Les pyréthrinoïdes sont des analogues synthétiques des pyréthrines, substances chimiques naturelles présentes dans certaines espèces de chrysanthème. Ils ont été introduits sur le marché à partir du milieu des années 1970. Ils sont aujourd'hui la famille d'insecticides la plus utilisée, tant pour le traitement des cultures que pour les applications domestiques en raison de leur toxicité moindre chez l'homme et l'animal par rapport à d'autres classes d'insecticides (organochlorés ou organophosphorés). Ils sont utilisés en milieu agricole, pour la protection du bois, comme insecticides domestiques et comme antiparasitaire humain. Ce sont des insecticides à spectre très large, utilisés contre une très grande variété de nuisibles : insectes volants, rampants, puces, tiques, poux, gale, pucerons, cochenille, mouches des fruits et légumes, vers et insectes xylophages. Des effets perturbateurs endocriniens de plusieurs pyréthrinoïdes ont été rapportés mais aucun des pyréthrinoïdes n'est classé pour sa cancérogénicité ou son caractère perturbateur endocrinien dans l'Union européenne. En France, il existe peu d'études permettant de disposer des données portant sur les niveaux d'imprégnation en population générale par les pyréthrinoïdes. Chez les enfants, l'étude Pélagie avait permis de donner des niveaux d'exposition de pyréthrinoïdes en Bretagne. L'étude ENNS conduite en 2006-2007 avait permis de disposer de premières données sur un échantillon de la population générale adulte vivant en France continentale. Une décennie après l'étude ENNS, l'étude transversale Esteban (Étude de santé sur l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition) a permis de mesurer les niveaux d'imprégnation par 5 métabolites des pyréthrinoïdes dans la population française continentale âgée de 6 à 74 ans sur un échantillon de 900 adultes et 499 enfants, inclus dans l'étude entre avril 2014 et mars 2016. Dans Esteban, les concentrations en pyréthrinoïdes chez les enfants étaient plus élevées que celles mesurées chez les adultes. Tous les métabolites hormis le F-PBA étaient quantifiés à 99% ou plus dans la population des adultes ou dans celle des enfants. L'étude Esteban a permis de montrer que les niveaux d'imprégnation par 4 métabolites avaient diminué ou étaient restés stables plus de sept ans après l'étude ENNS en France et que la population française n'avait pas une imprégnation différente de celle mesurée à l'étranger en 2014-2016 excepté pour le Br2CA, métabolite de la deltaméthrine pour lequel les niveaux ont augmenté depuis l'étude ENNS. Les principaux déterminants des niveaux d'imprégnation par les pyréthrinoïdes retrouvés étaient l'utilisation d'antiparasitaires chez les animaux domestiques et plus largement l'utilisation d'insecticides au domicile des participants adultes et enfants. La consommation de produits animaux provenant du jardin ainsi que la consommation de viandes bovines étaient également associées à l'imprégnation par les pyréthrinoïdes chez les adultes. Étant donné que les niveaux d'exposition par les pyréthrinoïdes en France restent élevés, il serait important de poursuivre le suivi des tendances temporelles de l'imprégnation dans la population générale par les pyréthrinoïdes ainsi que l'identification de sources principales d'exposition afin de renforcer les mesures visant à réduire les expositions.
Auteur : Chaperon Laura, Fillol Clémence, Gane Jessica, Oleko Amivi, Rambaud Loïc, Saoudi Abdessattar, Zeghnoun Abdelkrim
Année de publication
: 2021
Pages : 62 p.
Collection : Études et enquêtes