. En ce qui concerne les résultats du glyphosate et de l'AMPA, les concentrations urinaires observées dans Esteban semblaient similaires à celles observées dans les études européennes. L'imprégnation par l'AMPA augmentait avec l'utilisation d'une chaudière individuelle comme mode de chauffage principal, la consommation de viande et la consommation de vin. En ce qui concerne les enfants, leur imprégnation était plus importante au printemps qu'en automne ou en hiver. Enfin, les niveaux des herbicides mesurés dans les urines ne peuvent être confrontés à des valeurs toxicologiques de référence et ne sont donc pas prédictives d'un risque sanitaire associé. Par ailleurs, dans l'état actuel des connaissances, il existe peu de données sur les effets sanitaires des herbicides à des niveaux faibles d'exposition et pas de valeur seuil sanitaire construite par les agences chargées de l'élaboration de tels seuils.
Auteur : Pécheux Marie, Fillol Clémence, Gane Jessica, Oleko Amivi, Saoudi Abdessattar, Zeghnoun Abdelkrim
Année de publication
: 2021
Pages : 57 p.
Collection : Études et enquêtes